Centre communal en Chine, Mu Jun |
Dossier réalisé par Dominique GAÜZIN-MULLER Cet ensemble communautaire, principalement constitué de ressources trouvées sur place, se tient paisiblement au cœur du village de Macha, comme s’il sortait de terre. S’il offre aux habitants de multiples services (maison de santé, bibliothèque, garderie, épicerie, etc.), c’est aussi un centre de formation à la construction en terre crue, soutenu par le ministère chinois du Logement et du Développement urbain et rural (MOHURD).
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Le pisé, une des plus anciennes techniques de construction chinoises, a été largement mis en œuvre dans tout le pays au cours des derniers millénaires. Plus de 60 millions de personnes vivent encore dans des habitations traditionnelles en terre battue. La plupart sont situées dans des régions rurales défavorisées, comme le plateau de Lœss, où se trouve le village de Macha. La terre est ici la seule ressource matérielle abondante. Elle est utilisée pour la construction de presque tous les bâtiments, mais les habitants la considèrent comme un « matériau de pauvre ». Améliorer cette image est un des objectifs de ce projet, initié par la Fondation Wu Zhi Qiao (Bridge to China) sous la direction de l’architecte chinois Mu Jun, spécialiste du pisé et professeur à l’université de Pékin.
Du soleil, de l’air et de la lumière
Le programme a été établi avec les villageois : centre de médecine chinoise, bibliothèque, garderie, épicerie avec cybercafé, salle multifonctionnelle. Le projet autorise cependant une flexibilité raisonnable pour répondre à l’évolution des besoins. Selon le concept traditionnel local, les différents services sont organisés en plusieurs blocs fonctionnels autour d’une cour. Chaque bâtiment bénéficie ainsi d’une exposition maximale à la lumière du jour, d’une ventilation traversante en été, d’une protection contre le vent froid en hiver et d’une large vue vers l’est, sur la vallée. Les espaces extérieurs et intérieurs sont implantés sur trois niveaux de terrasses en suivant la pente qui fait face au vaste paysage.
Des matériaux disponibles à proximité
Le ciment et l’acier ont été réservés aux fondations et à quelques poteaux et poutres structurellement nécessaires. Comme le bois des portes et fenêtres, ils ont été achetés à 28 km de Macha. La terre pour le pisé provient du site du chantier. La pierre et le sable ont été achetés dans une petite sablière à 5 km de là . La formulation du mélange a été définie par les résultats des tests effectués sur place : terre 50 %, sable 20 % et gravier 30 %, sans aucun additif. Les murs en pisé traditionnels de la région ont une épaisseur de 35 à 50 cm, ceux du centre de 40 cm. Les petits poteaux en béton armé disposés dans les angles des murs de terre ne sont pas destinés à supporter des charges, mais à la protection contre les séismes.
Le langage naturel de la terre crue
Le pisé apporte une masse thermique qui équilibre efficacement la température et l’humidité intérieures. Selon le professeur Mu Jun, « grâce à ses performances d’étanchéité, il n’est pas nécessaire de procéder à un enduit à la surface du mur en terre. La texture particulière du pisé peut ainsi être ressentie, touchée, et exprimer son langage naturel. Pour le centre, dont la structure est complexe, le coût de la terre battue et d’une solution en béton est à peu près identique, à cause de la faible efficacité du travail des artisans. Mais le pisé est moins cher pour la construction de leurs propres maisons ».
Réduire l’exode rural
Le centre communal de Macha a été réalisé, de 2014 à 2016, au cours de deux ateliers d’été auxquels ont participé 30 villageois et une centaine de jeunes bénévoles. La construction a permis de former plus de 300 artisans de la région et des étudiants d’universités de Chine continentale, de Hong Kong et d’ailleurs. Outre le pisé, plusieurs techniques traditionnelles locales ont été améliorées pour servir de « démonstrateur » aux artisans et aux professionnels : les menuiseries, la toiture, la collecte des eaux de pluie, etc.
L’équipe de Bridge to China mène aussi un programme visant une meilleure valorisation des ressources locales à travers des formations en agriculture, artisanat, éducation, etc. L’objectif est de favoriser un développement économique responsable dans les zones pauvres de la Chine, et de réduire ainsi l’exode rural.
[ Maîtres d’ouvrage : Fondation Wu Zhi Qiao (Bridge to China) et comité des villageois de Macha – Maîtres d’œuvre : Onearth architecture / Mu Jun – Surface : 648 m2 – Calendrier : réalisation, 2016 ]
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