Cette opération participe à plus grande échelle, au projet de réhabilitation de l'ilot de La Tossée mis en place par la SEM Ville Renouvelée et dessiné par l'agence d'urbanistes Reichen & Robert. Le projet de l'Union a donné lieu à un « éclaircissement » de l'urbanisme, en conservant les éléments majeurs et structurants du site de la Tossée, dont les bâtiments de magasin et de triage To14 et To13 font partie. « La particularité de l'îlot de la Tossée tient à sa morphologie faite de rues débouchant sur les trois côtés du site et bordées par des constructions emblématiques » (Pierre Bernard). Ce sont donc tout d'abord des faits urbains; ils sont reliés au site de la Tossée et doivent interroger la particularité de l'îlot et sa mutation.

Ce sont également des réalités architecturales intrinsèques: ces bâtiments sont à la fois banals et exemplaires car ils traduisent la condition générale d'une classe d'ouvriers de toute une région. La puissance de ces modèles architecturaux, conçu pour être le plus efficace, illustre parfaitement ce que R. Koolhaas nomme la « terrifiante beauté du XXe siècle ». La conservation et la réhabilitation de ces architectures symboles montre tout l'intérêt que porte une société à son histoire.

Le To14 est un bâtiment composé d'éléments architecturaux extrêmement puissants : le rythme des colonnes dans les plateaux et leurs chapiteaux, la toiture en sheds et leur générosité d'éclairage, la puissance de ses façades en briques… C'est également un bâtiment chargé d'histoire par le nombre d'interventions conséquentes qu'il a subis : ouvertures anarchiques entre To13 et To14, nombreuses peintures apposées donnant à la brique certains jus, construction de différentes extensions juxtaposées…

Ce travail de réhabilitation apparait dès lors, comme une occasion d'offrir une lecture pédagogique à un visiteur curieux de comprendre la conception de ce château de l'industrie et des époques qu'il a traversés. Notre intervention est, en ce sens, extrêmement légère dans la mesure où elle ne fait que révéler des éléments historiques déjà présents : la conservation des différents jus de brique laissent apparaitre le fantôme des extensions antérieures ; différents nus des menuiseries correspondent chacun à une époque ; les nombreux écorchés intérieurs permettent de révéler la structure métallique, la matérialité de l'enveloppe ou encore une descente d'eau pluviale…

Refusant l'idée de se substituer à l'identité originelle du bâtiment, cette réhabilitation se superpose aux différentes couches d'histoire à l'image d'un palimpseste.

Maîtres d'ouvrages : SEM Ville Renouvelée
Maîtres d'oeuvres : Antoine Béal et Ludovic Blanckaert (mandataires) B. Suvelier, N. Gourcerol et J. Ramet (assistants), Euro Ingenierie, Becquart (BET)
Surface SHON : 8 500 m²
Cout :  8,6 M € H.T.
Date de livraison : 2012