Architecte : MAB Arquitectura + LAPS Architecture Rédigé par les architectes Publié le 12/06/2014 |
Une ouverture sur la ville et une adresse pour le quartier.
Ce bâtiment d’usage mixte comprenant trente logements pour jeunes travailleurs et les locaux du Patronage Laïque, association tutélaire du 15ème arrondissement de Paris, est une opération récemment livrée par l’équipe MAB+LAPS à Paris pour la RIVP. Situé à l’angle de l’avenue Félix Faure et de la rue Tisserand, dans l’environnement disparate de la ZAC Boucicaut aux bâtiments orthogonaux et des vestiges haussmanniens ou industriels qui ponctuent ce quartier aux accents populaires, l’édifice reprend le code très parisien de l’immeuble d’angle tandis que son fronton laiteux et luminescent balise le quartier de jour comme de nuit.
Une réponse méditerranéenne
Institution emblématique du 15ème arrondissement de Paris, le Patronage Laïque était doté jusqu’en 2010 de locaux devenus inadaptés, historiquement implantés sur ce site de l’avenue Felix Faure. La RIVP initie alors un concours pour la réalisation d’un nouveau bâtiment qui doit, en plus du programme d'origine, abriter trente logements pour jeunes travailleurs. Le concours est remporté par l’équipe formée par les deux jeunes agences MAB et LAPS, avec une conception d’ensemble qui privilégie le rapport à la ville et à l’espace public, en instaurant un lien fort et une continuité avec l’intérieur de la parcelle, accentuant ainsi le caractère d’équipement public en proposant un objet identifiable et repérable. Une proposition qui favorise la convivialité en dégageant de généreux espaces de rencontres et qui privilégie l’ouverture sur la ville. Le projet répond à la volonté de la maîtrise d’ouvrage de sanctuariser le caractère accessible et convivial sinon populaire de ce lieu qui doit rester proche de ses riverains.
Deux programmes dans une enveloppe
Le bâtiment parvient à se déployer sur des niveaux différents au sein d’une même enveloppe, en intégrant dans un principe d’unicité ces deux identités, celle publique du Patronage Laïque, et celle privée de la Résidence Sociale.
L’équipement et la résidence possèdent deux accès distincts. Le Patronage s’ouvre largement sur l’avenue Félix Faure et occupe les niveaux RDC et R+1. Son hall vitré prolonge l’espace public à l’intérieur du bâtiment tout en permettant aux riverains d’apercevoir subrepticement depuis la rue les activités intérieures.
La résidence s’ouvre quant à elle plus discrètement sur la façade latérale de la rue Tisserand et occupe les niveaux du R+2 au R+5.
L’entrée de plain-pied sur l'avenue Félix Faure ancre l’équipement au sol et dans le quartier, lui conférant la même présence informelle et domestique qu’un café d’angle. Au-dessus, deux façades en retrait s’élèvent de part et d’autre d’une haute faille qui surplombe la verrière coiffant le hall d’entrée. Cette véritable enseigne du projet est traitée en verre blanc translucide aux reflets opalescents. Le long de la rue Tisserand, la façade à R + 4 traitée en béton lasuré affiche une teinte claire dont les reflets métalliques épousent les vitrages intérieurs. Elle est rythmée par des baies rectangulaires aux dimensions variables et ses joints creux y dessinent des modules irréguliers.
La lumière
La lumière est l’un des principaux protagonistes du projet. Les surfaces du foyer prennent un tour majestueux sous un éclairage tantôt zénithal, tantôt latéral. Un choix qui s’illustre également de nuit, quand les façades rétro-éclairées de la proue du bâtiment donnent à l’équipement des allures de lanterne magique. Une balise pour le quartier, un repère dans l’avenue.
