L’art de bâtir les forteresses

Rédigé par Richard SCOFFIER
Publié le 17/12/2024

Article paru dans d'A n°322

Entretien avec Philippe Prost, le 29 octobre 2024

Fin de matinée, j’ai rendez-vous avec Philippe Prost dans son agence rue d’Uzès. Une voie homogène bordée d’immeubles industriels aux façades en pierre, tous construits en très peu de temps à la fin du XIXe siècle sur l’emplacement de l’hôtel d’Uzès de Claude-Nicolas Ledoux, détruit en 1870. Aucune circulation. Il règne ici la même ambiance qu’avant le départ des éditions du Moniteur, en 2015 qui en faisait un lieu incontournable des professionnels du bâtiment : de jeunes employées de bureau en pause, parfois assises sur les pas des portes discutent et rient en fumant ou en buvant du café dans des gobelets en carton, comme dans un grand salon à ciel ouvert…
Je traverse le hall du 11 et je monte au troisième étage où m’attend le Grand Prix national de l’architecture 2022, encore tout excité par l’ouverture récente de la grande exposition monographique qui lui est consacrée et qui vient en partie occuper la Galerie des moulages de la Cité de l’architecture et du patrimoine.

D’a : Pourquoi avez-vous voulu être architecte ?

Je ne me suis jamais posé cette question. J’étais surtout attiré par la musique et je jouais de l’orgue. Un instrument à la fois puissant – tout vibre à la première note – et très complexe, qui demande énormément d’entraînement pour être maîtrisé. Je passais mes journées à interpréter des chorals de Bach, de Brahms, et des compositions plus modernes comme des pièces de Jehan Alain ou d’Olivier Messiaen, tout en participant avec des copains de lycée à un groupe de rock progressif très inspiré par Van der Graaf Generator et le Mahavishnu Orchestra. Mais mes parents, qui n’étaient pas musiciens, ne pensaient pas que cette passion puisse me mener à quelque chose. À l’approche du bac, voyant que je m’inquiétais pour mon avenir, un de mes profs du conservatoire m’a conseillé de me renseigner sur les écoles d’architecture, en m’expliquant qu’elles laissaient beaucoup de temps libre à leurs étudiants et qu’en suivant ce cursus je pourrais sans problème continuer à jouer et à progresser.
Je me suis donc inscrit à Versailles sans aucune intention de devenir architecte, mais en pensant que (...)

Les articles récents dans Le Grand Entretien

À la recherche du bonheur, entretien avec Philippe Madec, le 30 septembre 2024 Publié le 15/11/2024

Je sors du métro, par un long escalator, place des Fêtes, cette anomalie dans Paris. Des tours uni… [...]

L’architecture n’est pas une fin Entretien avec Nicola Delon (Encore Heureux), le 27 août 2024 Publié le 07/10/2024

5, rue Curial, 11 h. Le Centquatre est encore fermé, j’interpelle un vigile à travers la grille … [...]

New Deal. Entretien avec Frédéric Bonnet (Obras Architectes) Publié le 27/08/2024

Après avoir composé le code de la porte, je quitte la bruyante et cosmopolite rue d’Avron pour b… [...]

Nous avons tout à apprendre de la campagne ! - Rencontre avec Simon Teyssou, Arthur Bel et Jean-Philippe Vassal Publié le 03/07/2024

À l’occasion de la diffusion du film Architectes de campagne* réalisé par Karine Dana, la Gal… [...]

Dans l’épaisseur du temps - Entretien avec Laurent Beaudouin (Beaudouin Architectes) Publié le 29/04/2024

L’immeuble des Tiercelins, la première réalisation de cette agence créée à Nancy dès la fin… [...]

Patrimoine émotionnel - Entretien avec Eva Prats et Ricardo Flores, Flores i Prats arquitectes Publié le 01/04/2024

Une panoplie impressionnante de dessins, de maquettes et d’objets collectionnés au fil des anné… [...]

.

Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :

Vous n'êtes pas identifié.
SE CONNECTER S'INSCRIRE
.

> L'Agenda

Décembre 2024
 LunMarMerJeuVenSamDim
48      01
4902 03 04 05 06 07 08
5009 10 11 12 13 14 15
5116 17 18 19 20 21 22
5223 24 25 26 27 28 29
0130 31      

> Questions pro

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6

L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l…

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6

L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent.