Pont de la République, Montpellier

Architecte : Agence Rudy Ricciotti
Rédigé par les architectes
Publié le 14/04/2014

Le Pont de la République a été inauguré le 18 mars dernier, s'ouvrant aux piétons et aux vélos. Il ne sera accessible aux voitures qu'en 2015. Voici le texte d'inauguration écrit par l'architecte Rudy Ricciotti et son fils Romain.


Les Lez est un fleuve certes ! Mais son paysage est celui bucolique d’une rivière bordée de bosquets d’arbres. Le message qu’envoie ce fleuve est celui d’un plan d’eau calme, parfois devenu un miroir où se reflètent le ciel, les arbres et demain le Pont de la République. Alors ! franchir le Lez sur la pointe des pieds, avec délicatesse et sans le coloniser. Les tracés du pont proposent une réduction des masses et des dimensions d’ouvrages. Moins de poids, moins d’épaisseurs et moins de signes et messages d’efforts.


Ainsi sera le Pont de la République dans une échelle d’informations compatible et attentive aux signes fragiles de ce petit fleuve délicieux dont le visage pourrait figurer dans les œuvres des peintres impressionnistes. Un mille-pattes, un trait posé sur des échasses, une plaque fine portée par des aiguilles, un ouvrage minéral de couleur claire annonçant la couleur dominante en béton blanc des architectures du quartier Jacques Cœur, toutes ces attitudes forment l’écriture d’un franchissement.


Ne pas coloniser, c’est éviter la reproduction d’une culture et de ses typologies d’ouvrage de voiries afin de tenter de croire encore à la poésie du métier d’ingénieur. Croire encore qu’un projet de Pont peut être contextuel, unique, réalisé dans une technologie savante et différente du pont en acier dont la seule tendresse est d’avoir cette fragilité qu’appelle la peinture vieillissante anticorrosion que l’on gratte avec obsession au-dessus des carpes, brochets, gardons et autres spectateurs de la soumission de la raison esthétique à l’impérialisme de la ferraille ! Refus de vulgarité, croyance dans l’intelligence et la morale d’une technologie du vingt-et-unième siècle ont écrit ce pont très délicat, fragile dehors et puissant en dedans. Sur le Lez, il n’y aura pas de prise d’otage mais seulement une prise de mesure exacte.


La longueur et la nature de la brèche, les gabarits, les contraintes mais aussi les opportunités naturelles du programme et du site nous amènent à proposer un ouvrage à trois travées égales, portées par des béquilles et contre-béquilles (ou jambes de force) en béton précontraint.


De plus, les objectifs environnementaux, de durée de vie et de fréquence d’entretien de l’ouvrage, ainsi que le contexte économique, nous conduisent à utiliser des bétons à très hautes performances mécaniques (diminution des quantités de matière et des gestes constructifs), et de durabilité maximale (matériau étanche et sans protection rapportée). Il s’agit de la famille des bétons fibrés à ultra-hautes performances. L’impact en élévation de l’ouvrage est également optimisé, avec un tablier structurel de 80 cm de haut.


Ensuite, les procédés de fabrication (préfabrication en atelier) et de mises en œuvre (précontrainte longitudinale et transversale, poutres accolées) permettent d’envisager des conditions améliorées de travail et de sécurité pour les ouvriers et la vie du chantier, un allègement des travaux et nuisances sur site, tout en garantissant des matériaux de grande qualité architectonique et d’excellente durabilité (avec une matrice de matériau toujours comprimée).


En conséquence, l’économie du projet à court et long terme, ainsi que le planning de l’opération bénéficient naturellement de l’ensemble de ces choix de conception.


L’économie locale, ses métiers et savoir-faire sont directement concernés. Contrairement à d’autres technologies, le projet suit des chaînes de production courtes et locales. Cette volonté concerne avant tout les matières premières, mais aussi les procédés utilisés et l’ingénierie qui les porte, produits de la recherche française en génie civil de ses quinze dernières années.


Rudy et Romain Ricciotti



Maîtres d'ouvrages : SERM (Société d'Équipement de la Région Montperlliéraine)
Maîtres d'oeuvres : Rudy Ricciotti
BET Ingénieur mandataire : Lamoureux & Ricciotti Ingénierie
Surface :  3 travées de 25m de portée et 17m de large formées chacune de 17 poutres préfabriquées de 74m de long
Cout :  4 947 000 € HT

Date de livraison : Février 2014

Pont de la République<br/> Crédit photo : RICCIOTTI Lisa Vue du dessous<br/> Crédit photo : RICCIOTTI Lisa Détail<br/> Crédit photo : RICCIOTTI Lisa Coupe longitudinale<br/> Crédit photo : DR  Coupe transversale<br/> Crédit photo : DR  Détails<br/> Crédit photo : DR

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