Le Patronage Laïque, un espace public couvert
L’accueil du Patronage Laïque est conçu comme un espace public couvert. Son programme s’étage sur les niveaux RDC, mezzanine technique et R+1, et s’articule autour des espaces du foyer en double hauteur. Ces généreux dégagements et circulations répartis autour du hall sont conçus pour être investis de façon personnelle et informelle par les usagers en dehors du cadre construit de l’activité, avant ou après. Donner plus que ce que le programme exige, pour favoriser les rencontres entre usagers, est une manière de préserver l’histoire et l’identité populaires de ce lieu avant tout convivial et généreux. Au rez-de-chaussée comme à l’étage, ces espaces tampons sont livrés à l’imagination collective.
Au RDC, au delà de l’espace informatique et de la cafétéria, s’organisent les espaces de la salle polyvalente, une salle de spectacle comprenant scène, régie, loges et coulisses « de poche ». Cet espace est conçu comme une véritable « boîte » dans la « boîte » plus vaste du projet, et bénéficie de ce fait d’une acoustique optimisée. Ses parois sont recouvertes de panneaux acoustiques en bois clairs rainurés qui donnent à la salle son ambiance chaleureuse. La salle se décline en deux couleurs : cloisons et sol clairs, scène, balcon et régie noirs. Dissimulés sous la scène, les sièges coulissent dans la salle de long de deux rails, un dispositif très compact permettant des usages multiples (réunions de quartier, goûters ou buffets, danses de salon...) et une capacité accrue si nécessaire, de nombreux sièges pouvant être ajoutés.
Au premier étage le programme comprend de nombreuses salles d’activités et les bureaux du Patronage. Un patio vient élégamment apporter de la lumière naturelle à la salle de dessin et au couloir de distribution de l'étage. Enfin une grande salle aux teintes chaude accueille les activités de danse, yoga ou gymnastique douce.
La Résidence pour jeunes travailleurs
Avec ses espaces en plus, l’autre atout du projet est de tirer parti de l’exposition sud du cœur de la parcelle. Décalé de la limite parcellaire, le bâtiment libère un patio en cœur d’îlot. En lieu et place d’un mur-pignon aveugle, triste vis-à -vis pour le voisinage, c’est une façade de coursives qui est offerte à la vue des voisins : tantôt ouvertes, tantôt opacifiées. Les coursives qui desservent les trois niveaux de logements (du R+2 au R+5) se faufilent ainsi à l’air libre et les architectes évitent l’écueil d’un couloir de desserte peu éclairé.
Les logements associent mur fonctionnel (rangement, cuisine, bureau) et salles de bains éclairées, voire ventilées naturellement. Des baies généreuses et ouvrantes dilatent l'espace des studios dont les surfaces varient de 19 à 23 m2. Au R+4 une terrasse collective en proue du bâtiment domine Paris et les idées reçues sur l’appropriation collective dans les résidences sociales tandis que le détournement des règles de prospect permet d’offrir à chaque logement une terrasse privative.
Face à la Tour Eiffel, ce bâtiment ambitieux et radical proclame sereinement que l’histoire des édifices laïques éclairés la nuit n’est pas achevée. Et qu’en plus au 21ème siècle, ils s’habitent.
Texte rédigé par MAB Arquitectura + LAPS Architecture
Maîtres d'ouvrages : Régie Immobilière de la Ville de Paris
Maîtres d'œuvres : MAB Arquitectura + LAPS Architecture
Bureaux d’Études techniques Structure : AIA , Fluide, économie, environnement : NOBLE,
Acoustique : AIDA, Sécurité-accessibilité : Vulcaneo
Entreprise générale : SRC
Surface : Équipement polyvalent 944 m2. Résidence pour jeunes travailleurs 890 m2, total
1834 m2
Cout : 5, 7 M € HT
Date de livraison : Mars 2014
Maître d’ouvrage : IMMOBILIERE 3F / EPA ORSAEquipe de maîtrise d’œuvre :ARCHITECTE : DE JEAN … [...] |
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