Préfabrication du pisé sur chantier, École maternelle aux Roches-de-Condrieu, Isère

Rédigé par BRENAS-DOUCERAIN ARCHITECTES
Publié le 05/11/2020

École maternelle aux Roches-de-Condrieu, Isère

Dossier réalisé par BRENAS-DOUCERAIN ARCHITECTES
Dossier publié dans le d'A n°285

La nouvelle maternelle de ce bourg de l’Isère se glisse en douceur au sein du groupe scolaire existant, entre un vieux mur en pisé et deux majestueux platanes. Le choix de la terre, ressource abondante traditionnellement utilisée dans la région, s’est naturellement imposé. La technique constructive associe une préfabrication sur site innovante et le renfort des angles en chaux et sable pratiqué depuis des siècles.

Les anciennes bâtisses des Roches-de-Condrieu ont souvent des murs en terre compactée sur un soubassement en galets, et les constructions agricoles alentour sont également en pisé. La ressource en terre est ici omniprésente, et les architectes « trouvaient intéressant, dans un esprit démonstratif et pédagogique, de mettre en Å“uvre dans une école maternelle des matériaux biosourcés et géosourcés Â». La matière est laissée brute : le bois, côté cour, et la terre, côté impasse, ont été mis en Å“uvre sans traitement.

Du pisé non porteur

Le maire a tout de suite adhéré à l’emploi du pisé, proposé dès le concours. Le long de l’impasse, la façade ouest de l’école a une allège filante en terre isolée par l’intérieur. L’angle nord-ouest, qui enveloppe les locaux techniques, est en pisé non porteur sur toute la hauteur. La première rangée des éléments préfabriqués est posée sur un soubassement en béton, qui protège la terre des remontées capillaires. Lors de la consultation en marché public, les maçons locaux ont été contactés, mais l’unique réponse est venue de Nicolas Meunier, artisan piseur dans le département voisin de la Loire.

Préfabrication sur le chantier

Les éléments en pisé, qui ont été préfabriqués sur le chantier, ont une épaisseur de 40 cm, une hauteur de 1 m et une longueur de base de 2 m, adaptable selon l’emplacement des ouvertures. La terre a été fournie par un terrassier de Saint-Alban-du-Rhône, à 10 km de là. Livrée en vrac sur le site, elle a été triée à la main sur un tapis roulant et débarrassée des cailloux. Humidifiée avec un peu d’eau mais sans aucun adjuvant, elle a été versée, couches par couches, entre des banches placées sur la machine. Les lits de 10 à 12 cm d’épaisseur ont été compactés à 7 cm par le fouloir mécanique. Un chariot manuscopique a déplacé ensuite chaque banche remplie de terre, en les superposant une à une pour monter le mur. Ce système a limité le coût du pisé à 500 euros HT/m2.

Vérité de la matière
Sonia Doucerain regrette que l’ingénieur n’ait pas réussi à justifier les calculs pour que le mur en pisé soit porteur, mais elle est ravie de l’expérience : « Notre projet est contemporain, la ressource est locale et sa mise en Å“uvre artisanale, l’aspect obtenu révèle la matière. Tout est montré, rien n’est caché ou emballé. Tout ce que j’aime ! Â» Elle envisage d’autres constructions en pisé, mais avec la ferme intention qu’il soit cette fois porteur.

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