Architecte : PAN Architecture Rédigé par Maryse QUINTON Publié le 13/05/2022 |
Sur le site parisien de l’ancien hôpital Beaujon, l’agence Pan signe l’extension d’un hôtel 4 étoiles, jouxtant des logements sociaux et un commissariat. complexe, la réalisation de ce bâtiment devait notamment absorber de fortes contraintes techniques et composer avec trois interlocuteurs différents. Innovant sur la question des usages d’une façade intelligente, le projet se distingue par son niveau de détails et la mise en œuvre de fenêtres guillotines, si rares en France.
Entre la rue de Courcelles et la rue du Faubourg-Saint-Honoré, le site de l’ancien hôpital Beaujon offre l’opportunité d’une réserve foncière de 1,2 hectare en plein 8e arrondissement. Aujourd’hui métamorphosée, cette nouvelle ZAC introduit une mixité programmatique et sociale dans un quartier qui, selon les chiffres de l’Apur, comptait seulement 3,6 % de logements sociaux en 2020. Parmi les différentes opérations livrées figure le lot 7, confié à Nicolas Reymond1, qui comprend vingt-trois logements, un commissariat ainsi que l’extension de l’hôtel 4 étoiles Pley, réalisée par PAN Architecture (Jean-Luc Fugier et Mathieu Barbier Bouvet). Cette dernière prend place dans une situation de dent creuse n’offrant qu’une façade sur la rue Laure-Diebold. Invisible, la prouesse technique fut en premier lieu de construire le bâtiment sur un central téléphonique enterré sur cinq niveaux : « Le projet a été abordé comme une superstructure rigide autonome posée en surélévation de l’infrastructure », expliquent les architectes, qui ont collaboré avec EVP pour mettre au point une solution de poutres-voiles afin d’alléger la structure. Autre contrainte, la présence d’un transformateur électrique au rez-de-chaussée qu’il fallait absorber. Rac- cordée à l’hôtel existant par le comblement
d’une courette, cette nouvelle aile s’élève sur six niveaux et abrite quinze chambres. L’entrée principale s’effectue par la rue du Faubourg-Saint-Honoré.
Dans la ZAC Beaujon, PAN fait le choix d’une écriture sophistiquée, de matériaux pérennes et d’une architecture qui entre en résonance avec son environnement. « Ce projet est d’abord un hommage au patrimoine architectural courant parisien qui domine les rues du secteur. La rigueur d’ordonnancement généralisée comme la diversité des écritures offrent une puissance urbaine dans laquelle l’hôtel cherche à s’inscrire », explique l’agence.
L’une des difficultés principales pour les architectes fut de dialoguer avec les trois interlocuteurs réunis autour de ce projet : le maître d’ouvrage, Élogie-Siemp, le propriétaire de l’hôtel (construit et vendu en Véfa), mais aussi son exploitant. Avec un budget de 2 300 euros/m2, PAN disposait néanmoins d’un matelas confortable pour réaliser cette extension. Afin de garantir la bonne exécution, l’agence a dessiné l’ensemble des détails dès l’appel d’offres pour éviter toute négociation ultérieure, une stratégie qui s’est révélée payante. Avec seulement quinze chambres – l’aménagement intérieur ne faisait pas partie de la mission de PAN –, ce projet est une forme de résistance à la tentation de la rentabilité maximale qui prévaut généralement dans le domaine de l’hôtellerie. Cet engagement en faveur de l’espace se matérialise par des loggias – non demandées au programme – qui prolongent chacune des chambres tout en les mettant à distance de la rue. Ces jardins d’hiver sont enserrés dans une double peau en verre incitant à de nouveau usages et participant au confort de la chambre. Les deux derniers niveaux s’étagent en gradins, dispositif caractéristique du quartier, ce qui permet de dégager des terrasses. Le plateau courant s’organise avec trois chambres sur rue et une quatrième sur cour. En partie supérieure, des chambres en duplex et une toiture accessible.
D’un point de vue constructif, façades et mitoyens sont porteurs afin de libérer les plateaux (14,5 m x 14 m). À la pierre de Saint-Maximin, très présente sur le site, l’hôtel répond par un béton poli noir intégrant des éclats de marbre, parfaitement réalisé par l’entreprise, béton qui s’exprime à travers des éléments préfabriqués de grandes dimensions. L’aluminium, le verre et le béton poli sont les seuls matériaux apparents du projet, mis en œuvre selon le principe des joints creux : « Ils forment un calepinage fin et tramé qui explicite l’assemblage de la matière. C’est une déclinaison de l’expressivité constructive du joint mise en avant comme figure ornementale. » Une matérialité qui renforce le statut singulier de cet hôtel dans la ZAC. Mais le tour de force des architectes est la mise en œuvre de fenêtres guillotines avec le fabricant-poseur Vitrocsa. En théorie incompatibles avec les réglementations françaises en vigueur, ces menuiseries ont nécessité un certain nombre de dérogations et le soutien sans faille du maître d’ouvrage : « Leur mise en œuvre a demandé un travail fascinant de détails. Des poulies et des contrepoids sont cachés de chaque côté des fenêtres derrière la grille de façade béton. Ils permettent d’ouvrir avec la simple force d’un doigt ces verres de 4 m de large, tenus par des cadres aluminium de 2 cm de vue », précisent les architectes. Malgré une surface modeste, ce projet aux allures « d’orfèvrerie urbaine » brille par la précision de ses détails et de sa réalisation dans le contexte de la ZAC Beaujon, où la qualité est loin d’être toujours au rendez- vous.
Maîtres d'ouvrages : Élogie-Siemp
Maîtres d'oeuvres : PAN Architecture (architectes) ; EVP (structure) ; Choulet (fluides) ; BMF (économiste)
Entreprises : Outarex-SPIE Batignolles (entreprise générale) ; Vitrocsa (menuiseries guillotines) ; Jousselin (préfabrication béton)
Surface SHON : 700 m2
Coût : 1,6 million d’euros HT
Date de livraison : 2021
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