À mesure que disparaissent les commerces des centres-villes, des terres arables sont à jamais détruites pour y construire des zones commerciales. La réglementation rend de plus en plus difficile l’implantation de supermarchés sur ces terres mais celle des entrepôts logistiques s’accroît sans cesse sous la pression des plateformes de vente en ligne, dont le développement paraît inéluctable. Liée à l’essor de la mondialisation et au type de consumérisme qu’il suscite, la demande de tels équipements est en constante expansion. Avec 700 000 m2 d’entrepôts, la plus grande installation d’Europe va ainsi être construite dans les champs de l’ancienne base aérienne 103 du petit village d’Épinoy, dans le Cambrésis. Au-delà du désastre de l’artificialisation des sols et de l’enlaidissement du paysage, ces gigantesques nappes de hangars génèrent d’autres nuisances, notamment un in-tense trafic routier. Des pans entiers du territoire sont ainsi laissés entre les mains de développeurs-investisseurs privés qui n’ont d’autre objectif que la rentabilité financière de leurs opérations. Face à la pression de ces puissants groupes internationaux et leurs promesses d’emplois et de développement économique, les communes rurales ou périurbaines sont le plus souvent totalement démunies.
Des acteurs de la logistique urbaine, conscients de ces problèmes (et surtout de la rareté du foncier !), explorent cependant de nouvelles pistes. Ils travaillent sur la gestion des flux de marchandises, l’implantation au plus près des consommateurs ou de nouveaux types d’entrepôts : hôtels logistiques à plusieurs étages, micro-hubs et autres « dark stores ». Les impératifs de rentabilité et l’extrême déterminisme programmatique de ces bâtiments avaient jusqu’à présent tenu éloignée l’architecture de ces commandes. Si aujourd’hui quelques maîtres d’ouvrage éclairés ont permis la réalisation d’entrepôts exemplaires – comme vous pourrez les découvrir dans ces pages –, le rôle essentiel qui devrait être dévolu aux architectes et aux paysagistes concerne moins la forme de ces édifices que la manière dont ces immenses infrastructures vont s’implanter dans notre environnement, car nous sommes désormais condamnés à vivre parmi elles.
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