Architecte : Atelier EGR Rédigé par Giacomo GUIDOTTI Publié le 27/07/2020 |
Fondé en 2013, l’atelier est engagé sur des projets de nature et d’échelle très différentes. De l’étude urbaine à la construction de logements et d’équipements publics, les projets de l’atelier cherchent à s’inscrire dans une continuité culturelle et cherchent la juste mesure des moyens à employer pour offrir des réponses précises, sensibles et durables. L’approche attentive au contexte mais aussi à la question de la construction et de la forme, aspire à créer une architecture responsable et empreinte de son époque. Le bureau a reçu le prix des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes en 2016, prix décerné par le ministère de la Culture et de la Communication.
Logements individuels et ville diffuse.
Quoi faire de nouveau ?
De différent ?
Tout a été essayé. Tout a été fait. Y compris les innombrables fautes qui s’ajoutent les unes aux autres pour former la marée de banalités de nos périphéries. Une masse de gesticulations individualistes qui finissent pour se rassembler les unes aux autres : toutes identiques dans leurs besoins d’être différentes.
Je connais le problème parce que je m’y confronte depuis toujours avec ma pratique professionnelle. Dans une autre banlieue très différente et en même temps banalement identique. Je connais la difficulté de résister à la tentation facile de se contenter de faire mieux la même chose. De cultiver le confortable plaisir de juxtaposer des monuments autoréférentiels les uns aux autres, comme dans un cimetière. Comme si en faisant ainsi, on pourrait d’une manière ou d’une autre améliorer la situation.
Chaque période historique a su concevoir sa propre ville, à son image. Avec toutes ses vertus et ses défauts. Un espace de vie propre dans lequel vivre avec l’autre, pour l’aider et pour recevoir de l’aide. Des espaces de rencontre pour recevoir des attentions et pour en donner, pour aimer et être aimé, pour demander et recevoir des réponses. La ville donc comme nécessité pour rendre solide la communauté. Un champ d’expérimentation incroyable, dans l’histoire, où réaliser des inventions extraordinaires. Les places, les parvis, les cours, les parcs, les jardins, les routes, les rues, les ruelles, les venelles, les boulevards, les quartiers les bourgades les villes, les villages, etc.
Quelle richesse !
La société démocratique contemporaine, elle aussi, n’a pas échappé à son devoir. Elle a su produire son propre habitat : la ville diffuse. À sa propre image, cette société démocratique dont la conquête la plus importante est le droit à la consommation, a généré une ville individualiste où l’espace commun - autrefois espace public - est réduit, dans une désarmante banalisation du langage urbain, à la route qui répond désormais uniquement à des questions utilitaristes de transport véhiculaire. Chaque individu, souverain chez soi, est propriétaire d’une forteresse dont l’intégrité est protégée par un no man’s land, une bande de terrain dépouillée de tout sens, que l’on appel jardin. L’espace collectif, semi-privé ou semi-public qui soit, est complètement disparu avec tous les espaces intermédiaires nécessaires à la transition entre espaces publics et espaces privés, entre ville et habitat. Dans cette ville, le territoire, comme toute marchandise qui possède une valeur de marché, est réduit à un simple bien de consommation.
La première œuvre réalisée par l’agence EGR essaye de résister à tout ça. Avec simplicité ainsi que consciente détermination.
L’arrivée sur le site se fait par un espace commun. Un simple parking partagé, enrichi par une rangé d’arbres. Le prélude, peut-être, à une allée bien plus grande que la parcelle intéressée par l’actuel projet. Pourquoi ne pas imaginer qu’un projet d’habitations individuelles puisse déclencher la future réalisation d’une route avec une véritable dignité publique ? Un espace public dessiné et généré par le privé, dans une logique de conception qui se fait du bas vers le haut et pas dans l’inutile attente d’une planification d’espace commun qui devrait se faire par une volonté publique, du haut vers bas. Cet espace d’arrivée, ainsi conçu, a la légitime ambition de devenir un lieu de rencontre, de jeux, de partage.
L’élévation qui se dresse face à cet espace collectif est abstraite et rythmée par des pleins et des vides. Le caractère qui en découle dépasse l’échelle strictement domestique du bâtiment pour lui donner un caractère public capable de supporter le front de rue.
Le visiteur dépasse la première rangée de maisons à travers un seul passage et débouche dans un autre grand espace collectif. Le deuxième et le plus important : la cour centrale. Sur cet espace s’ouvrent tous les logements profitant de la mise en commun des morceaux de terre autrement fragmentés en unités trop minuscules pour avoir une quelconque qualité. Ceci n’empêche aux logements d’avoir des petits patios individuels dans lesquels se retirer en toute intimité. En cela le projet sort clairement des limbes idéologiques un peu naïfs et devient une réalité construite convaincante. Réalité dans laquelle les relations entre les espaces publics, collectifs et privés sont gérés avec justesse. L’alternance et le caractère de ces espaces permet en effet de vivre les différentes dimensions de l’habiter.
Le dosage des rapports entre collectif et privé, des rapports d’échelle entre public et domestique, ainsi qu’un langage architectural jamais excessif rendent ce projet exemplaire dans le courage des intentions.
Maîtres d'ouvrages : Famille et Provence Habitat
Maîtres d'oeuvres : Atelier EGR ; SP2I (BET TCE), A2MS (acoustique)
Surface SHON : 810 m²
Cout : 1 340 000
Date de livraison : Livré (mai 2019)
Maître d’ouvrage : IMMOBILIERE 3F / EPA ORSAEquipe de maîtrise d’œuvre :ARCHITECTE : DE JEAN … [...] |
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