Point de vue et méthode
Il s'agissait d'embellir un quartier caractéristique des années 70 : six tours en bonne position géographique, de construction saine, trois cent logements pas si mal, un espace urbain émietté et dévoré aujourd'hui par la voiture. Nous avons cherché à bâtir une réponse architecturale et paysagère sur une évaluation calme et objective de ce patrimoine en travaillant : sur l'interaction entre l'usage et l'image, au plus près des personnes, et avec pragmatisme, évitant l'angélisme et son contraire, le désabusement. Pour les six tours, nous avons identifié trois leviers : les logements, les halls, les façades. La construction est solide, l'acoustique est convenable, les logements sont assez spacieux, confortables et bien distribués. Au-delà d'une reprise complète des prestations intérieures (revêtements, chauffage, électricité, sanitaires) notre intervention a porté sur :

Les halls 
De confidentiels, étriqués, sombres et peu rassurants, ils sont devenus spacieux, lumineux et visibles depuis l'espace public. Des matériaux solides et de qualité ont été installés: résine au sol, pâte de verre aux murs, serrurerie et menuiseries en acier galvanisé. Le tri sélectif est intégré.

Les logements des étages
Chaque logement a deux expositions et un séjour en angle, mais les façades exploitaient mal cette aubaine avec leurs petits châssis trop hauts pour permettre la vue des enfants vers le paysage pourtant magnifique des hauts de Rouen. Nous avons vitré ces angles des immeubles et obtenu une transformation radicale du séjour avec des vues plus généreuses depuis l'intérieur ainsi qu'un allègement de la silhouette de la tour.

La modénature des façades et la thermique
L'intervention a combiné l'isolation des allèges béton par l'intérieur, l'isolation maximale des toitures et des plafonds des halls ainsi que l'apport sur les façades légères existantes d'une isolation et d'une vêture en aluminium. Elle re-intègre les châssis PVC (fruits d'une 1° et assez calamiteuse réhabilitation) dans des aplats blancs abstraits. L'étiquette énergétique est ainsi passée de D à B en respectant la modénature d'origine des édifices.

Les espaces extérieurs
Pour les espaces extérieurs, qui étaient confus et confisqués par la voiture, nous nous sommes attachés à simplifier l'émiettement des surfaces et la complexité des accès, cantonner la voiture dans des emprises claires et partiellement effacées dans des décaissées paysagers et aménager la dalle du parking en un square planté qui distribue les entrées hautes des halls.

Le projet a bénéficié de bonnes fées: un bailleur impliqué, un maire volontaire, un GPV actif, Pierre Vionnet directeur, un urbaniste, Nicolas Michelin et une paysagiste de l'ensemble de la Grand Mare, Florence Sylvos.

Maîtres d'ouvrages : Plaine Normande, Groupe SNI
Maîtres d'œuvres : BMC2 architectes (Arnaud Bical et Laurent Courcier), Yannick Gourvil (chef de projet), Valérie Veron Durand et Gilles Ringuez (équipe concours et études), Lionel Guibert (paysagiste), ATEC, Francis Christol (BET tout corps d'état), BATISERF, Philippe Clément (Ingénieur conseil structure)
Entreprises : COLAS IDFN
Surface SHON : 29 000 m²
Cout : 11,7 M € H.T. soit 40 000 € par logement
Date de livraison : 2011