Architecte : AAPP / Philippe Prost Rédigé par Jean-Paul ROBERT Publié le 23/06/2022 |
Porté par la Région d’après un projet conçu par l’historien Yves Le Maner, ce mémorial a été inauguré le 11 novembre 2014 par le président de la République d’alors. Il épelle dans la pierre les noms des près de 580 000 combattants de 40 nationalités différentes, tous victimes des combats de la seule première année de la Grande Guerre, autour de cette clef du Bassin minier. L’Anneau de la Mémoire a été unanimement salué pour sa pertinence et sa justesse.
Adolf Loos énonçait que l’architecture n’a raison d’être un art et de faire œuvre que lorsqu’elle s’applique à un tombeau ou à un monument commémoratif. Ici, le tombeau est le site lui-même. Cette colline qui domine Lens et le Bassin minier a été déchirée, hachée, pilonnée, une année durant. Les cadavres y ont été ensevelis dans la boue et le sang ; leurs restes ont pour la plupart été exhumés et recensés, quand d’autres n’en finissent pas de refaire surface, aujourd’hui encore. Il y avait déjà, au sommet de la colline, un monument commémoratif, une nécropole réservée aux seuls soldats français tombés ici, avec un cimetière, une basilique, une lanterne, parfaits exemples de ce que Jean-Marie de Busscher qualifiait d’art « patrioticotumulaire » : à la fois grandiose et sinistre. Un siècle plus tard, il ne s’agissait plus de célébrer une victoire, mais d’honorer les victimes en rappelant leur mémoire. L’anneau conçu par Philippe Prost est fiché dans la pente en contrebas de la nécropole, face à la colline de Vimy, théâtre d’autres combats. Il est à l’horizontale, de sorte qu’il est encastré dans la terre au plus haut avant de léviter au-dessus du sol qui se dérobe avec la pente. Presque entièrement fermé de l’extérieur, il est ouvert au ciel à l’intérieur : un cloître ellipsoïdal. On accède au jardin qu’il délimite soit par une tranchée, depuis le sommet, soit par le bas, en passant dessous. Tout du long (sauf une fente qui laisse voir Vimy), un livre de pierre, dont les feuilles, déployées en accordéon, égrènent la litanie de noms aux consonances du monde, sans distinction de race ni de nation : des hommes, rien que des hommes, tombés, fauchés.
L’extrême sobriété de la conception, la modestie des moyens, la perfection de la réalisation, le retrait des efforts, l’effacement des prouesses, l’absence de pathos, la monumentalité discrète : tout sert au recueillement, à l’anamnèse, à l’émotion singulière et non plus collective. Avec modestie, mais à l’évidence, l’architecture fait ici œuvre d’art. « Par essence révolutionnaire », toujours selon Loos, elle « pense l’avenir » parce qu’elle rappelle un passé qu’elle revisite, répare et reconstruit.
Maîtres d'ouvrages : Conseil régional du Nord-Pas- de-Calais
Maîtres d'oeuvres : Philippe Prost (AAPP), Lucas Monsaingeon (chef de projet), Pierre di Sciullo (graphiste, typographe), Jean-Marc Weill (ingénieur-architecte) – BET : Raphaël Fabbri (C&E Ingénierie BET structure), David Besson-Girard, Frédéric Reverseau (paysagiste), Yann Toma, Paul Marchessea (création lumière), Bureau Michel Forgue (économiste), Bureau Louis Choulet (BET Fluides, HQE), Artefactory Lab (images et vidéo)
Surface : 15000 m2
Coût : 4 millions d’euros
Date de livraison : 2014
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