On pourrait s'amuser à composer une vision manichéiste du monde du bâtiment : il y aurait d'un côté la générosité, l'humilité et la contrition du pêché moderniste (comprendre low cost, développement durable et démocratie participative). Une posture qui a trouvé une forme d'accomplissement à la dernière Biennale de Venise. De l'autre, il y aurait l'égoïsme, l'ostracisme, l'apologie de l'argent et l'ostentation du pouvoir qu'elle permet d'exercer sur les autres. Une attitude magistralement incarnée par un promoteur immobilier spécialisé dans les casinos, les tours et les « resorts » pour nouveaux riches. Vous aurez reconnu l'antechrist de l'architecture : Donald Trump.
Il faudra peut-être un jour s'intéresser à ce magnat de l'immobilier à la peau orange et à la houppe jaune, mais contentons nous pour l'instant aux hérauts de l'engagement social : dans l'échelle de la contrition des architectes, le dévouement porté à l'habitat participatif ou coopératif arrive largement en tête. L'élan artistique y est refoulé devant la parole donnée aux habitants, l'ego s'efface, l'individualisme banni. Il est vrai qu'on les regarde souvent avec condescendance ces architectes qui sacrifient leur carrière et leurs revenus dans des réunions nocturnes interminables avec des néo-babacool. L'architecture qu'ils produisent peine à déclencher des émotions esthétiques et les revues d'architecture redoutent son ostensible manque de glamour. Pourquoi alors nous y intéresser ce mois-ci ? Parce que devant l'ultra formatage de la commande et face au logement réduit à un vulgaire produit de consommation, ceux qui travaillent sur des projets d'habitat participatif ou de coopératives d'habitants sont les seuls à défricher des pistes alternatives. Ces formes d'auto-construction mutualisées se développent énormément aujourd'hui, la loi ALLUR les a d'ailleurs encouragées. Leur modèle économique est loin d'être performant et la réflexion architecturale qu'elles génèrent encore embryonnaire : c'est justement une bonne raison d'y consacrer une longue enquête.
> Questions pro |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6
L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l… |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6
L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent. |