Abordant la question des populismes architecturaux, Federico Ferrari1 nous invite doctement ce mois-ci à ne pas céder aux anathèmes simplistes face à la grandiloquence kitsch dont s’enorgueillissent quelques maires qui se sont donné comme mission de redécorer leur ville. Face au carton-pâte haussmanno-vénitien que nous infligent ces édiles convaincus que « c’était mieux avant », peut-on d’ailleurs parler de « populisme architectural » ? Que cherchent ces maires du Blanc-Mesnil, du Raincy ou de Puteaux dont l’inculture les porte à confondre modernité et bolchevisme alors qu’ils nous infligent un péplum immobilier que ne renierait pas les Ceausescu ?
Le milieu de l’architecture peut-il continuer à ignorer une production qui – pour l’instant – ne choque pas grand monde en dehors de lui-même ? Droit dans ses bottes, doit-il se boucher le nez et attendre que l’histoire ridiculise ces pastiches qui ne savent même pas pasticher ? Depuis les années 1960 et la remise en cause d’une architecture moderne accusée d’être déshumanisée, alternativement qualifiée de stalinienne ou de fasciste, nombreuses ont été les tentatives de revenir aux principes de la ville européenne traditionnelle : néovillageoise, néohaussmannienne, néofaubourienne, néo-Art déco… Rejetées par la culture savante, ces tentatives pourtant très diverses ont été peu étudiées. Inégales dans leurs qualités, elles méritent cependant notre attention. De la Costa Esmeralda à Port-Grimaud, et de Milan 2 au Blanc-Mesnil, nous vous proposons un grand tour où, comme dans le Space Mountain de Disneyland, il faut avoir le cœur et les yeux bien accrochés.
Emmanuel Caille
1. Auteur notamment de deux ouvrages : Le populisme esthétique, L’architecture comme outil identitaire, Infolio éditions, 2015, et Paysages réactionnaires, Nostalgie de la nature et projet néolibéral (avec Marco Assennatto), Etérotopia éditions, 2016
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