A l’heure où chaque semaine voit naître un nouveau label, il est frappant de constater à quel point la qualité d’exécution des bâtiments est de plus en plus médiocre : assemblages approximatifs, capotages, couvre-joints et autres cache-misère sont devenus le lot de la production courante.
On ne parle évidemment pas ici des problèmes de stabilité, d’étanchéité ou de sécurité, toutes sinistralités pour lesquelles les labels ont une utilité et un rôle indéniable. La qualité d’exécution architecturale relève de la maîtrise syntaxique : tout se joue aux articulations, aux noues, aux rencontres de géométries et de matériaux de natures différentes. On comprend qu’avec la multiplication et la standardisation simultanée des produits et des processus de mise en œuvre cet assemblage soit un défi. Surtout lorsque s’y ajoute la surenchère d’exigence performancielle des bâtiments, la déqualification de la main-d’œuvre, les objectifs de rentabilité à court terme des entreprises, l’inculture de maîtres d’ouvrage et la mauvaise formation des architectes au chantier. La qualité d’exécution, au sens où les architectes l’entendent, est une valeur difficilement formulable et qui, en partie pour cette raison, échappera toujours aux normes et certifications. S’il fallait tenter de la définir malgré tout, on pourrait dire que c’est la cohérence et la rigueur avec laquelle s’exprime concrètement l’idée d’un projet d’architecture, de sa composition générale au plus petit détail. C’est la manifestation, à chaque instant et à chaque échelle de sa réalisation, d’un enchaînement logique de significations tant techniques que formelles. La qualité d’exécution n’est pas affaire de préciosité, elle n’est pas un dandysme d’artiste. Expression juste des contraintes de construction et de l’intuition de sa sénescence, l’art de bâtir devient le gage d’une architecture qui s’ennoblira avec les années et les métamorphoses les plus inattendues.
> Questions pro |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6
L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l… |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6
L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent. |