Architecte : SANAA et Imrey-Culbert Rédigé par LECLERC D. & CAILLE E. Publié le 01/02/2013 |
L'image de marque de SANAA repose sur une architecture qui tend vers l'immatérialité. Fluide, elle joue sur des effets de transparence et de reflets pour mettre en question la présence de l'architecture dans son incarnation physique. Paradoxalement, c'est en travaillant de manière approfondie la mise en œuvre de la matière que SANAA aspire à cette optimisation dimensionnelle des composantes de l'enveloppe pour en suggérer la dématérialisation. Cette approche est déjà présente dans le pavillon de verre du musée d'Art de Toledo (2006) et au musée d'Art contemporain du XXIe siècle de Kanazawa (2004), où la géométrie courbe des parois de verre toute hauteur crée une relation anamorphique et évanescente avec le jardin qui l'entoure. Elle est aussi perceptible dans les fines colonnettes qui ponctuent l'espace de leurs maisons ou de leurs bâtiments publics, et qui ressemblent davantage à des fils tendus qu'à des points d'appui comprimés. Cette volonté de pousser l'architecture vers ses limites statiques et de faisabilité technique est également manifeste au Louvre-Lens. Mais ce serait une erreur de parler de minimalisme. La simplicité manifeste de leur architecture s'apparente davantage à une recherche de légèreté, comme s'il s'agissait de retrouver un équilibre entre nature et construction.
L'enjeu de la précision est très fort. Les ingénieurs du bureau Bollinger + Grohmann, en charge de la structure métallique toiture-façade, racontent comment le projet s'élabore à partir d'une multitude de maquettes réalisées par les architectes. Aux ingénieurs ensuite de rendre techniquement possible ce que montre la maquette. Bollinger + Grohmann ont déjà collaboré avec SANAA pour leur projet d'école à Essen, pour le Rolex Learning Center de Lausanne ou le bâtiment de Vitra. Mais à Lens, c'est la première fois qu'ils travaillent avec eux sur des façades vitrées. Toitures et façades y sont en effet si intimement mêlées que la résolution des problèmes de déformation liés à la dilatation rendait nécessaire une approche globale.
Le hall d'accueil
Moins contraint par les aléas thermiques, le hall d'accueil n'est entouré que par une seule paroi de verre. Au concours, le hall d'accueil et la galerie vitrée étaient entièrement vitrés en toiture, mais cette option a dû être abandonnée en cours de projet. Le parallélépipède ne trouve sa stabilité qu'en s'accrochant en deux points aux galeries adjacentes : aux deux angles opposés, deux poutres dans la hauteur de la façade se glissent dans les galeries. Tenu seulement aux deux extrémités, le rectangle se dilate dans les deux autres angles non contreventés. Aux deux angles libres, l'écartement de dilatation sous l'effet de la température aurait pu être très important si les ingénieurs n'avaient imaginé un système qui découple la façade de cette contrainte.
Les grandes galeries
Le cahier des charges technique, très ambitieux, a refroidi bon nombre d'entreprises lors du premier appel d'offres en 2009. Le projet a dû être plusieurs fois modifié. La hauteur des façades a été réduite de 7 à 6 mètres afin d'ouvrir davantage le marché au plus grand nombre d'entreprises. La toiture vitrée à 50 % des deux grandes galeries est composée de poutres de 26 mètres de long, très rapprochées (1,50 mètre), qui s'appuient sur un voile en béton. Avec une épaisseur de seulement 12 millimètres, le défi a été d'éviter le vrillage de l'âme verticale (la poutre primaire), aussi bien lors de la soudure des différents éléments que lors de la mise en charge. C'est pourquoi chaque poutre est rigidifiée par des stabilisateurs reliés entre eux latéralement.
À l'origine, les panneaux de façade étaient prévus en inox. L'aluminium s'est révélé moins onéreux, tout en répondant parfaitement à l'effet voulu par les architectes. Pour la jointure des panneaux sur nid-d'abeilles, SANAA a voulu qu'elle soit à joints vifs et de 10 millimètres minimum. Ce type d'exigence pousse à trouver sur le chantier des solutions techniques de mise en œuvre ne laissant presque aucune marge.
Le pavillon vitré
Le concept thermique (Transsolar) a conduit à envelopper dans une double paroi de verre ventilée le pavillon dédié aux expositions, où se mêlent collections du Louvre et collections des musées régionaux. Désormais courant pour les façades d'immeubles de bureaux, ce dispositif est rare sur un seul niveau. Cette épaisseur aurait pu alourdir l'aspect des façades, mais la distance entre les deux parois est suffisante pour faire presque disparaître le vitrage intérieur. La répartition des efforts entre les deux parois permet également de minimiser la taille des meneaux en profil d'aluminium.
Maître d'ouvrage : Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais
Maîtres d'oeuvres : Mandataires : Kazuyo Sejima et
Ryue Nishizawa (SANAA), Co-concepteurs : Kazuyo
Sejima et Ryue Nishizawa (SANAA), Tim Culbert et Celia Imrey (Imrey
Culbert), Catherine Mosbach, Paysagiste : Catherine Mosbach, Architecte
d'opération : Extra Muros, Structure métallique
et façades : Bollinger et Grohman, BET : Betom, Ingénieur concept
structure : SAPS/Sasaki and Partners, Ingénieur lumière : Arup,
Ingénieur acousticien : Avel, Économiste : bureau Michel Forgue,
Signalétique: Norm, Muséographie : studio Adrien Gardère, Suivi
environnemental : Penicaud Green Building SAS, Concept environnemental :
Transplan
Entreprises : gros
œuvre/étanchéité : Eiffage Construction, couverture
métallique : Syte Kalzip Alupluszinc, enveloppe et charpente
métallique, façades et parois vitrées intérieures : Permasteelisa, verre
: AGC, panneaux d'alu anodisé : Coil Belgique/R.Tech/Tim Composite
France, isolant : Promat, éclairage : Erco, verre des vitrines : Gopion,
sol béton : Grepi, mobilier : Vitra/USM, absorbant acoustique :
Baswaphon
Surface SHON : totale : 28 000 m2, parc : 20 ha, exploitation : 7 000 m2, accueil de
service/auditorium/la Scène/centre de ressources : 6 000 m2
Cout : 150 M € H.T.
Date de livraison : décembre 2012
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