Sur le boulevard Pasteur à Paris, Triptyque livre la Villa M, un bâtiment au programme inédit, entièrement dédié à la santé de demain. Pour ce faire, l’agence franco-brésilienne s’est associée aux paysagistes de coloco. Ces derniers ont fait de la façade principale un manifeste naturaliste, démontrant que la végétalisation peut être autre chose qu’un artifice dans la capitale, pour peu qu’on crée les bonnes conditions de sa réalisation.

C’est un programme inédit qui s’est installé sur le boulevard Pasteur dans le 15e arrondissement. Sur l’initiative du Groupe Pasteur Mutualité, née d’une aventure collective et d’une programmation expérimentale, la Villa M regroupe différentes entités autour des enjeux de la santé de demain : « Une villa Médicis de la santé, ouverte 24 heures sur 24, foisonnant d’idées, d’échanges. Un lieu hybride d’intelligence et d’excellence », résume Thierry Lorente, directeur général de GPM, maître d’ouvrage. Le public visé est celui des soignants, mais les Parisiens et les touristes sont aussi invités à pousser les portes de la Villa M. Encadré par deux immeubles mitoyens, le bâtiment s’organise sur sept étages avec, au rez-de-chaussée, ouvert au public, le restaurant, le bar et le lobby. Le premier étage abrite le showroom innovation et l’espace de coworking, tandis que le club de sport et le centre de prévention se trouvent au deuxième niveau. Jusqu’au septième étage se trouvent ensuite les 73 chambres d’hôtel. Au-delà, le toit-terrasse agrémenté d’un jardin médicinal tutoie le ciel de Paris. Réalisée en structure béton, la Villa M est conçue comme un exosquelette monumental qui accueille une végétation foisonnante. Car sur le boulevard Pasteur se lit l’histoire de Triptyque. Olivier Raffaelli et Guillaume Sibaud ont longtemps vécu à São Paulo, où ils ont créé leur agence en 2000 avant de s’établir à Paris. L’architecture nourrie aux influences tropicales est peu à peu devenue leur marque de fabrique, et c’est à l’aune de cette histoire personnelle que s’entrevoit la Villa M. Pour concevoir ce bâtiment aux accents brutalistes, ils ont travaillé main dans la main avec le paysagiste Pablo Georgieff (Coloco) pour mettre au point ce « manifeste naturaliste », sans pastiche ni folklore. « Un jardin vertical », c’est ainsi qu’architectes et paysagiste envisagent la façade principale. Les plantes ont été soigneusement choisies, de même que les conditions de leur développement ont été mises en œuvre avec minutie. Ce sont ainsi 40 cm de terre végétale sur 80 cm de profondeur qui, à chaque étage, accueillent les différentes essences. Depuis les chambres, dont la décoration a été confiée à Philippe Starck, le rapport à la ville s’en trouve profondément modifié. Cette mise à distance réinterprète ce que peut être l’architecture des boulevards parisiens, prolongeant l’espace de l’intime à l’extérieur sous forme d’une épaisseur luxuriante habitable et dissolvant les limites. L’été, ce rideau végétal atténue l’ensoleillement matinal. En hiver, la végétation laisse davantage pénétrer le soleil, qui peut réchauffer naturellement les espaces intérieurs. À l’heure du défi climatique et au-delà de son programme innovant, la Villa M ouvre ainsi une réflexion sur la façon dont la conception d’un bâtiment peut concourir à sa propre maîtrise énergétique.