Ringard, le dessin ? Grand oublié de la nouvelle conscience de la matérialité et du « faire » dans les débats sur l’enseignement d’architecture mais bien présent dans l’inconscient collectif des étudiants, des praticiens et du grand public, le dessin chez l’architecte se comporte comme un liquide qui épouserait encore et toujours les évolutions de la profession. Il s’affirme à chaque virage technologique comme solution pour résoudre des problèmes de conception ou de communication. En ostinato, il se rappelle avec insistance comme l’outil le plus efficace pour comprendre le réel. L’évidence du médium – souvent mal maîtrisé par les étudiants, faute d’un enseignement développé sur la longueur du cursus – pour « parler » l’architecture est comparable à celle de l’eau courante dont on oublie au quotidien qu’elle nécessite ressources, contrôle et savoir technique pour arriver jusqu’à nous dans sa forme évidente. Comme une langue ou un instrument de musique, le dessin demande une pratique constante et un savoir-faire pour entrer dans l’expression pure. Cet apprentissage est possible depuis la première année jusqu’au diplôme à l’ENSA-PB. Celle-ci est la seule école française, et peut-être même mondiale, à avoir pour principe fondateur la volonté de le préserver comme outil premier de la pensée.
Le dessin, un enseignement à la pointe
Rarement montrés aux côtés d’une œuvre, les croquis préparatoires, réalisés sur place, révèlent au public la méthode de construction du cadrage, de la composition, des proportions, des horizontales et des verticales qui créent la relation juste des formes urbaines entre elles. On y décèle un désir de transmission qui s’adresse directement au spectateur, exigeant son attention sur la manière dont se construit le regard. Cette vision est orchestrée par Simon Vignaud, d’abord élève à l’UP8 puis enseignant responsable de la Représentation à partir de 1986. La transmission des fondamentaux du dessin est au cœur de la pédagogie depuis l’origine de l’école en 1969, sous la direction des équipes de l’époque menées par Albert Flocon, ancien étudiant au Bauhaus, à qui succède Pierre Lepetit, dont Vignaud est l’élève. Le premier voyage de dessin est initié par Olivier Dufau, Jacques Fredet, Pierre Lepetit et les étudiants qui proposent Venise comme destination. Le ministère de tutelle leur réplique : « À quoi bon aller là -bas ? Ça a déjà tellement été fait. » Simon Vignaud se remémore : « Ça nous a donné l’occasion de leur écrire une belle réponse ! »
Le temps du dessin se réduit en 2005 avec (...)
L’architecte, ce héros
Publié le 15/11/2024
|
Les architectes ont la cote au cinéma cet automne : leurs pouvoirs ambivalents s’expriment aussi … [...]
|
L’IMAGE ZÉRO
Publié le 07/10/2024
|
Tendus vers le futur perpétuel des mises à jour, rares sont les architectes qui cherchent l’insp… [...]
|