Architecte : CANAL Architecture Rédigé par Christine DESMOULINS Publié le 05/04/2017 |
Dans l’enceinte des anciens ateliers de l’arsenal de Brest, la médiathèque François-Mitterrand conçu par l’agence CANAL est le porte-étendard du quartier neuf aménagé sur le plateau des Capucins par Brest Métropole Océane avec l’architecte urbaniste Bruno Fortier. On la rejoint directement en survolant la rivière Penfeld par un téléphérique qui la relie directement à l’hypercentre.
Dans le quartier de Recouvrance, sur la rive droite de la Penfeld, le site de l’ancien couvent des Capucins est revenu à la Marine nationale dès 1791. Jusqu’en 2004, ces ateliers industriels et leurs grandes nefs de pierre accueillaient les activités de construction navale de l’arsenal. En 2012, l’État et Brest Métropole Océane (BMO) ont entériné la cession du plateau des Capucins riche de ses vues sur la rade et de ses éléments patrimoniaux. Bruno Fortier, architecte urbaniste, a été choisi pour aménager le plateau et réhabiliter l’enveloppe de ces ateliers à la silhouette monumentale. L’aménagement du plateau s’inscrit dans le grand projet urbain de la rive droite desservie depuis 2012 par le tramway. Sur une ZAC de 16 hectares, 500 logements, des commerces et des équipements sont prévus.
Un quartier en balcon sur la rade
Si le mérite de la conservation et de la réhabilitation des ateliers revient à François Cuillandre, maire de la ville et président de BMO, les options d’échelles de Bruno Fortier ont convaincu des élus qui avaient été un temps tentés par des gratte-ciels, mais aussi les ABF qui préconisaient à l’inverse une typologie de maisons basses. Profitant d’un dénivelé de 18 mètres, il a créé des plateaux successifs reliés par un grand escalier urbain. Ponctués par un jardin, des espaces publics minéraux et des murs de pierre dialoguent avec l’enceinte de l’arsenal partiellement démolie. Face aux ateliers, le bâtiment en « L » des architectes Serge et Lipa Goldstein pour la Cité internationale et le Centre de mobilité de l’université de Brest se développe sur deux niveaux. Il structure une place haute qui est prolongée par une rue intérieure desservant les ateliers et les traversant de part en part jusqu’à la station du téléphérique. Vaste quadrilatère de 160 par 140 mètres, le bâtiment des ateliers fonctionne aussi bien dans l’axe des nefs perpendiculaires à la rivière que dans celui des verrières baignant de clarté ses 25 000 m2. Outre la restauration de l’enveloppe et des menuiseries de 268 fenêtres, Bruno Fortier a équipé la toiture de dispositifs techniques indispensables à la montée en puissance de cette immense coque pour accueillir divers programmes. Autour de la place centrale (10 000 m2) offerte à de multiples activités, une rue commerçante, le Fourneau – Centre national des arts de la rue –, un multiplexe, la cantine numérique et un incubateur d’économie créative rejoindront bientôt la médiathèque, premier équipement ouvert dans l’enceinte des ateliers où des machines conservées évoquent la mémoire industrielle.
Coconer dans des meubles géants
La médiathèque François-Mitterrand conforte le réseau des bibliothèques municipales en complétant l’offre des bibliothèques de quartier. Elle accueille les services transversaux du réseau de lecture publique et des services spécialisés. Réalisée par Patrick Rubin et Annie Le Bot de CANAL atelier d’architecture, elle est plébiscitée par les Brestois, tous milieux et toutes générations confondus, avec 5 000 visiteurs le week-end. Sur 9 700 m2, elle propose une offre multiple reposant sur 120 000 références en accès libre et 350 000 en réserve, dont un fonds patrimonial adulte et jeunesse. C’est aussi un lieu de rencontres et d’échanges, doté d’un auditorium de 195 places, d’une salle d’exposition, d’une salle d’animation polyvalente, d’un atelier numérique et de salles d’accueil de groupes. Occupant la grande nef d’entrée, trois meubles géants accueillent le public. Ils ont été imaginés par les architectes alors que le projet était déjà bien avancé et que chacun peinait à trouver un mobilier à l’échelle de cette halle industrielle. Ils rappellent d’ailleurs par leur taille et leur silhouette les grandes machines qui sont encore installées dans les nefs adjacentes. Pour occuper ce très haut volume et donner d’emblée l’esprit de confort et de plaisir de lecture, ces tours en bois sont à la fois des gradins, des niches où se réfugient les adolescents et des belvédères sur la bibliothèque. Elles sont accessibles depuis le rez-de-chaussée ou par de petites passerelles depuis la mezzanine.
Réinvention totale
« Patrimoniale, spectaculaire, ludique et domestique, cette médiathèque témoigne d’une singulière rencontre entre un lieu insolite, un programme ambitieux et un public séduit par ce modèle construit sur la mixité des usages souhaitée par la Ville de Brest, se réjouit Patrick Rubin. Depuis la station du téléphérique, l’idée est de se glisser naturellement jusqu’à la nef de pierre, véritable vitrine de l’établissement dans l’espace public des ateliers. » Guidés par les lignes de force d’un bâtiment hors normes, les architectes ont rétabli dans sa position d’origine perpendiculaire à la nef un ensemble de toitures qui avait été inversé dans les années 1930 pour installer des ponts roulants. Ce retour à la logique constructive de l’édifice redonne aux ateliers leur silhouette à cinq pignons visibles depuis l’autre rive de la Penfeld. Plus qu’une réhabilitation, le travail des architectes est une reconstruction. Pour des questions réglementaires et normatives, rien, hormis les maçonneries d’enceinte, n’a été conservé des charpentes et des anciennes installations. Les quatre départements des collections sont répartis sur deux niveaux, dont un en mezzanine. La structure, faite de portiques et d’un plancher découpé pour capter l’éclairage zénithal, règle le plateau supérieur qui est traversé par les poteaux supportant la charpente métallique. Hormis de légères goulottes apparentes, les architectes ont dissimulé tous les éléments techniques. Les murs de pierre des Capucins sont épaissis par un manteau thermique et l’installation de fontaines d’air masquées par un rideau de maille d’acier. Sur les plateaux, des boîtes carrossées de tôle laquée safran masquent d’autres éléments techniques. Connus pour leur goût des détails soignés associés à des matériaux bruts, les architectes ont eu la chance de tout dessiner ou sélectionner – des façades à la signalétique, en passant par les charpentes, l’agencement, le mobilier, les vitrines ou l’éclairage –, en totale complicité avec l’équipe de la médiathèque. Des matériaux feutrés, des suspensions à grands abat-jours blancs, de petites lampes de table de Arne Jacobsen, de grands projecteurs gamelle en inox et l’harmonie colorée d’un mobilier adapté à chaque lieu et à toutes les postures de lecture, de travail ou de détente, contribuent à la réinvention du lieu.
Maîtres d'ouvrages : Ville de Brest
Maîtres d'oeuvres : CANAL architecture, Patrick Rubin et Annie le Bot, avec Clément Vulliez, Elise Ruelle, Anaïs Fernon - BET : Ingérop, ITAC, Yves-Marie Ligot, Thanh Phong Lê
Surface : 10 000 m2
Coût : 24,75 millions d'euros HT dont 15 millions pour le bâtiment et 810 000 euros pour l'agencement
Date de livraison : Ouverture Janvier 2017
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