Architecte : LIN Architects Rédigé par Sebastian REDECKE Publié le 28/06/2022 |
La transformation de la base sous-marine de Saint-Nazaire s’impose à nous avec toute la véhémence de sa charge symbolique. Au regard du sort de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale, elle acquiert une signification si forte qu’elle peut être lue au-delà de toute particularité conceptuelle ou architecturale. Sous l’occupation allemande, une partie du port est devenue la base de la flotte de sous-marins de la Kriegsmarine. En voulant la détruire, les bombardements alliés ont rasé 80 % de la ville, mais pas le bunker...
LIN, à savoir Finn Geipel et sa partenaire de l’époque, Giulia Andi, avait pour mission d’intégrer un centre culturel dans ce dernier et s’est occupé, de manière extrêmement réduite, de la partie la plus au sud : le hall 14. Il ne s’agissait pas d’y insérer une nouvelle installation, mais de créer
des espaces voués à de nouvelles fonctions, à partir de la forme directement perceptible et très impressionnante des volumes. Voilà ce qui rend le projet unique. Alvéole 14 se compose de quatre zones : la plus grande est le LiFE (Lieu international des formes émergentes), consacré aux nouvelles formes d’art. Il occupe l’espace de l’ancien bassin du hall 14. Avec sa large porte donnant sur l’eau qui, lorsqu’elle s’ouvre, offre une vue sur le port, scénographie irréelle, ce lieu est destiné aux mises en scène expérimentales de théâtre, de danse et de musique. Vient ensuite le VIP, scène de musiques actuelles dotée d’un bar, auquel sont rattachés des studios. Les architectes ont aussi redéfini la « rue » interne du bunker par le sol, l’asphalte et l’éclairage. 380 LED individuelles, petits points lumineux qui se déplacent légèrement d’avant en arrière au gré du vent, sont suspendues au plafond par des tiges. Cette cathédrale de 92 m de long, imprégnée de pathos et peu éclairée, est l’endroit le plus impressionnant du site. L’eau de pluie y dégouline constamment à travers le plafond.
La quatrième partie du projet se trouve sur le toit. Après la sortie – creusée dans les 4,50 m d’épaisseur de béton de la toiture ! –, on se déplace sur une construction en acier menant à une plateforme où se trouve le radôme, rond et haut de 9 m. J’ai appris avec étonnement qu’il provenait d’une tour de contrôle de l’aéroport de Berlin-Tempelhof, où il avait été installé à la demande de l’Otan. Bien qu’il fût destiné à la ferraille, Finn Geipel, basée avec l’agence à Berlin et à Paris, a réussi à la récupérer. Il fut alors démonté, découpé en pièces détachées et transporté, après la réparation des panneaux endommagés, à Saint-Nazaire. Il y fut remonté, puis hissé sur le toit du bunker. Ce dôme enjambe désormais une scène de 320 m2 destinée à la musique expérimentale.
Une construction aussi légère pour la musique sur ce bunker, bâtie pour l’Otan sur l’ancien aéroport central de Berlin, le plus grand bâtiment du Troisième Reich construit entre 1936 et 1941 : comment imaginer en un tel lieu un signe plus fort pour l’entente entre les peuples et la paix ? Le bunker reste certes un bloc sombre dans la ville, mais la transformation du hall 14 lui a donné une profonde signification. Il est en outre étonnant de voir comment LIN a réussi à conférer à l’ensemble de la construction une légèreté presque ludique. Il semble que rien n’aurait pu être opposé de manière aussi démonstrative à la brutalité du bunker. Peut-être parce que se manifeste ici – la modestie – est sensible dans chaque intervention des architectes.
Maîtres d'ouvrages : Ville de Saint-Nazaire - maître d’ouvrage délégué : Société nazairienne de développement (Sonadev)
Maîtres d'oeuvres : agence LIN (Finn Geipel et Julia Andi) : Hans-Michael Földeak (chef de projet), Joseph Hanimann (projet culturel), Gérard Fleury (scénographie), Yaying Xu, Bruno Suner, Altia Acoustique (acoustique) – BET : Matthias Schuler, Transsolar (étude climatique), Philippe Clément, Batiserf Ingénierie (structure), Michel Forgue (économiste), Louis ChouletSurfaces (fluides)
Surface : 3 300 m2 (alvéole 14), 2 270 m2 (espaces publics)
Coût : 5,9 millions d’euros (alvéole 14) + 1,2 million d’euros (espaces publics)
Date de livraison : 2007
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