Sergio Grazia |
Nouveau venu dans le monde de la photographie d'architecture, Sergio Grazia tente un exercice d'équilibriste visuel : faire des images qui rendront les bâtiments plus vivants, sans trop s'écarter des codes du genre. « Ma plus grande satisfaction de photographe, c'est la sensation de contribuer à la réussite des projets que je photographie…, un peu comme si j'avais participé à leur construction. » |
Concevoir ou photographier l'architecture ? Entre ces deux options, Sergio Grazia a d'abord hésité. L'ancien étudiant de l'école d'architecture de Gênes était venu à Paris pour travailler en agence. Ses photographies de suivis de chantiers dépassaient le cadre du simple compte rendu visuel. « J'étais attiré par l'esthétique de l'architecture en construction », explique-t-il. La photographie était une passion de longue date : avant d'entrer à l'école d'architecture, il songeait à une carrière de photo-reporter. La déliquescence de la profession l'en a dissuadé.
Après les chantiers, il photographie des bâtiments récemment réalisés à Paris. « Une auto-commande, se rappelle Grazia. J'allais montrer mes prises de vues aux agences, qui m'achetaient parfois quelques images pour compléter un reportage. » Ses photographies de l'immeuble Biscornet pour l'agence BP, d'autres travaux sur des projets d'Hamonic & Masson lui mettent le pied à l'étrier.
Ces débuts remontent à 2010… Deux ans plus tard, Sergio Grazia est devenu l'un des photographes d'architecture qui comptent, abandonnant l'agence sans regret. « Je n'avais pas la patience nécessaire pour développer une esquisse sur des années. La photographie me permet d'avoir une approche immédiate d'un projet. Lorsque mes images sont publiées, j'ai l'impression d'avoir contribué à ma manière à mieux faire connaître le travail d'une agence, l'histoire d'un bâtiment. »
Le style Grazia
La photographie d'architecture est un genre codifié. Sa fonction est d'abord de restituer les intentions d'un concepteur à travers une série d'images réalisées dans le cadre d'une commande. Dans ce contexte, on ne demande pas au photographe des qualités d'auteur. Ce qui ne lui interdit pas d'avoir un style : celui de Grazia « serait d'abord de convoquer plusieurs échelles, de pouvoir donner un point de vue général décrivant l'inscription d'un bâtiment dans un site, et simultanément apporter des informations sur les détails. C'est en tout cas ce que les architectes me disent. » À l'occasion, il prend des libertés avec les codes, utilisant les cadrages en plongée ou en contre-plongée, des détails racontant une ambiance.
À l'ère du numérique, le travail
d'un photographe ne se résume pas à la prise de vue. Sergio
Grazia attache une importance particulière à la postproduction. Les
interventions sur des fichiers numériques permettent de restituer
l'atmosphère du projet, en supprimant les imperfections que
l'appareil, Ã l'inverse de l'Å“il, n'est pas en mesure de
corriger par lui-même.
Démonstration sur une image d'une école de Brenac & Gonzalez à Paris. Le hall de l'établissement est occupé par un escalier logé dans une suite de cadress blancs à l'extérieur, verts à l'intérieur. « Le fichier présentait deux problèmes : d'une part, la sous-face des marches était obscurcie par les cadres. On ne percevait plus sa teinte, tandis qu'au plafond, les reflets de peinture verdissaient les surfaces blanches des revêtements acoustiques, donnant l'impression à l'image qu'ils étaient salis. » La retouche a fait disparaître ces défauts : des petites entorses à la réalité, nécessaires pour retrouver en une image l'intensité et la variété de l'expérience architecturale in situ.
« Le reportage idéal devrait durer quatre semaines, réparties en quatre sessions suivant les saisons de l'année, afin de pouvoir couvrir les différents aspects d'un bâtiment. Malheureusement, le reportage est soumis à des questions d'économies, de temps, de moyens », constate le photographe, qui doit compenser le manque de temps par l'inventivité. « L'enjeu est de faire les images décrivant l'interaction du projet avec le contexte. Cela implique de jongler avec les lumières, les objets présents sur le site, les gens, tous ces éléments qui donnent les moyens de raconter une histoire autour du bâtiment, pour le rendre plus vivant, plus dynamique. Il faut essayer d'anticiper, comme quand tu fais des photos de théâtre, te renseigner pour savoir s'il y aura des enfants dans l'école que tu vas aller photographier, et si on te laissera les photographier, il faudra aller frapper aux portes des appartements pour avoir le meilleur point de vue, attendre l'heure de la meilleure lumière… »
À force de patience, le changement de lumière, le passage d'un véhicule enrichiront l'image. Il n'y a pas de hasard : « Le manque de chance est une faute professionnelle », sourit Grazia en citant des photographes de Paris Match.
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