L’État promet d’accorder des aides budgétaires considérables pour aider les industriels à vendre leurs produits, dont l’usage permettrait d’en finir avec les passoires thermiques. Mais que sait-on précisément de l’efficacité à long terme de ces articles de catalogue et de leur bilan thermique, sachant qu’ils sont la plupart du temps importés d’Asie, fabriqués à partir de dérivés du pétrole et souvent mal mis en œuvre ? On devine surtout que, dans vingt ans, il faudra démonter, jeter puis refaire ces panoplies laborieusement appliquées avec leurs couvre-joints branlants et leurs volets roulants en plastique. Les affaires pourront reprendre.
Lorsqu’il s’agit d’aborder la question climatique liée au bâtiment, que ce soit à droite comme à gauche, chez les écolos comme chez les marcheurs, les discours se réduisent toujours à fixer des objectifs en termes de performance et donc de norme, chacun les fixant plus ou moins haut suivant sa famille politique. Jamais n’est même évoquée l’idée que l’architecture, par ses qualités propres, pourrait répondre durablement aux défis environnementaux… Pourquoi ? Parce que l’architecture est toujours réduite – et souvent par les architectes eux-mêmes – à sa dimension esthétique au détriment d’autres de ses vertus essentielles : d’abord, son ingénierie spatiale, fruit du travail commun entre ingénieurs et architectes, lui permettant par des dispositifs volumétriques et par le choix des matériaux (leur effusivité, leur radiance, leur inertie…) de réguler thermiquement une habitation de manière passive ; ensuite, sa capacité à donner une réponse précisément adaptée à chaque lieu, c’est-à -dire déterminée en fonction du paysage, du climat, de l’existant et des matériaux et savoir-faire locaux – comme peut l’être le pisé, auquel nous consacrons ce mois-ci un long dossier. On l’aura compris, ces deux qualités sont difficilement quantifiables et encore moins normalisables. Quel gouvernement aurait le courage de faire des promesses pour le climat en prenant des mesures dont quasiment personne ne sera capable d’estimer l’impact ?
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