Architecte : Toshiko Mori Architect Rédigé par - ALICE WEIL ET ALISON GOREL LE PENNEC Publié le 10/03/2015 |
Au nord-est du Sénégal, à la frontière de la Gambie, vient d'ouvrir un centre culturel dans le village de Sinthian. Situé à plusieurs heures de route de Dakar, il faut parcourir plus de 500 kilomètres de pistes pour arriver dans ce lieu isolé. Une réalisation signée par l'architecte et enseignante à Harvard Toshiko Mori et initiée par la Fondation américaine Josef et Anni Albers, couple d'artistes emblématique du Bauhaus. Josef (1888-1976), célèbre pour sa série de peintures abstraites Hommage au carré, Anni (1899-1894), pour ses sérigraphies et ses tissages. Après avoir fui l'Allemagne nazie dès 1933 pour les États-Unis, tous les deux furent enseignants pendant quinze ans au Black Mountain College en Caroline du Nord.
Nommée « Thread » (fil conducteur) en double référence à son souhait d'entreprendre une mission unificatrice et au travail sur textiles d'Anni Albers, la Fondation initie une action qui lui est chère puisque le nouvel édifice incarne la vision des deux artistes formés au Bauhaus. Pour Nicholas Murphy, membre de l'institution et directeur du projet, « le programme artistique est inspiré aussi bien par les convictions d'Anni, certaine que l'on peut tout 'commencer de zéro', que par le désir de Josef, tout au long de sa vie, d'utiliser 'un minimum de moyens pour un maximum d'effets'. »
Ayant déjà collaboré avec la Fondation sur divers travaux, Toshiko Mori a conçu ce bâtiment sans compensation financière. C'est avec ses étudiants de l'école d'architecture de l'université d'Harvard, dans le cadre d'un studio de projet du programme de masters, qu'elle a découvert le lieu. Une année après ce premier déplacement, l'architecte a été chargée de réaliser le projet. Elle l'a confié à Jordan MacTavish, ancien étudiant d'Harvard qui s'était rendu à Sinthian, désormais diplômé et exerçant à l'agence de Toshiko Mori. C'est le Dr. Magueye Ba, sénégalais originaire de Dakar, qui a coordonné et supervisé l'avancement du chantier.
Nicholas Murphy et Toshiko Mori affichent sans détour leur ambition : faire du centre culturel et de la résidence d'artistes un bâtiment au service de la communauté. Le nouvel édifice ne se contentera pas d'accueillir des artistes et d'héberger des événements, mais approvisionnera également le village en eau et créera du travail pour ses habitants en les faisant participer à la construction. « Nous désirions utiliser le toit pour nous procurer et stocker l'eau pendant la saison des pluies. La structure devait être productive et utile pour faciliter la vie quotidienne de ses occupants », explique l'architecte. Paramétrie et ressources locales ont respectivement optimisé conception et réalisation. « Bien que la Fondation ait apporté un certain support et se soit investie dans le programme de Thread et dans sa construction, le bâtiment est entièrement construit par la communauté de Sinthian, pour la communauté de Sinthian », commente Nicholas Murphy.
Mais au-delà de l'aspect fonctionnel, tout est mis en œuvre pour que Thread rende tangible les idées de la Fondation. Sortir l'art contemporain d'une sphère élitiste en la rendant accessible à la communauté de Sinthian et désenclaver ce village reclus en y édifiant un lieu dédié à l'échange culturel.
L'organisation, parfaitement symétrique, s'articule autour d'un espace central couvert consacré aux rencontres. Ce lieu de rassemblement, élément principal du centre culturel, communique avec deux cours elles-mêmes attenantes aux deux ateliers d'artistes. Différents détails rappellent l’œuvre des Albers, comme par exemple la disposition des briques reprenant le « motif mur » de Josef en s'adaptant aux conditions climatiques locales : « Magueye Ba nous a indiqué que nous avions besoin d'espacement entre les briques sur les murs est et ouest, de manière à laisser l'air circuler, mais ces murs devaient être conçus de telle sorte que la poussière et la saleté ne puissent pas s'immiscer dans le bâtiment. Nous avons travaillé avec lui pour adapter le motif du mur de Josef Albers aux coutumes locales propres à ce type de murs perforés », explique Nicholas Murphy.
Pour l'ouverture en mars 2015, ce sont quatre vidéastes londoniens de Zoya Films qui ont été invités à être les premiers résidents. Ils développeront quatre vidéos en lien direct avec la communauté. Un projet faisant écho au reportage photographique des habitants du village, réalisé en mai dernier en préambule à l'inauguration de Thread.
Maîtrise d'ouvrage : Fondation Josef
et Anni Albers
Maîtrise d’œuvre : Toshiko Mori Architect
Programme : Centre culturel et résidence d'artistes
Surface : 1048 m²
Calendrier : inauguration, 4 mars 2015
Photographies : Iwan Baan, Tatcher Cook, Jordan MacTavish et Magueye Ba
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