Architecte : TYIN tegnestue Architects, Marianne Lobersli Sorstrom et Yashar Handstad Rédigé par Marie-Hélène CONTAL Publié le 30/04/2012 |
Les deux jeunes architectes Yashar Handstad et Andreas Gersten avaient créé en 2008 l'ONG TYIN afin de construire à Noh Bo, en Thaïlande, un orphelinat et des lieux d'accueil destinés aux réfugiés birmans de l'ethnie Karen. Depuis lors, TYIN a été structurée pour devenir une agence d'architecture presque normale, à cette nuance près qu'elle intervient à 90 % dans le registre de l'emergency architecture. En Thaïlande, Indonésie, Afrique, les projets permettent aux deux fondateurs de définir un champ d'intervention et de recherches – l'urgence, le re-développement – qui ne représente plus un incident dans l'histoire mais un enjeu récurrent, global pour l'architecture du XXIe siècle. L'intérêt de ces expériences prend une nouvelle dimension lorsqu'elles permettent d'intervenir autrement sur des projets presque ordinaires mais en Europe, selon les mêmes principes : pragmatiques, écologiques et anthropologiques.
Parmi les activités d'un agenda bien rempli, Yashar Handstad et Andreas Gersten ont tout de même trouvé le temps de passer leur diplôme à l'université de Trondheim, en 2010. Non sans mal, ce qui fait réfléchir sur l'état de l'enseignement en Europe, même au Nord. Les deux compères avaient certes joué avec le feu en plaquant leurs études en 2008 pour partir construire de leurs mains les équipements d'urgence du village de Noh Bo. Mais l'exercice leur avait permis également de démontrer une certaine efficience de l'enseignement reçu. L'aisance de ces jeunes dans la construction a en effet étonné le monde entier (cf. le précédent numéro spécial Global Award de $da$, le n° 200, « TYIN tegnestue, l'acupuncture humanitaire ») et elle tient en partie à la pédagogie nordique. Grâce à la transmission d'une culture constructive du bois, ces étudiants peuvent bien mieux passer à l'acte que ceux encore formés à la monoculture du béton ; elle facilite l'approche du réel et l'échange, en passant aisément du croquis à l'essai.
Le Global Award 2012 est venu récompenser aussi le travail de réflexion mené par ces deux jeunes architectes sur une pratique qui transforme l'exercice du projet : la fusion du programme et du projet dans une même démarche, la nécessité de construire rapidement, qui transforme la pensée constructive. Leur façon de construire la beauté est différente, en l'absence d'une industrie du second œuvre et d'une industrie du bâtiment qui apportent leur sophistication. L'architecte doit tirer de la matière première une esthétique qui fasse sens.
Ce sont ces mêmes processus qui ont été mis en œuvre dans la petite ville côtière d'Aure, pour rénover en maison de vacances un ancien hangar à bateaux. Le propriétaire avait hérité du hangar en ruine et souhaitait le démolir afin de construire une maison toute neuve, dans un site d'une très grande beauté.
La première idée de TYIN a été au contraire de maintenir le volume de ce hangar à bateaux, présent dans le paysage depuis le XVIIIe siècle, et de tirer parti de ses qualités pratiques : une grande porte qui donne sur le fjord, une façade latérale qui s'ouvre comme un… hangar. Comment ? « Par une démarche de conception flexible et un haut niveau de présence des architectes sur le chantier. » En d'autres termes, si les architectes ont convaincu aisément le propriétaire de la beauté de leur projet, ils ne seraient pas parvenus à le sortir dans son budget s'ils n'avaient pas eux-mêmes mis la main à la pâte. Une entreprise a posé une plate-forme en poutrelles d'acier scellée dans la roche, mais le charpentier venu monter la structure a dû ajuster les piliers avec soin : si les uns portent sur les fondations de la plate-forme, d'autres reposent directement sur la roche chaque fois que cela a été possible, afin d'alléger les charges sur la plate-forme.
Pour les parois intérieures, les architectes ont réutilisé les épaisses planches et les poutres du vieux hangar construit il y a cent cinquante ans. Pour le revêtement extérieur, ils ont employé du pin norvégien imprégné sous pression d'une résine, un sous-produit de l'industrie sucrière. Avec ce traitement, la peau extérieure n'a besoin d'aucune maintenance et prendra une patine gris argenté. La façade sud s'ouvre totalement grâce de grandes portes mobiles faisant aussi office de volets. Montées sur une tige d'acier pivotante, elles se lèvent au moyen de drisses de bateau. Elles sont constituées d'un panneau extérieur en polycarbonate alvéolaire et d'un voile intérieur en coton. Entre les deux, un éclairage permet de les transformer en paravents lumineux.
Maîtres d'ouvrages : Stein
Etik Sorstrom
Maîtres d'oeuvres : TYIN
tegnestue Architects, Marianne Lobersli Sorstrom et Yashar Handstad
[ Maître d’ouvrage : Groupement local de coopération transfrontalièreArchitectes : Devaux &… [...] |
Clermont-Ferrand[ Maître d’ouvrage : client privé – Maître d’œuvre : Récita architecture … [...] |
[ Maîtrise d’ouvrage : BAST, architecte mandataireMaîtrise d’œuvre : commune de Montjoire&nbs… [...] |
[ Maîtrise d’ouvrage : commune de VelainesMaîtrise d’œuvre : GENS ; BET TCE, BET2CSignalétiq… [...] |
[ Maître d’ouvrage : Legendre immobilier – Maîtres d’œuvre : Atelier Kempe Thill (mandatair… [...] |
Maîtres d'ouvrages :conseil départemental des Hauts-de-SeineMaîtres d'oeuvres : Mars archite… [...] |
Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :
Vous n'êtes pas identifié. | |||
SE CONNECTER | S'INSCRIRE |
> Questions pro |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6
L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l… |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6
L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent. |