Idées fortes du projet et ses principales déclinaisons
Un nouvel ordre issu de la relation entre composition d’origine et nouveaux enjeux programmatiques.
Originellement, le bâtiment – l’Hôtel Méditerranée construit en 1911 – affiche un ensemble de façades néo classiques, composé par une rythmie et une succession d’ordres étrangers à la réalité des usages des pièces contiguës. Ainsi les mêmes typologies de chambres peuvent être tout autant éclairées par une très grande baie tripartite avec un balcon pierre que par une fenêtre simple à garde-corps en ferronnerie. Cette décorrélation entre façades et pièces a été accentuée lors de la transformation de l’hôtel en bureaux. Le projet a visé à établir une cohérence entre le statut des baies et celui des façades ; un nouvel ordre du plan est ainsi apparu sur la base de cette nouvelle règle de conception.
Ce nouvel ordre a permis également d’améliorer le système distributif commun et de mettre en exergue des qualités compositionnelles originelles de l’hôtel, tout en l’adaptant à l’échelle du logement collectif : hall traversant en rez-de-chaussée, disposition quasi annulaire en étages, limitation à deux circulations verticales de la distribution. De la même manière, dans les parties privatives, les circulations en façade ont été systématisées, de manière à générer des apports de lumière diagonaux et linéaires dans les logements, tout en limitant les surfaces de déambulation.
L’adaptation de ces nouvelles règles a également permis de maximiser le nombre et le type de logements (suppression des deux courettes, variété des types, …), tout en créant des logements traversants, inexistants à l’origine.
Il a été souhaité que la multiplicité programmatique définie par le maitre d’ouvrage (logements, commerces, bureaux et locaux du personnel de la Direction de la Propreté et de l’Eau) ne soit pas littéralement révélée en façade. La claire répartition volumique de ces différents programmes, ainsi qu’un traitement commun et décliné des éléments de façades correspondant a permis de rendre compte finement de ces distinctions tout en respectant l’équilibre général du bâtiment dans son contexte (marquise discrète pour l’entrée logements, menuiseries monumentales pour les commerces, menuiseries redivisées pour les locaux de la DPE, …). Ces choix essentiellement menuisés dans la hauteur majestueuse du rez-de-chaussée, ont participé à l’établissement d’une relation forte entre l’édifice et l’espace public par la libération du sol et l’affirmation d’une identité nouvelle du rez-de-chaussée.
Système de construction et matériaux utilisés
Des nouveaux systèmes cohérents et adaptés à la connaissance de ceux existants.
Le bâtiment existant est construit à partir de plusieurs modes structurels : pierre de taille porteuse en façades rue, briques en façades cours et courettes, pan de fer en refends longitudinaux, charpente bois au dernier étage. Les planchers sont constitués de profilés métalliques avec remplissage en hourdis creux de mâchefer.
L’ensemble de ces matériaux a pu être restauré à l’identique, complété dans ses parties altérées ou
manquantes. Les interventions lourdes en structure se sont opérées en structure acier également, s’associant ainsi en souplesse avec les pans de fers existants. L’ensemble a par ailleurs été largement allégé par les démolitions de cloisons lourdes, ainsi que par la mise à nu des planchers d’origine, après évacuation des recharges successives.
Les isolants verticaux bio sourcés rapportés ont été choisis afin de compléter cet assainissement général : lin chanvre coton (R = 3.85 m².K/W ) en façades principales intérieures et liège (R = 4.00 m².K/W ) en extérieur des courettes. Les isolants en comble sont en laine de roche (R = 7.36 m².K/W) alors que les planchers hauts des commerces et bureaux sont réalisés par un flocage en ouate de cellulose (R = 3.33 m².K/W).
La végétalisation du cœur d’îlot permet également de limiter l’effet de diffusion de chaleur en été.
Les produits de second œuvre tel que le parquet en chêne dans les logements, les menuiseries extérieures en bois de conifère lamellé-collé, les persiennes acier thermolaquées ainsi que les carrelages au sol des pièces humides ont participé à la qualité recherchée, que ce soit en termes de confort, de pérennité que de note environnementale.
Les menuiseries extérieures des commerces, de la DPE et des parties communes des logements sont en acier thermolaqué couleur bronze ; elles s’intègrent ainsi avec harmonie aux couleurs des pierres formant le socle de l’édifice.
La compacité du bâtiment, ainsi que sa forte épaisseur et la continuité de ses parois extérieures, ont favorisé une bonne efficacité du travail sur l’enveloppe. L’objectif de performance environnementale, au-delà de la possibilité du raccordement au CPCU, a pu tirer bénéfice des qualités existantes de l’enveloppe en assurant une parfaite continuité de la barrière thermique.
La Certification BEE Rénovation exigeait d’atteindre, dans le cadre de l’obtention du Label Effinergie
Rénovation, un Cep inférieur à 80 kWhep/m²/an. L’objectif retenu, projeté et atteint est un Cep de 57
kWhep/m²/an ; il a été rendu possible par une attention particulière portée aux spécificités structurelles et de
matérialité de l’édifice, ainsi qu’une étude détaillée et contrôlée de l’ensemble des ponts thermiques inhérents au type constructif.
Maîtres d'ouvrages : ELOGIE-SIEMP
Equipe de maitrise d'Å“uvres :
ARCHITECTE : DE JEAN MARIN ARCHITECTES ET ASSOCIE.E.S
BET STRUCTURE / FLUIDES : ALTEREA / BET TCE
BET ACOUSTIQUE : GAMBA
Entreprise générale: PARIS OUEST CONSTRUCTION
DATE PERMIS DE CONSTRUIRE : Août 2020
DURÉE DU CHANTIER OU DE LA RÉALISATION : 36 mois
DATE DE LIVRAISON : Avril 2024
MONTANT DE L'OPÉRATION : 13 M€
SUPERFICIE DE L'OPÉRATION : 6 844 m² dont 4388 m² de logements et 584 m² de commerces