D’a : Face aux exigences des rendus, l’esquisse issue de la loi MOP a-t-elle encore un sens dans les appels d’offres ?
Corinne Vezzoni : Face à une somme de dessins où le niveau de détails devient très important, on oublie en effet le terme d’« esquisse », pourtant porteuse de l’essence même du projet. Dans certains jurys, les maîtres d’ouvrage regardent ces détails techniques comme s’il s’agissait de dessins d’exécution…
Reza Azard (Projectiles) : La notion d’esquisse fait de plus en plus place à un rendu type APS, voire plus.
Bruno Gaudin : Un rendu à l’échelle 200e est souvent requis, ce qui est celle d’un APS. Mais les maîtres d’ouvrage peinent à comprendre que, pour être fiable, ce type de rendu nécessite des études avancées dont la temporalité n’est pas celle du concours.
Patrick Mauger : Quand l’esquisse prévaut encore, ce qui est rare, c’est un vrai bonheur pour se concentrer sur l’essentiel, le parti architectural. Ce sont souvent les concours où le maître d’ouvrage est éclairé ou bien conseillé.
Marc Barani : Ce n’est plus une esquisse mais une chose qui hybride plusieurs stades de conception et qui tente d’apporter des réponses prématurément précises à des problèmes souvent mal posés. Il faut savoir s’extraire de l’amoncellement des contraintes pour trier celles qui feront projet.
Coralie Bouscal et Vanessa Larrère (OECO) : Sur les concours auxquels nous participons – enseignement, culturel, médiathèque, programmes mixtes –, les dessins requis correspondent bien à la présentation d’une esquisse, mais de plus en plus de notes techniques, inadéquates en regard du niveau de définition du projet, peuvent être demandées. Quel est par exemple le sens d’une note sur le coût global quand un projet de concours n’est qu’esquissé ?
Anne-Charlotte Zanassi (Philéas) : Point clé des procédures MOP, l’esquisse permet de choisir un projet, en réalité sur APS le plus souvent, et de le faire évoluer ensuite de façon itérative. C’est un processus de choix vertueux.
D’a : Imposer des rendus très conséquents (dessins et écrits matériels et immatériels, film, maquette, etc.) n’est-elle pas une manière détournée d’exiger un projet clé en main dès le stade du concours ?
M. B. : Réaliser un film ou des maquettes au 200e exige une définition telle qu’il faut, dans le parcours de la caméra, avoir tout dessiné très en détail. Les techniques de réalisation de ces objets imposent d’aller au-delà d’une (...)
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