Herault-Arnod (Lauréats) |
Comment construire un grand équipement en préservant l’écosystème fragile qui a su se développer en bordure d’un grand axe routier ? Comment assembler des programmes divers afin de leur conférer une unité ? Comment éviter l’étalement et espérer une certaine furtivité ? Telles sont les questions contradictoires posées par le conseil général de la Mayenne aux candidats de ce concours pour un espace culturel et sportif, situé dans une zone neutre à égale distance des centres de Laval, Changé et Saint- Berthevin. |
Le futur
Espace Mayenne viendra s’immiscer dans un site en mutation aux franges de
l’urbanisation, autrefois occupé par le 42e régiment de transmission, dont
seul subsiste une plateforme rectangulaire et bitumée flottant dans un
écrin végétal. Le terrain délimité, au nord, par une boucle du
périphérique de Laval et, au sud, par un quartier pavillonnaire est
remarquable par ses qualités paysagères à peine perceptibles. Une prairie
descend en pente douce de la courbe de la route et vient mourir lentement
à l’est. Ensemencée de plantes calcicoles, elle est scarifiée par des
chemins creux hérissés de haies épaisses tandis qu’à son point le plus bas
apparaissent des étangs qui recueillent les eaux de ruissellement pour
composer une agréable zone humide et ombragée. Les équipes en lice
devaient concevoir deux salles de sport : une grande et une petite. La
première, totalement polyvalente et d’une jauge modulable oscillant entre
1700 à 4300 places, devait permettre d’accueillir des spectacles, des
concerts, des conventions et des expositions… Quant à la seconde, il
fallait l’équiper d’un plateau omnisport et d’un mur d’escalade homologué
pour les compétitions internationales. À ces salles et à leur logistique
venait s’ajouter un espace de congrès rassemblant des salons autour d’un
auditorium. Ces différentes entités totalement autonomes devraient
pouvoir fonctionner simultanément ou se mutualiser autour de la grande
salle pour un événement important. La petite salle se transformant en lieu
d’entraînement ou d’échauffement, tandis que l’espace congrès viendrait
renforcer l’espace VIP. Il fallait de plus avoir une réflexion sur le
contexte paysager, notamment sur la zone humide qu’il s’agissait impérativement
de préserver. Les propositions sont toutes très différentes. Herault et
Arnod ont su faire découler leur construction d’une description très
précise du contexte paysager. Jean Guervilly et Françoise Mauffret ont
réussi à rendre leur projet le plus compact possible afin qu’il ne
pénètre que sur la pointe des pieds dans ce paysage ordinaire mais
entièrement sanctuarisé. Très attentif aux questions d’échelle, Jacques
Ferrier ose une fragmentation bienvenue, tandis que le Groupe-6 imagine
d’en faire disparaître une partie dans un socle paysager.
RUBAN DE
MÖBIUS
HERAULT ET
ARNOD (LAURÉATS)
Fidèles Ã
leur démarche, les deux architectes grenoblois ont attaché une grande
attention à ce site fragile, à la fois sec et humide, où ils n’ont
pourtant pas hésité à plonger. Ainsi le bâtiment vient-il lover sa forme
embryonnaire le long du chemin bocager, réactivé et restauré, auquel il
s’articule ombilicalement. Ce cheminement, réservé aux cyclistes et aux piétons,
contourne respectueusement la zone humide pour rejoindre le parking qui
s’étend sur l’emplacement du sol bitumé et étanche qui accueillait
les locaux du 42e RT. Ils ont cherché aussi à atténuer le plus possible
les nuisances sonores de la rocade urbaine qui ferme l’horizon au nord.
Aussi la grande salle destinée à accueillir les manifestations sportives
et les spectacles est en partie protégée des bruits extérieurs par
l’auditorium et la petite salle. Ces deux blocs soudés s’implantent à sa
périphérie de manière à dégager un vaste entre-deux en forme de
trompe qui s’étend sous les masses des gradins les plus hauts et s’ouvre
généreusement sur un parvis triangulaire. Au-dessous se déploie l’accueil
spécifique des congressistes et, à l’opposé, une entrée technique pour
la desserte et l’entretien des espaces sportifs et scénographiques vient
directement se brancher sur la rocade. Cet ensemble hétérogène, sans
forme précise, est ensuite enveloppé par un ruban métallique et brillant.
Une bande de Möbius qui s’enroule autour des salles et en permet la
fédération, sans jamais en promouvoir l’unification. Elle se soulève ou
bascule, accompagne les émergences des salles ou en favorise au
contraire la disparition pour mieux ancrer la figure dans son site.
