La pratique d’Aglaia Konrad est fondée sur un immense corpus de prises de vues, que l’on peut qualifier d’« atlas ». Il s’agit d’une mémoire en mouvement, comme l’était L’Atlas Mnémosyne d’Aby Warburg, qui remaniait sans cesse ses archives pour y déceler des liens inattendus, capables de refonder l’histoire de l’art. De même, les archives d’Aglaia Konrad constituent une mémoire vive, dont les thèmes privilégiés sont le brutalisme international, les formes métropolitaines contemporaines, l’histoire de l’architecture, le béton et le marbre, les architectures-sculptures, les utopies et leurs contradictions, les chantiers et les démolitions… La liste reste ouverte car Aglaia Konrad, qui voyage beaucoup, est particulièrement curieuse et sensible à l’histoire. Elle mène des enquêtes documentaires approfondies, préambules et supports indispensables à la manière de faire voir ses images. Chaque projet d’exposition ou d’édition est l’occasion d’activer cette archive toujours en expansion, en créant des associations inédites entre les images, les plus anciennes se mêlant aux plus récentes pour fonder un récit visuel spécifique en même temps qu’une interprétation personnelle et originale de l’histoire de l’architecture.
Des théâtres de la mémoire
Le corpus photographique d’Aglaia Konrad apparaît vivant et actif. Les images qu’il contient sont littéralement « agissantes », un terme qui fait référence à la tradition mnémonique des ars memoriae, hérités de l’Antiquité, et qui consiste à rassembler et (...)
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