Marco Zanta |
Intitulée UrbanEurope, la dernière série du photographe italien Marco Zanta s’organise autour des bâtiments contemporains les plus remarquables ou remarqués de ces dernières années. Au-delà des édifices, elle nous parle des contradictions et des tensions fructueuses qui surgissent lorsque le contemporain vient bousculer une situation établie. |
Les villes européennes peuvent-elles rendre compte de cette construction abstraite qu’est l’Europe ? C’est pour répondre à cette question que Marco Zanta a parcouru durant quatre ans les centres-villes des pays fondateurs de l’Europe politique, l’Europe de l’Ouest, celle des pays réputés riches : « Je revenais d’un long séjour professionnel au Japon et je me posais vraiment la question de l’identité européenne. À travers ce travail personnel, je voulais construire ma vision d’une ville européenne utopique, une ville qui n’existe pas, faite de fragments d’images prises entre Helsinki et Lisbonne. » Une vision posée, précise, à rebours des clichés spectaculaires ramenés par les photographes des villes émergentes d’Asie ou du Moyen-Orient.
Marco Zanta recherchait l’antimégalopole, les villes dont l’histoire représentait un certain poids. Pour cette raison, il s’est donc tenu loin des villes de l’est du continent. Le registre des images tient des albums du XIXe siècle, comme les portfolios de « photographies des villes, paysages et peintures célèbres » rassemblés par John L. Stoddard ou les albums italiens du début du Novecento, réalisés pour les riches touristes qui parcouraient l’Europe au tournant du siècle. On pense aux frères Alinari, à Florence, et plus encore à Carlo Ponti ou au studio Naya, de Venise, ville où Marco Zanta, Trévisan d’origine, avait commencé des études d’architecture. La part du contexte est savamment dosée, plus importante que dans les photographies d’architectures qu’il réalise sur commande. « Travailler pour les architectes signifie souvent faire des images très propres, centrées sur l’édifice. J’ai souvent constaté que les architectes, les jeunes aussi bien que les stars, ne sont pas intéressés par la relation de leur bâtiment au contexte. À l’inverse, je m’intéresse à tout ce qui entre ou n’entre pas en relation avec l’édifice : les bâtiments voisins, les poteaux électriques, les panneaux indicateurs… J’ai utilisé les instruments habituels de la photographie d’architecture, le pied, la chambre photographique qui permet les décentrements, la vision des détails, pour réaliser des images autour de l’architecture. »
DE LA CONTRADICTION EN ARCHITECTURE
Europa, la ville idéale de Marco Zanta, serait plutôt à taille humaine. Les images restent proches du sol et de l’expérience du citadin, confronté parfois brutalement à ces objets d’architecture contemporaine qui emploient des langages sûrement étranges pour le néophyte. Les oppositions entre le vieux et le nouveau – les monuments des centres historiques face à la production architecturale de 1994 à 2000 – montrent qu’on peut reconstruire la ville sur elle-même sans avoir recours au mimétisme, et forment une critique voilée de l’état de l’architecture contemporaine de son pays. « Sur une image que j’ai prise à Birmingham, on voit côte à côte le magasin Selfridge, dessiné par Future Systems, et l’église gothique de Saint-Martin. Cette photographie a été publiée plusieurs fois en Italie comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire en architecture. Pour moi, elle montre au contraire que l’ancien et le nouveau peuvent coexister de façon harmonieuse. »
Le corpus de projet choisi par Marco Zanta souligne le goût particulier des architectes contemporains pour le mutisme. Faut-il y voir un travers de la production actuelle ou plus simplement l’expression de l’inconscient du photographe ? « J’ai mis un certain temps à m’apercevoir que beaucoup d’édifices que j’avais choisi de photographier avaient peu ou pas de fenêtres, qu’ils regardaient à peine vers l’extérieur, vers leur contexte immédiat. Ce n’était pas volontaire. » Cette architecture internationale, peu connue du grand public mais largement diffusée dans les revues spécialisées du monde occidental, ne serait-elle pas une Lingua Franca, un universel basé sur des codes simples, qui piétinerait les notions de lieux et les spécificités locales constituant cette ville européenne générique que la série photographique voudrait révéler ? « Les contradictions me plaisent, en photographie comme dans les autres arts. Je pense qu’il est utile de souligner ces situations contradictoires qui nous aident à réfléchir et à avancer. »
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