Architecte : Lacaton & vassal, Frédéric Druot et Christophe Hutin Rédigé par Karine DANA Publié le 19/06/2022 |
Toutes les villes contiennent des « bâtiments surprises » pour qui se risque à les regarder de l’intérieur. La Cité du Grand Parc à Bordeaux en fait partie. Par cette opération spectaculaire, les architectes démontrent encore combien le potentiel de transformation du patrimoine des années 1960 est aujourd’hui porteur des modèles des plus ouverts et inédits en matière d’habiter.
Lancée dans le cadre de l’appel à projets pour la construction de 50 000 logements sur la CUB (Communauté urbaine de Bordeaux), la réhabilitation des 530 logements de la Cité du Grand Parc (avec la création de huit maisons sur le toit) marque un important saut d’échelle. Répartis en trois bâtiments – deux de 15 niveaux et un de 10 étages –, les logements existants aux façades maçonnées profitent d’une relation privilégiée avec le centre de Bordeaux, de vastes espaces verts, d’équipements et bien sûr de vues imprenables sur la ville. Leur évolution a été abordée par un questionnement sur les conditions de production d’un espace vital : « Si l’objectif est de donner plus d’air, plus de lumière et de liberté aux habitants, cela ne devrait pas coûter cher... Quelles sont donc les interventions minimales qui permettent d’offrir cela ? » se demandent les concepteurs, qui ouvrent ainsi le débat sur l’importance de penser l’économie de la ville à partir de celle de la transformation. Dans le prolongement de leur expérience menée pour la tour Bois-le-Prêtre à Paris (17e), et plus fondamentalement avec la maison Latapie à Floirac (33), l’objectif des architectes est ici de rapprocher la question de la spatialité et du plaisir d’habiter avec celle, cruciale, de l’énergie. En cela, le jardin d’hiver – tout comme la serre rapportée devant un espace standard – constitue la pièce maîtresse de ces intentions de dépassement. Par les différents milieux qu’elle permet de traverser et la béance sur le paysage qu’elle fabrique, cette extension devient cette « architecture de l’environnement bien tempéré », comme a pu l’évoquer Reyner Banham, mais aussi un double poétique du logement, sa possibilité de fiction. « Nous avons senti assez tôt l’importance de cette idée du double avec la maison Latapie. L’important n’était pas de tout agrandir un peu mais de donner de vrais espaces de liberté. Au Grand Parc, le jardin d’hiver est la pièce la moins définie comme espace habitable, et pourtant elle est celle où l’on s’amuse le plus ! C’est une réponse aux contraintes et à la compression dont souffrent la plupart des logements. Il n’est plus possible de fonder la qualité d’une ville en comprimant l’espace individuel sous prétexte de la densité », défendent les architectes.
De grande dimension – 3 m de large dans sa partie intérieure et 1 m dans sa partie en balcon sur une dizaine de mètres en longueur –, le jardin d’hiver passe devant chaque pièce du logement et en transforme l’usage. Placé devant la salle de bains, la chambre, le salon et la cuisine, il devient un dispositif de questionnement de l’habitat et des habitudes. Selon les saisons, il est pièce en plus, salle de jeu, cour intérieure protégée ou salon de jardin, produisant ici des espaces de récréation, de jardinage, de danse, ailleurs des espaces de lecture ou de promenade. Ainsi, il invite l’habitant à redevenir physiquement actif dans son logement, encouragé à fabriquer sa propre enveloppe, sa relation au dehors, à la rue, au paysage, en réglant son environnement lumineux et thermique, plus ou moins clair, obscur, frais, aéré, ouvert, confiné... À l’instar du patrimoine de la Cité du Grand Parc, des milliers d’autres logements nécessitent une remise aux normes énergétiques. Pourtant, exemplaire tant du point de vue des libertés d’usage qu’elle procure que de sa maîtrise énergétique et de l’économie de sa construction, cette expérience se heurte de manière incompréhensible aux politiques urbaines, ostensiblement favorables à une culture de la démolition.
Maîtres d'ouvrages : Aquitanis, office public d’HLM de la communauté urbaine de Bordeaux
Maîtres d'oeuvres : Anne Lacaton & Jean-Philippe Vassal, Fréderic Druot, Christophe Hutin, avec Marion Cadran, Vincent Puyoo, Julien Callot, Marion Pautrot
Surfaces : 44 210 m2 (existant), 23 500 m2 (extensions)
Coût : 27,2 millions d’euros HT (transformation), 1,2 million d’euros HT (nouveaux logements)
Date de livraison : 2016
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