Architecte : Daufresne, Le Garrec & Associés Rédigé par les architectes Publié le 05/03/2014 |
Longtemps logés dans des bâtiments effacés à force d’indigence et de manque d’entretien, les invisibles – travailleurs immigrés, grands, voire très grands exclus, personnes âgées, handicapés – transforment le paysage urbain. Impulsés par la volonté municipale de lutter contre des conditions de vie dégradantes, de nombreux projets de constructions neuves ou de restructurations sont engagés. L’agence Daufresne, Le Garrec et Associés travaille à rendre visible l’habitat de ceux que l’on ne voulait pas voir, met en scène leur présence et l’enrichissement que leur aventure inscrit dans le corps de la ville.
Le foyer des Mûriers était l’exemple même d’un bâtiment laissé en déshérence, imposant des conditions de vie dégradées et renvoyant vers la ville une image négative de ses occupants. Le travail de transformation renverse totalement la situation. La restructuration des espaces intérieurs recrée les conditions d’un habitat digne. Le bâtiment devient un long vaisseau plein de contrastes colorés, qui se détache librement sur la pente de la rue, couronné d’une colonnade serrée de panneaux de bois, zébré par les horizontales des fenêtres en longueur et leurs ponctuations de panneaux bakélisés. Ces panneaux sont le support d’une intervention du peintre Abdoulaye Konate qui autour du thème de la danse inscrit la silhouette de ses « géants » à l’échelle de la façade, mettant en scène la figure humaine, la figure africaine, aux dimensions de la ville.
Le Projet architectural
L’état de délabrement du bâtiment existant, son image négative, l’obsolescence de son organisation spatiale et de son programme nous a conduit à envisager une restructuration radicale : ne sont restés que les éléments structuraux essentiels, eux-mêmes souvent remaniés pour adapter la trame constructive au nouveau programme. Tous les éléments distinctifs du bâtiment initial, éléments de façades en forme de « coques », rythme vertical des percements, éléments de distribution verticaux, ont été supprimés. N’est finalement restée qu’une grille spatiale vide, un espace virtuel neutre a partir du quel un nouveau bâtiment a été édifié.
Un socle continu en brique blanche ancre le bâtiment dans l’espace de la rue et regroupe espaces communs, entrée de service et restaurant associatif. Le corps principal correspondant aux étages existant décline un registre horizontal alternant allèges filantes et fenêtres en longueur, alors que les surélévations se présentent comme une dense colonnade de poteaux de bois. Verticalement, le bâtiment est tranchée par une césure toute hauteur au droit de l’entrée principale et des paliers d’étage. Flottant sur la pente de la rue, le bâtiment devient une succession de deux monolithes revêtus de bardage gris foncé qui « glissent » sur le socle clair.
L’association des matériaux clairs/foncés (briques/bardage), chaud/froid (métal/bois), de géométries complémentaires (horizontale/verticale) , la superposition construit /végétal (toitures terrasses largement végétalisées en prolongement de la frondaison artificielle des poteaux de bois de l’attique) permettent de composer un bâtiment assumant sa grande échelle mais offrant autour de la syncope centrale des volumes en mouvement avec la rue et une richesse visuelle propre à en affirmer avec force l’altérité légitime.
Côté rue des Pruniers, le projet décline la thématique de la rue Fernand Léger selon un registre non plus horizontal mais vertical : les épines en bois et le bardage forment une césure qui sépare le bâtiment de son voisin alors que le volume ainsi détaché se lit comme un monolithe gris sans attique. Les trumeaux dans les horizontales des percements reçoivent des panneaux sérigraphiés de motifs abstraits .
Coté cour le projet décline la logique architecturale en l’adaptant à un espace réduit : la tonalité dominante blanche des façades répond à l’exigüité de l’espace et cherche à en amplifier la luminosité. Les motifs colorés sur les trumeaux de fenêtres en longueur mettent en scène des motifs de tissus colorés répondant, sur un mode mineur aux grands panneaux de la façade rue. La thématique de l’attique en lame et bardage bois est reconduit à l’intérieur de l’ilot et vient habiller le nouvel escalier.
Les parties communes à RDC (hall, espace courrier, restaurant associatif) reprennent la logique colorée des façades : sur un fond gris foncé des motifs très colorés se détachent - blocs des boites au lettres, murs polychrome du restaurant - autant de thèmes qui seront repris dans les étages et dans l’aménagement des chambres.
Intérieurement les plans d’étages ont été entièrement reconfigurés par une redistribution des circulations verticales. Le projet ne peut s’échapper de son paradigme hôtelier : un long couloir central distribuant de part et d’autre des studios. Le travail d’aménagement intérieur s’est rattaché à faire vivre ce modèle spatial simple. Le travail des parois intérieures des circulations met en jeu, là aussi, une association de contrastes : « Acrovym » blanc d’un côté, carrelage sombre de l’autre, permettant une dissymétrie dynamique transformant la linéarité du couloir. La ponctuation colorée des portes des logements offre un contrepoint aux deux surfaces contrastées des murs et met l’acte de « rentrer chez soi » au premier plan du spectacle de la circulation intérieure.
Intérieurement le travail d’aménagement a cherché à tirer partie de surfaces limitées en utilisant au mieux chaque centimètre dans l’association classique de salle de bain, kitchenette et espace de vie et de sommeil. La fenêtre en longueur permet d’agrandir visuellement la pièce par son ouverture latérale vers l’extérieur tout en offrant une allège haute comme surface meublable. La présence forte des menuiseries en bois offre une belle qualité de matière et de lumière aux logements qui ne sont après tout qu’une pièce encadrant une fenêtre.
Maîtres d'ouvrages : Coallia Habitat
Maîtres d'oeuvres : Daufresne, Le Garrec et Associés, architectes - BET : TOHIER, économiste ; BEThac, fluides ; SCYNA 4, structure ; Alma Consulting, cuisine.
Entreprises : BATEG – Groupe Vinci Construction
Surface SHON : 6 431 m²
Coût : environ 11 000 000 €
HT
Maître d’ouvrage : IMMOBILIERE 3F / EPA ORSAEquipe de maîtrise d’œuvre :ARCHITECTE : DE JEAN … [...] |
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