Architecte : RDAI Rédigé par Olivier NAMIAS Publié le 01/02/2011 |
Regardant davantage du côté de l'art contemporain que de l'univers du « retail », les huttes installées au cœur du nouveau magasin Hermès à Paris recréent trois lieux dans le vaste volume d'une ancienne piscine. La complexité de ces objets est inversement proportionnelle à leur apparente simplicité.
C'est dans une piscine Art déco fermée depuis les années soixante-dix qu'Hermès a installé sa première enseigne de la rive gauche. Le cœur du magasin occupe l'emplacement de l'ancien bassin de natation, un vaste volume décaissé d'un niveau par rapport à la rue et entouré de trois étages de galeries. Le projet d'aménagement conçu par l'agence RDAI s'articule autour de trois « huttes » de 9 mètres de haut, structures en bois graciles définissant trois espaces de vente différenciés, trois volumes occupant le vide central du nouveau magasin.
Cabanes, huttes, bulles, nasses, maisons dans la maison : plusieurs qualificatifs peuvent être attribués à ces volumes, évoquant aussi la mobilité, le voyage, des thèmes chers à cette entreprise de luxe. Leur aspect simple, frêle, cache une grande complexité de conception, une complexité accentuée encore par les contraintes liées à l'existant et au délai réduit – à peine une année pour la conception et le chantier – dévolu à la réalisation.
Le classement du bâtiment imposait de conserver le volume du bassin. Rendre son fond accessible posait des problèmes d'exploitation : cela imposait de descendre d'un niveau supplémentaire, soit deux niveaux par rapport à la rue, et ne laissait que très peu de surface au bord du bassin. Il a donc fallule recouvrir d'un plancher en béton posé sur une structure bois. Son poids ne devait pas excéder le poids de l'eau, en dépit d'une surcharge d'utilisation importante comprenant le passage d'une nacelle motorisée servant à la maintenance. L'emploi d'un plancher collaborant acier a permis de réduire l'épaisseur de l'ouvrage. Le vide a été mis à profit pour l'installation de machineries de ventilation, des évents ; les semelles de fixation ont été intégrées dans le plancher béton.
Des scripts à l'œuvre
Les trois structures ne portent pas autre chose qu'elles-mêmes. Le défi qu'elles représentaient tenait davantage à la finesse de la réalisation qu'à des problèmes d'ordre structurel. Les architectes avaient d'abord dessiné trois volumes de forme différente mais de même hauteur, pouvant habiter le vide de la piscine. Un travail itératif avec l'antenne parisienne du bureau d'ingénierie allemand Bollinger & Grohmann a permis d'affiner progressivement leur forme définitive. L'esquisse fournie par les architectes se composait d'un mapping d'images sur un volume 3D. La première étape vers la réalisation a consisté à optimiser les formes de ces bulles via différents modules du logiciel Rhino, afin d'éliminer les courbures trop irréalistes du point de vue constructif. La mise au point d'un script a ensuite permis de gérer la répartition des nervures en bois qui constituent la structure. Le script évoluait au fur et à mesure qu'évoluait le projet, autant sur le plan esthétique que technique. La structure a été allégée, la densité des lames a été progressivement réduite avec la hauteur. Les doubles courbures des volumes ont été réalisées par la somme de simples courbures de longues tiges en frêne de 48 millimètres d'épaisseur. « Ce n'est pas l'essence la plus souple, le choix a été fait en fonction de critères esthétiques, explique Denis Montel, directeur de l'agence RDAI. Nous avions pensé également au hêtre, mais avions écarté le lamellé-collé, le Kerto ou le Lamibois, pour des raisons d'aspect. »
Pour Klaas de Rycke, de l'agence Bollinger & Grohmann, le matériau bois « est intéressant car il peut se déformer légèrement, même s'il y a des limites pour les torsions, la courbure, les boulons, et donc l'épaisseur des lames. L'analyse structurelle nous a permis de déterminer les efforts maximums que l'on pouvait transmettre à travers les nœuds. Le script a recherché la meilleure configuration des lames, en tenant compte des paramètres de densité, torsion, double courbure. On a juste écrit du texte ! » Les scripts ont également intégré les déformations futures du bois au fil du temps. Au cours du projet, une maquette grandeur nature sur 6 mètres linéaires avait été réalisée pour la maîtrise d'ouvrage. Autre élément important de rationalisation : l'implantation des nœuds structurels sur un même plan horizontal.
Du tracé à la réalisation
Trois hypothèses de fabrication étaient initialement envisagées : la déformation à la vapeur, le cintrage sur site et une dernière méthode mariant procédés digitaux et artisanaux. L'entreprise chargée de la réalisation a conçu la structure de la toiture du Beaubourg de Metz. Elle est implantée en Allemagne. Les scripts avaient permis de décomposer la structure en une série de lames – 1 378 pour une seule bulle – inscriptibles dans un plan, donc bidimensionnelles. Les lames ont été découpées à l'aide d'une machine numérique et mises en forme sur des volumes à l'aide de serre-joints. Lors du remontage, ce moule a été réutilisé comme échafaudage.
Les lames ont été poncées trois fois en usine et une nouvelle fois sur site, puis huilées. Près de 6 000 bouchons ont été utilisés pour masquer les perforations des tiges de fixation. Les ouvertures des cabanes ont fait également l'objet d'un travail de rationalisation : les fers plats métalliques portant les fixations des lames suivent le plan d'un ovoïde, ce qui a évité les torsions ; les pièces de recouvrement en bois ont été usinées à la machine numérique.
Maîtres d'ouvrages : Hermès Sellier
Maîtres d'oeuvres : RDAI, Denis Montel (direction artistique), Dominique Hébrard, Sybil Debu (chefs de projet), Bollinger& Grohmann (ingénieur structure)
Surface SHON : 2 155 m2
Date de livraison : janvier 2011
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