VOLUME
MINIMUM
JEAN GUERVILLY
ET FRANÇOISE MAUFFRET ARCHITECTES
Guervilly
et Mauffret prennent très pertinemment le parti de réduire au maximum
l’emprise foncière de leur intervention architecturale pour mieux
sanctuariser l’ensemble du site. Leur proposition s’élance de la voie
existante qui traverse le terrain d’est en ouest et se lisse comme une nef
dans le paysage à proximité immédiate du rectangle construit affecté au parc
automobile. La solution retenue exprime une volonté de compacité maximale
: un cylindre elliptique enserré dans une courte jupe d’aluminium anodisé
laissant voir ses activités. À l’intérieur de ce volume, les salles se
compressent et s’enchâssent les unes dans autres, ne laissant que
très peu d’interstices inutilisés, comme s’il s’agissait de rentabiliser
le moindre centimètre carré. Ainsi la grande salle dissymétrique
vient-elle encastrer son côté scène dans l’une des parties effilées de
l’ellipse, tandis que la petite salle fait de même avec son mur
d’escalade. Un passage sous les gradins des deux salles relie la terrasse
et le parvis posés sur un socle formant quai, dans lequel l’ellipse vient
en partie s’encastrer. Dans ce socle, les salons VIP et les vestiaires en relation
directe avec les aires de jeu sont impeccablement rangés, comme des outils
dans leur boîte.
COMPOSITION
PAVILLONNAIRE
JACQUES
FERRIER ARCHITECTE
Plus
sensible aux masses construites que les autres concurrents, Jacques
Ferrier prend en compte la présence au sud du site d’une importante zone
d’habitations individuelles. Pour éviter la confrontation gratuite de
constructions sans commune mesure, il crée des échelles intermédiaires et
propose une composition pavillonnaire. Placés sur un auvent à hauteur constante,
trois blocs de dimensions différentes se succèdent en spirale du plus
petit au plus grand pour monter en crescendo vers la rocade. Un
étalonnement qui permet sans heurt le passage du local au territorial. Découpés
de toitures concaves, ces blocs prennent l’apparence de structures
festives, tendues et éphémères. Leurs silhouettes ambiguës se revêtent de robes
d’aluminium en partie perforées au travers desquelles leur structure se
met discrètement en scène. Leurs façades savent s’affirmer aussi comme de
très efficaces écrans publicitaires, une réalité qu’il est toujours important
de prendre en compte dès la conception. Ainsi de grandes affiches
annonceront les futurs événements culturels ou sportifs aux automobilistes qui
emprunteront la rocade, tandis que les noms des spectacles et des
manifestations viendront s’inscrire plus discrètement au-dessus de
l’entrée, à la manière des titres des films sur les auvents lumineux des
cinémas américains des années 1930. À la fragmentation de la construction
correspond celle de l’espace paysager qui se divise en plusieurs jardins
thématiques. Se succèdent notamment : sur la prairie, un champ céréalier ;
dans la zone humide, un couloir de biodiversité ; enfin, sur l’ancienne
plateforme militaire, une aire de glisse réservée aux adeptes du
skateboard.
MONOLITHE
FRACTURÉ
GROUPE-6
Plus
ramassée, la proposition du Groupe-6 se présente face à la rocade urbaine
comme un objet monolithique recouvert d’une carapace de plaques de métal
rectangulaires disposées en quinconce et rappelant des écailles de
poisson. Cet objet se brise de l’autre côté pour dessiner une cour
d’entrée reliée au parking par un chemin piéton qui traverse la zone humide
préservée. La cour distribue les différentes salles qui s’organisent
autour d’elle et leur permet de bénéficier d’accès indépendants. La
coque métallique flotte au-dessus d’un socle paysager dans lequel les
parties basses des salles de sport viennent s’inscrire en permettant une
vue panoramique sur le paysage restauré. La zone humide ombragée est
traitée comme une masse végétale, véritable coeur vert de l’opération, qui
sait s’opposer opportunément à la masse construite qui regroupe les
différents équipements.
Les membres du jury
Président du Jury : Olivier RICHEFOU, Président du Conseil général de la Mayenne
Collège « Maître d’ouvrage »
Nicole BOUILLON (Titulaire) Gérard LOCHU (Suppléant)
Camille BESNIER (Titulaire) Gérard DUJARRIER (Suppléant)
Jean-Pierre DUPUIS (Titulaire) Yannick BORDE (Suppléant)
Alain GUINOISEAU (Titulaire) Yves CORTES (Suppléant)
Jean-Christophe BOYER (Titulaire) Claude GOURVIL (Suppléant)
Collège des « personnalités extérieures »
Jean-Pierre LE SCORNET
Vice - Président du Conseil régional des Pays de la Loire
Didier PILLON
Conseiller communautaire à Laval Agglomération
Patrice DENIAU
Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Mayenne
Michel LIEBERT
Président du Comité Départemental Olympique et Sportif de la Mayenne
Collège des « maîtres d’oeuvre »
Alain MOTTE
Architecte désigné par le Conseil de l’Ordre des Architectes des Pays de la Loire
Philippe BONNEVILLE
Architecte, désigné par la Mission Interministérielle pour la Qualité des Constructions Publiques
Benoît DESVAUX
Architecte urbaniste directeur du Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement
de la Mayenne
Hervé JEHANNIN
Economiste de la construction désigné par l’Union Nationale des Economiste de la Construction
Laurent BOISSEAU
Architecte désigné par le Syndicat des Architectes de la Mayenne
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