La ruche en paille à Bègles (Dauphins Architecture) |
Dossier réalisé par Raphaëlle SAINT-PIERRE Ces onze appartements et maisons en matériaux biosourcés, imaginés par Dauphins Architecture avec leurs habitants, ont été livrés cet été après un chantier partiellement participatif. |
Cette première opération d’habitat participatif d’Axanis, filiale coopérative du bailleur social Aquitanis, a été réalisée en partenariat avec l’ESH (Entreprises sociales pour l’habitat) de la métropole de Bordeaux, Euratlantique, la ville de Bègles (Gironde), l’ADEME (qui a apporté 18 000 euros pour les études préalables) et le conseil régional (qui a investi 81 000 euros dans le projet). Un appel public est d’abord lancé pour former un groupe de personnes éligibles au logement social. Pendant un an, Axanis et l’AMO toulousain Cerises (Centre européen de ressources sur les initiatives solidaires et les entreprises sociales) travaillent à sa constitution puis aident les futurs habitants à élaborer le programme. En 2014, les architectes bordelais de Dauphins Architecture (Étienne Besson, Gauthier Claramunt, Alexandre Crampes, Hugues Joinau, Faïçal Oudor, Quentin Reynaud) entrent dans l’aventure après avoir été choisis par les habitants parmi trois candidats sélectionnés par Axanis. L’AMO organise la transition au cours de deux réunions puis passe le relais aux architectes. Ces derniers attendent longtemps avant de montrer des images au groupe et préfèrent échanger sur les univers des uns et des autres. Eux-mêmes ont en tête les œuvres de Wang Shu, Hundertwasser ou Terunobu Fujimori. « L’habitat participatif est une réponse au pavillonnaire sur le soin pris à l’adaptation à chaque foyer, le dessin sur mesure », estime Hugues Joinau. Dans les réunions individuelles pour la conception de leurs logements, ils demandent aux futurs habitants de leur raconter des souvenirs positifs liés à la maison. De ces évocations, ils conserveront notamment l’utilisation du bois et l’intégration de pergolas pour permettre à la végétation de se développer dans les lieux.
L’opération fait la transition entre un grand immeuble voisin et le tissu d’échoppes du quartier. Le bâtiment sur rue, qui abrite sept logements sur trois niveaux, s’apparente à un petit collectif. C’est là que se trouve la salle commune de 80 m2, en liaison avec le quartier, la buanderie et le stockage des granulés de bois. Sur son toit, une terrasse est accessible à tous. Sur la partie arrière de la parcelle, quatre maisons en bande plus basses s’adaptent aux contraintes du PLU. Les architectes reprennent certains codes de la maison (volets, pièces de bois pour végétation, auvent) et soignent les parcours avec un jeu de passerelles pour favoriser les rencontres. « Le but est de se rapprocher de l’esprit du village dans la dynamique d’échange intergénérationnel », explique Hugues Joinau.
Concernant la construction, le groupe opte pour une filière sèche. Les architectes leur proposent alors d’utiliser des matériaux biosourcés à faible énergie grise (bois, paille, terre) avec l’objectif d’atteindre une performance énergétique élevée. Devant l’enthousiasme du groupe, la maîtrise d’ouvrage plutôt réticente décide de jouer le jeu et de leur faire confiance. « Grâce à la dynamique de l’habitat participatif, ce projet sans cloison en plâtre ni parpaing a permis de faire évoluer le BTP », se réjouit l’architecte. Un chantier participatif est organisé pour le montage des bottes de paille dans les caissons en bois de l’ossature et la réalisation des enduits terreux à l’intérieur des logements. S’il n’a pas généré de réelles économies, cet investissement symbolique est tout de même positif : les habitants connaissent leur bâtiment et pourront s’occuper facilement de sa maintenance. Ce chantier participatif a également permis des formations menées par Fabrice Tessier d’AsTerre (Association nationale des professionnels de la terre crue) ont vu la participation d’une quarantaine de personnes extérieures.
Au final, le coût de construction revient à 1 440 euros HT le mètre carré pour un prix de sortie de 2 440 euros, soit le coût d’une construction traditionnelle. Les onze familles de la Ruche ont investi leurs logements en juillet. Neuf en accession (avec une majorité de primo-accession) et deux en location (pour les foyers qui se sont avérés non solvables). Le montage financier est sécurisé par Axanis qui a facilité l’obtention de prêts pour certaines familles. « C’est un acte politique pour les habitants, ils se sentent concernés », conclue Hugues Joinau.
Maîtrise d’œuvre : Dauphins Architecture – Maîtrise d’ouvrage : Axanis –Entreprises : Manon Levaillant (VRD, terrassement), Lusitania (gros-œuvre), Ecoyat et Nature Bois (charpente, ouvrage bois), Fabrice Tessier (paille, enduit), Ludovic Bernadet (menuiserie) – Surface : 950 m2 – Coût : 1 350 euros HT/m2 (VRD comprise ; avec les aides de la région et de l’Ademe), prix de vente 2 400 euros/m2 – Livraison : juillet 2016
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N° 247 - Septembre 2016
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