Architecte : Lacaton & Vassal et Frédéric Druot Rédigé par Karine DANA Publié le 27/06/2022 |
En 2011, la transformation de la tour Bois-le-Prêtre crée la surprise dans le paysage nord-parisien. Manifeste, cette opération a permis d’ouvrir le débat sur l’urgence de redéployer le parc existant de logements sociaux aux prises avec les nouvelles normes environnementales.
Au nord du 17e arrondissement, la tour Bois-le-Prêtre est implantée en limite des communes de Paris, Clichy et Saint-Ouen. Périphérique en viaduc, cimetière des Batignolles, services administratifs et logements sociaux caractérisent ce territoire de bordure historiquement marqué par l’ambition de l’architecte Raymond Lopez dans les années 1950. Épargnée par la démolition, elle appartient en effet à un périmètre obéissant au Grand Projet de renouvellement urbain (GPRU), et apparaît en cela comme une étrangeté dans un quartier presque entièrement reconstruit. Et ce projet de transformation revient de loin... Il est l’aboutissement d’une réflexion engagée en 2003 à l’occasion d’une mission commandée par le ministère de la Culture aux architectes pour réfléchir à une alternative à la très coûteuse politique de démolition/reconstruction mise en place par Jean-Louis Borloo, alors ministre de la Ville, dans le cadre de la loi Solidarité et renouvellement urbain. Frédéric Druot, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal ont alors livré une étude approfondie de la transformation des grands ensembles, et qui dénonce l’aberration tant sociale, environnementale qu’économique de cette politique d’État projetant de démolir un patrimoine capable et souvent porteur de grandes qualités.
Dans le prolongement des premières expérimentations menées en situation collective pour la réalisation de 14 logements sociaux augmentés de serres horticoles à la Cité manifeste de Mulhouse en 2005 par l’agence Lacaton & Vassal, le trio d’architectes déploie ici des dispositifs de jardins d’hiver pour 96 appartements. Ainsi, un empilement joyeux d’extensions vitrées porteuses d’un climat intermédiaire se substitue désormais aux anciennes façades pleines constituées en murs rideaux avec allèges double peau en fibre d’amiante et ouvrants à la française. La structure existante constituée de planchers et refends en béton, indépendante de la façade d’origine, a offert ici un très bon potentiel de transformation, condition d’une métamorphose évidente. Rapportant la question énergétique à la question spatiale, l’objectif des architectes était d’intervenir simultanément sur l’inconfort thermique, les grandes déperditions énergétiques, la petitesse des surfaces et la pénurie de lumière naturelle dans les logements, halls et parties communes. Ainsi, tous les logements existants ont vu leur surface augmenter de 40 %. La plupart grâce à l’apport de jardins d’hiver – espaces tampons non chauffés et véritables activateurs d’ambiances – posés devant les façades est et ouest et une partie, sur les pignons nord et sud, par des extensions chauffées en prolongement de planchers. Vue d’en bas, quand le soleil tape, la brillance de la façade est intrigante. Il s’agit des effets de moirage des rideaux d’ombrages empruntés à l’univers horticole, qui laissent percevoir une animation et une profondeur inattendues apportées par ces modules préfabriqués en charpente métallique de 7,5 m x 3 m et planchers béton que représentent ces jardins d’hiver démultipliés, comme autant de morceaux de vie en plus. Il fallait un certain culot pour envisager aussi franchement une architecture devant une architecture...
Maîtres d'ouvrages : Paris Habitat
Maîtres d'oeuvres : Lacaton & Vassal et Frédéric Druot
Surface : 8 900 m2 (existant), 3 560 m2 (extension)
Coût : 11,3 millions d’euros HT
Date de livraison : 2011
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