Architecte : Sophie Delhaye Rédigé par Soline NIVET Publié le 16/06/2022 |
Oui, l’architecture de l’habitat est aussi stimulante que celle d’un musée ; non, les plans des logements ne sont pas figés. Oui, l’espace domestique est celui depuis lequel peut et doit se rejouer, à chaque nouveau projet, l’essentiel du travail de l’architecte !
L’habitat collectif d’aujourd’hui paraît tellement contraint dans ses surfaces, normes, coûts et labels qu’on en oublie souvent qu’il peut encore inspirer des projets exigeants et généreux, à condition de ne céder à aucun automatisme, et surtout d’en éprouver le désir et l’urgente nécessité. À condition aussi de dialoguer en amont avec les services constructeurs et gestionnaires de la maîtrise d’ouvrage pour mieux les impliquer dans la réflexion.
Ce projet de 40 logements sociaux par Sophie Delhay pour Grand Dijon Habitat montre qu’il est encore possible de renverser les présupposés en revendiquant les éléments fondamentaux de l’architecture.
Pièce, figure, structure, fenêtre sont ainsi ici convoquées en une savante combinatoire mise au service de la seule question qui vaille : comment habiter aujourd’hui, demain, seul, ensemble, tous ensemble ? Quarante logements envisagés comme 240 pièces. Et le jeu peut commencer, en conversation avec toute l’histoire de l’architecture de l’habitat pour mieux la questionner. D’abord celle de la distribution, puis de la spécialisation progressive des espaces. En proposant la pièce comme seule unité de jeu, Sophie Delhay pose ici un premier axiome : une pièce est avant tout une pièce, elle n’est a priori ni chambre, ni salon, ni couloir, ni loggia. Elle est avant tout la meilleure pièce possible.
À meilleure pièce possible, meilleure géométrie. Le choix du carré pourrait sembler neutre, il est ici invitation. À doter chaque espace habité d’une forme entière et choisie. À cesser définitivement de proportionner les chambres comme des places de parking.
L’intelligibilité de la figure est soutenue par le choix constructif : une trame carrée de 3,8 m, poteaux-dalles sans poutraison, lui donne sa mesure, à lire par les larges ouvertures coulissantes d’une pièce sur l’autre. Dès lors, l’agencement de six carrés (cinq + deux demi-carrés pour la cuisine et les sanitaires) permet de mettre au point le plan d’un trois-pièces qui sert triplement de matrice : pour suggérer toutes les appropriations permises aux habitants ; pour en décliner 18 autres types dans l’ensemble du projet (du studio au quatre-pièces jusqu’à la maison en rez-de-chaussée) ; pour écrêter la silhouette du bâtiment tout en réservant au passage un espace commun à tous les résidents.
Vient enfin la fenêtre. Qui renoue avec une épaisseur que nous pensions perdue : celle d’un tableau habitable. Un rideau au nu intérieur, un rebord comme une assise, un cadre comme une alcôve. L’intimité avec le dehors.
Maîtres d'ouvrages : Grand Dijon Habitat
Maîtres d'oeuvres : Sophie Delhay (architecte), Clara Berthet & JDM (paysagistes) – BET : EVP, B52, VPEAS, VERDI
Surface SDP : 2 800 m2
Coût : 4 millions d’euros HT
Date de livraison : 2019
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