Architecte : Bruther Rédigé par Richard SCOFFIER Publié le 24/06/2022 |
Le premier équipement de Stéphanie Bru et d’Alexandre Thériot semble a priori à la limite de la préciosité. Pourtant, son analyse révèle qu’il contient en germe tous les principes de leur démarche actuelle. Ce petit équipement du quartier Saint-Blaise sait se mettre en scène dans une cour entourée de hauts immeubles qui définissent un monumental amphithéâtre de logements. Malgré sa taille modeste, il parvient à s’imposer en ménageant stratégiquement ses effets. Ainsi, depuis la rue Mouraud, on ne perçoit qu’une intrigante façade latérale avant d’être accueilli par celle de l’entrée qui s’ouvre en léger arc de cercle borrominien autour d’une tour d’escalier. À l’arrière-plan, les terrains de sport savent poliment mettre les logements à distance afin de leur accorder la respiration, le souffle d’un édifice public. Le rez-de-chaussée diaphane possède une double-hauteur, tandis qu’au-dessus s’étire une strate de salles de réunion, sur laquelle vient prendre appui un couronnement monumental composé d’un balcon en corniche, d’une horizontale vitrée et d’un bardage sombre dont la découpe trahit les voûtes de la grande salle du dernier étage. Le léger est en bas, et le lourd en haut : une permutation maniériste qui n’est pas sans rappeler celle du palais Massimo alle Colonne réalisé au XVIe siècle à Rome par Baldassarre Peruzzi. Et la structure porteuse procède de la même inversion rhétorique. En effet, les puissants contreventements obliques s’opposent aux poteaux chétifs placés dans les angles. Car les premiers portent les planchers en porte-à-faux, tandis que les seconds travaillent en tension pour assurer la stabilité de l’ensemble.
À l’intérieur, le hall est surtout marqué par le bloc bureau suspendu au-dessus de la banque d’accueil et recouvert de miroirs, qui le font disparaître comme par enchantement et brouillent la perception spatiale pour mieux faire allégeance à la modernité sensuelle de Niemeyer – on songe au casino de Pampulha – plus qu’à celle, cérébrale, du Corbusier. Tandis que l’étage, totalement vitré, met en exergue ses plafonds bas et bruts où courent les réseaux et que la salle des arts du cirque reste dominée par ses voûtes métalliques auxquelles sont suspendus les agrès...
Il est particulièrement émouvant de revenir vers le premier édifice public de cette agence qui bénéficie maintenant d’une aura internationale. L’écriture de Stéphanie Bru et d’Alexandre Thériot s’est certes simplifiée et épurée pour devenir plus incisive, mais de nombreux thèmes baroques y persistent. Il en va ainsi des miroirs, que nous retrouverons sur le mur de la salle commune de la résidence pour chercheurs de la cité universitaire, ou de la courbe de la façade autour de l’escalier qui réapparaît à une autre échelle dans les angles des murs qui s’arrondissentautour des colonnes du parking/résidence du campus de Saclay. Dans ce même bâtiment, les plafonds en béton brut feront leur retour, cette fois débarrassés de tout appareillage, dans la sous-face lisse des dalles des parkings, ainsi que dans les coques en béton qui protègent les séjours des duplex du dernier niveau...
Partout le même rationalisme, le même esprit mathématique, la même réflexion intransigeante sur la structure capable, avec, en supplément : un grain de folie, un vent d’irrationalité radicale qui, loin de toute amnésie, sait nous replonger dans une océanique et insondable culture architecturale.
Maîtres d'ouvrages : Ville de Paris
Maîtres d'oeuvres : Bruther (architectes) – Partenaires : Altia, Batiserf, Bureau Michel Forgue, Louis Choulet
Surface : 1 300 m2
Date de livraison : 2014
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