Architecte : KAAN ARCHITECTEN Rédigé par Maryse QUINTON Publié le 01/10/2018 |
Sur le
plateau de Saclay, au sud de Paris, l’agence Kaan Architecten inaugure en cette
rentrée l’institut des sciences moléculaires d’Orsay. La vocation scientifique
de ce lieu de recherche fondamentale trouve écho dans une écriture puissante et
rigoureuse, chère à l’architecte hollandais. En installant les laboratoires et
les circulations en façade, l’organisation du programme vise à établir des
liens avec le site et à replacer la figure du chercheur au cœur de ce campus en
mal d’aménité urbaine.
Difficile de faire abstraction de l’hérésie urbaine que constitue l’aménagement du plateau de Saclay quand il s’agit de rendre compte des projets d’architecture qui sortent de terre. Problème majeur, l’accessibilité y est pour l’heure désastreuse. La ligne 18 tant attendue qui desservira le site a été reportée à 2027, tandis que les bus sont sans cesse saturés aux heures de pointe. Sur ce territoire aussi vaste que distendu, la voiture s’impose avec force au détriment du piéton qui peine à s’approprier ce qui ressemble pour l’instant plus à une ville nouvelle qu’à un campus universitaire. Autoproclamé « territoire d’innovation », censé établir « de nouveaux rapports entre ville et nature », le cluster de Paris-Saclay ne semble pas un paradoxe près. Dans ce contexte d’effervescence constructive, Kaan Architecten (dénomination résultant de la séparation de Felix Claus et Kees Kaan en 2014) livre en cette rentrée le bâtiment de l’Institut des sciences moléculaires d’Orsay : l’ISMO. Associée pour l’occasion à FRES architectes, l’agence hollandaise fut désignée lauréate du concours de maîtrise d’œuvre en 2011 face à Jean- Philippe Pargade, Groupe 6, Henn Architekten et Laura Carducci. Le projet est situé en frange du plateau, dans la zone du Moulon, un quartier en phase opérationnelle où se trouvent également CentraleSupélec (OMA) et l’ENS Cachan (RPBW), actuellement en chantier. Atteindre le parvis de l’ISMO comme ceux des établissements prestigieux qui ont rejoint le plateau de Saclay relève du parcours du combattant pour celui qui a l’audace, en 2018, de privilégier les transports collectifs. Patience à l’arrêt de bus ou bonnes chaussures de marche s’imposent pour atteindre le plateau par des chemins pentus.
Un double programme :
L’agence KAAN Architecten l’a emporté avec un parti architectural sans concession, de ceux qui ont bâti sa réputation. Kees Kaan fait partie d’une école hollandaise à mille lieues des frasques colorées de MVRDV, celle du fonctionnalisme expressif, de la robustesse assumée et du savoirconstruire. Une écriture qui sied particulièrement au programme scientifique dont il est ici question. Unité de recherche créée en 2010, associée au CNRS et à l’Université Paris-Sud, l’ISMO est issu de la fusion de trois laboratoires universitaires préexistants. Pousser les portes de l’Institut, c’est entrer dans un monde à part, celui des nanosciences, de la physique moléculaire et de la physique pour la biologie, domaines de recherche principaux ici étudiés. Naturel et boisé, le site a d’emblée conduit Kees Kaan à proposer un bâtiment très compact afin de ne pas occuper tout le terrain et d’en préserver les qualités paysagères. Pour l’architecte, il s’agissait aussi de créer une réciprocité dans la relation à cet environnement : « Améliorer le site grâce au bâtiment et inversement », résume-t-il. Long de 77 mètres, large de 33 mètres et haut de 15 mètres, ce parallélépipède est légèrement encaissé dans le sol pour répondre au dénivelé existant. Il s’organise symétriquement, de part et d’autre d’un hall qui se déploie en triple hauteur. Deux mondes cohabitent au sein de l’ISMO. Dans les laboratoires, celui des spectromètres, faisceaux de particules et autres microscopes à effet tunnel. Installés sur toute la longueur de la façade nord, ils sont logés dans la topographie excavée et profitent de la lumière naturelle sans risque d’ensoleillement direct. Plus classiques, les bureaux et salles de réunion se répartissent sur les cinq niveaux autour de deux cours habillées de bois et strictement rythmées d’un même modèle de fenêtres. Chaque bureau peut ainsi être ventilé naturellement. Un auditorium suspendu de 90 personnes au-dessus de l’atrium central complète le programme. Suffisamment rare pour être souligné, les usagers du parking situé sous l’édifice arrivent directement au cœur du hall par un escalier soigné, et non par une porte dérobée.
Une organisation spatiale inversée:
Guidé
par la volonté de « ne pas créer une complexité inutile », Kees Kaan ne s’est
pas laissé aller à la fantaisie, sauf peut-être dans le hall qu’animent une
bibliothèque et des mezzanines en porte-à -faux. À la rigueur scientifique du
programme, il répond par un exosquelette en béton préfabriqué rigoureusement
tramé. Cette enveloppe associe poteaux et linteaux d’une épaisseur unique de 45
cm formant un motif légèrement rectangulaire (3,6 mètres par 3,2 mètres) répété
sur trois des façades. Les vitrages sont positionnés à 80 cm en retrait de la
façade, de sorte que c’est la perception de la grille qui l’emporte. Au nord,
un mur-rideau vitré fait entorse à la structure robuste dont il reprend
néanmoins le motif et la trame. Activité vitrine de l’ISMO, les laboratoires se
dévoilent aux passants, racontant la vie intérieure du bâtiment. Dans cet
environnement de travail à haute technicité, les déplacements humains ont fait
l’objet d’une attention particulière. Poncif de l’architecture, les couloirs
censés favoriser les rencontres et les échanges prennent ici tout leur sens.
Parce que les chercheurs sont souvent happés par leurs tâches exigeantes
nécessitant une grande concentration, il était nécessaire de leur offrir des
espaces collectifs qualitatifs. Kees Kaan a donc fait le choix d’installer les
couloirs de distribution – et non les bureaux – immédiatement derrière les
façades. Ainsi éclairés naturellement et en balcon sur le site, ils répondent Ã
l’attractivité et à la convivialité recherchées. Misant sur l’intériorité des
cours, les espaces de travail sont mis à distance tandis que la déambulation
animée et aléatoire des usagers donne vie au bâtiment, afin d’insuffler une
échelle humaine au campus.
Maître d'ouvrage : Université Paris-Sud
Maître d'oeuvre : KAAN architecten, FRES architectes, EVP Ingénierie (BET structure), Peutz & Associés (BET accoustique), Bureau Michel Forgue (économie de la construction), Servicad Ouest IDF (VRD), Inex (BET fluides et ingénierie environnementale)
Entreprises : SN Bloch (gros œuvre, étanchéité), Ateliers Bois & Cie (charpente métallique), Arblade (façade et bardage), Loison (menuiseries aluminium et acier extérieures et intérieures), Slam Métallerie (serrurerie), Eurosyntec (revêtement de sols résines), Eliez (revêtement de sols souples), Mabuleau (peinture)
Surface SHON : 10 000 m2
Cout : 20 millions d’euros HT
Date de livraison : concours en 2014, livraison en 2018 ]
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