Architecte : Lacaton & Vassal Rédigé par Richard SCOFFIER Publié le 02/07/2022 |
Le Palais de Tokyo s’est imposé depuis le début des années 2000 dans le paysage culturel parisien. Revenons sur son histoire et sur la coupure épistémologique qu’il propose après son réaménagement par Lacaton & Vassal. Des architectes qui ont moins raisonné en termes de parcours, d’espace et de lumière que de territoire et de possible. Et qui ont refusé de le voir comme un lieu de consécration, pour le considérer tel un lieu de questionnements et de remises en cause...
Le Palais de Tokyo fut édifié pour l’Exposition internationale de 1937 par quatre architectes beaux-arts sur un terrain difficile possédant deux sols de référence : l’avenue du Président-Wilson menant à la colline du Trocadéro, et le quai de Tokyo. Une structure arachnéenne en béton monte ainsi à l’assaut du dénivelé. Ce squelette invisible suit un plan très classique : un vaste portique crée un axe composé de plusieurs terrasses successives descendant vers le fleuve, et fermées de part et d’autre par deux ailes qui s’arrondissent pour mieux s’ouvrir sur la Seine. L’ensemble est habillé d’une enveloppe en marbre de style Art déco, tandis qu’à l’intérieur de hauts volumes de plâtre viennent s’immiscer dans l’ossature comme autant de bouteilles dans leur casier. En haut, les salles d’exposition prennent leur lumière zénithale de verrières placées en toiture ou de baies situées en parties hautes des murs ; en bas, à l’abri de la lumière, s’étendent les réserves et les auditoriums...
Dans cette institution sans collection depuis la création du Centre Pompidou et du musée d’Orsay, les architectes Lacaton et Vassal se sont ingéniés en deux étapes (2002 et 2012) à chambouler toutes les hiérarchies. Ils ont supprimé les cloisonnements et les faux plafonds pour révéler un paysage inouï, circonscrit à l’intérieur de l’enveloppe en marbre. Ici, des plages claires où, à certaines heures de la journée, la lumière tombe en cascade des verrières débarrassées de leurs filtres, tandis que là, des failles sombres et vénéneuses s’ouvrent sans préavis comme les crevasses du Voyage au centre de la Terre, le roman de Jules Verne... En se focalisant sur la mise aux normes, l’accessibilité, la ventilation et l’éclairage, les architectes ont libéré tous les interstices fermés pour les rendre abordables par des rampes ou des escaliers métalliques.
Un geste fort qui permet de désacraliser l’espace muséal, isotrope, dans lequel n’importe quel objet est immédiatement transfiguré et obtient d’emblée le statut particulier d’œuvre d’art. Dans l’étendue allogène nouvellement créée, les productions artistiques ne sont plus exposées mais simplement posées afin de conserver leur part d’inachèvement, leur statut de production en devenir, comme si aucune aura ne pouvait leur être immédiatement accordée. Comme si l’art montré était vivant, en train de se faire, en procès permanent.
Maîtres d'ouvrages : Ministère de la Culture, délégation aux Arts plastiques
Maîtres d'oeuvres : Lacaton & Vassal
Surface : 7 800 m2
Coût : 3,1 millions d’euros HT
Date de livraison : 2002
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