La construction française est en déclin. Le viaduc de Millau et quelques opérations prestigieuses ne peuvent plus masquer une situation générale déplorable : aujourd’hui en France, la plupart des bâtiments récents sont mal entretenus, mal construits, avec des budgets insuffisants par une main d’œuvre sous-qualifiée. Les surfaces des logements se réduisent. Si la prolifération délirante des contraintes normatives et sécuritaires a permis d’offrir des bâtiments mieux isolés et plus sûrs, c’est au détriment de presque toutes les autres qualités qui font la beauté des espaces dans lesquels nous vivons; ces vertus, malheureusement non quantifiables, qui peuvent transformer un espace en lieu propice à l’épanouissement de la pensée, au dialogue ou aux rencontres.
Comment a-t-on pu en arriver là  ? La maîtrise d’œuvre, aujourd’hui exsangue et dont la responsabilité ne peut-être totalement écartée est, après les usagers, la première victime de cette situation. Peut-on par ailleurs reprocher aux entreprises de penser avant tout à leur rentabilité ? Mais qu'en est-il de la responsabilité de la maîtrise d’ouvrage ? Initiatrice de la commande, elle définit les budgets, les surfaces et fixe les seuils de finition. Agit-elle par ignorance ? Incompétence ? Cynisme ? Impuissance ? Rappelons au passage que la maîtrise d’ouvrage est le seul intervenant du processus de construction dont la fonction n’exige aujourd’hui aucune formation professionnelle…
Se méfiant des rituelles lamentations corporatistes, d’Architectures a voulu consacrer son dossier de rentrée à cette question, afin de vérifier si ce déclin était bien réel. D’emblée, une explication s’est néanmoins imposée : au royaume de la maison sur catalogue, de But, Casto et Point P, qui se donnera la peine d’atteindre un niveau minimum de raffinement constructif quand aucune culture ne prépare l’usager à le reconnaître ou l’apprécier ?
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