Croquis concept du projet de CARME PINOS |
Alors que les mégapoles semblent condamnées à se densifier, Saint-Dizier est une ville qui souffre, comme beaucoup d'autres, d'une maladie inavouable : la décroissance. Son maire, le très actif François Cornut-Gentille, vient de lancer une consultation pour lui permettre d'affirmer son identité et de renforcer les attraits de son centre historique. |
Située au nord de la Haute-Marne, Saint-Dizier est, avec ses vingt-sept mille habitants, l'agglomération la plus peuplée du département. La ville s'est d'abord étendue au XIIIe siècle autour du château édifié en bordure de la Marne. Puis, après l'incendie de 1755, autour de sa voie principale qui a coupé en deux l'ancienne forteresse médiévale. Elle s'est ainsi développée exclusivement au XIXe siècle le long de cet axe, comme les nombreuses villes-rues de la région. Tournée sur elle-même et indifférente à son fleuve, au sud, comme au canal mis en service en 1907, au nord, elle s'est lentement enveloppée dans une gangue formée d'enclaves industrielles.
Après une forte période de croissance qui a trouvé son apogée en 1975 où, sous l'impulsion du préfet Edgar Pisani, elle a atteint le pic des trente-sept mille habitants, elle s'est rendormie en entrant dans une phase de décroissance qui semble aujourd'hui difficile à enrayer.
Mais Saint-Dizier a su rester une ville industrielle et militaire. Ses deux principaux atouts sont : les ateliers de fonderie d'art, qui produisent le mobilier urbain de la plupart de nos espaces publics, et la base aérienne 113 de Saint-Dizier Robinson qui accueille la première unité opérationnelle d'avions de combat Rafale, un des fleurons de la technologie française.
Contrairement à Bar-le-Duc, son aristocratique voisine, qui peut s'enorgueillir de nombreux palais Renaissance et de sculptures de Ligier Richier. Les monuments touristiques sont rares : l'église Notre-Dame, qui a souffert de l'incendie de 1755, et les fragments de l'ancienne fortification qui semblent encore surgir à l'improviste sous la ville du XIXe siècle. Le vrai potentiel de la commune repose sur ses activités de loisirs – un centre nautique très apprécié vient d'être construit en bordure du canal –, ainsi que ses activités culturelles. Le théâtre à l'italienne, qui s'est glissé en 1908 dans l'ancienne halle aux grains de 1860, est toujours en activité. Un multiplex s'est récemment déployé au pied de la tour Art déco des anciennes usines Miko, tandis qu'un nouveau centre culturel, les Fuseaux, va bientôt être construit par Nicolas Michelin.
La ville joue depuis plusieurs années la carte de la revalorisation de ses espaces publics. Ainsi la réhabilitation de la place Aristide Briand, transformée en vaste esplanade minérale, permet de rétablir le dialogue entre l'hôtel de ville et le théâtre, deux équipements monumentaux autrefois isolés au milieu des automobiles.
La consultation Saint-Dizier 2020 portait sur l'extension du centre-ville entre le canal et la Marne, dans la continuité des processus de mutation urbaine déjà engagés. Son programme exhortait les équipes retenues à promouvoir l'idée d'une ville où il fait bon vivre et à cultiver la proximité avec le lac de Der et ses bases de loisirs.
Les différents candidats ont su jouer librement avec toutes ces données. Carme Pinós s'est penchée sur le potentiel des cours d'eau pour mieux importer la leçon de Barcelone. Nicolas Michelin s'est intéressé davantage à la mémoire industrielle en réutilisant les vastes îlots poreux déjà expérimentés à Bordeaux. Odile Decq a travaillé sur l'image du Rafale en essayant de capter un peu de la gloire de cette icône de la technologie française, tandis que Reichen et Robert ont proposé de l'acupuncture urbaine autour du canal.
Lire la suite dans le numéro 205 de d'architectures
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N° 205 - Décembre 2011
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