Architecte : Vurpas architectes Rédigé par les architectes Publié le 24/09/2018 |
Ce projet
consiste en la réhabilitation et l’agrandissement de la filature nommée Maison
Rouge pour l'accueil du Musée des Vallées Cévenoles. L’ancien bâtiment est
restauré dans le plus grand respect. Le long de celui‑ci, l’extension contemporaine, sobre et
authentique, formée par trois volumes parallèles étirés en lanières, s'inspire
du paysage construit.
Au cœur des Cévennes, à Saint-Jean-du-Gard, le Musée des
Vallées Cévenoles vient de prendre place dans la Maison Rouge, ancienne
filature en brique, restaurée et agrandie. Né de passions croisées,
infatigables et obstinées, ce sanctuaire de la mémoire des hommes garde l’ambition,
parmi les 10 000 pièces présentées, d’être un musée vivant ouvert sur la réalité d’une culture locale d’hier
mais aussi d’aujourd’hui et de demain. Fidèles à cette volonté, entre
traditions et modernité, les architectes de l’agence Vurpas Architectes,
lauréats du concours en 2011, ont imaginé un bâtiment capable de répondre à ce
double challenge. S’inspirant largement du territoire, du sol, de la terre, de
l’histoire, de la nature, des arbres, du paysage construit, des hommes, ils offrent ici une interprétation
contemporaine de son architecture vernaculaire.
Maison
Rouge, une histoire industrielle :
Maison Rouge, appelée aussi Grande Rouge ou Grande Fabrique
est un bâtiment atypique par son architecture et hors norme dans le rôle qu’il
a joué dans l’histoire de la filature industrielle de la soie. Construit entre
1836 et 1838, l’édifice intégrait une des plus grosses unités de production de
la région. Première filature de France, elle sera la dernière à fermer ses
portes, presque cent trente ans après, en 1965. La brique lui donnera sa
couleur, son nom et son identité. Témoin d’une activité industrielle locale, en
plus d’une identité sociale et sociétale, elle restera à Saint-Jean-du-Gard, le
fleuron d’une présence unique. Grande nef de brique et de verre, elle a tous
les atouts d’un bâtiment industriel du 19ème siècle, avec les transformations architecturales que le temps
lui a imposées. Elle garde pourtant une certaine luxuriance en façade : de
nombreux détails comme des arcatures moulurées par exemple. Mais c’est surtout
son escalier en fer à cheval, monumental et totalement décentré, qui lui donne
son originalité. Sa cheminée élancée renforce sa symbolique et sa visibilité.
En 1881, elle est agrandie au
Nord par un atelier avec une toiture à sheds sans cachet véritable. Il englobe,
masque et altère partiellement la galerie Est de la Maison Rouge. Sa démolition
récente a libéré l'emprise sur laquelle est bâtie l'extension du musée.
L'édifice, à nouveau dégagé retrouve sa cohérence première. La filature Maison
Rouge est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 2003.
S’installer
dans les traces parcellaires :
Pour donner une réponse juste, les architectes se sont
glissés dans l’histoire d’un pays et de sa culture, respectant pas à pas les
traces du parcellaire. La grande rue, le Gardon et le canal d’irrigation du
Péras sont parallèles. Au fil du temps, l’urbanisation s’est faîte par bandes étroite
et perpendiculaires pour aller chercher l’eau du canal tout en se protégeant du
Gardon. Ils forment ainsi des lanières entre la ville et la rivière. C’est sur
ces traces que va s’appuyer l’organisation du projet, aussi bien pour ses
parties construites que paysagères.
La première lanière est le bâtiment historique Maison
Rouge. Tout contre, celle qui constituait la galerie Est est mise au jour. La
suivante reste vide entre Maison Rouge et extension afin de créer la cour et le
jardin du musée. L’extension se fait sur trois lanières, de largeurs et
hauteurs différentes, en référence aux ”bancels”, les restanques cévenoles.
Elles s’élargissent par endroits pour former des espaces extérieurs, des
jardins thématiques, et apporter lumière et vues. Les traces parcellaires
servent aussi à organiser le paysage des jardins extérieurs. Les murs se
prolongent par le dessin au sol de lignes minérales sur lesquelles s’alignent
les plantations de muriers.
La
réinterprétation contemporaine d’une architecture vernaculaire :
L’architecture rurale est une source
d’inspiration formidable et la matière première du paysage devient
architectonique. Dans ce sens, les murs extérieurs de l’extension sont habillés
de schiste, formant des volumes incisifs et sans
fioritures. Construits sur la technique de
pierre sèche avec mortier en retrait et renforts métalliques pour répondre à
la réglementation sismique, ils sont mis
en œuvre par des artisans locaux spécialisés. La pierre provient d'une carrière
de Lozère. Les façades Sud sont constituées d’une ossature
bois et métal et de grands vitrages, cadres sur le paysage du jardin. C’est une
fascine en bois de châtaignier qui joue le rôle de pare-soleil. On connaît
l’importance du châtaignier, ”l’arbre à pain” du pays, qui occupe une des cinq
parties de l’exposition. L’association des pierres de schiste et des rouleaux
de châtaigniers forment une alliance à la fois très douce et très forte, complémentaire
et dans les tons de la nature.
Une restauration dans le plus grand
respect :
Les éléments caractéristiques sont
nettoyés, restaurés, déposés, repris, remplacés dans l’envie de se rapprocher
le plus justement du bâtiment originel. Toutes les traces d’équipements et
d’appareillages significatifs sont conservées pour participer à la mise en
scène de l’ancienne vie de l’atelier. Au rez-de-chaussée, un soin particulier est
apporté à la conservation et la mise en valeur des voûtes. Contraints à la côte
d’inondabilité, ces espaces sont réservés à des activités ponctuelles :
conférences, ateliers, salle hors sac, qui peuvent fonctionner comme un seul
grand espace pour des occasions particulières.
Le Musée
des Vallées Cévenoles, né d’une passion :
C’est Daniel Travier, collectionneur passionné, écouteur,
défricheur, inventeur et directeur scientifique
qui a constitué depuis cinq décennies le fond du musée. Il en impulse le
dynamisme et le regard contemporain sur l’objectif à atteindre. Trois volets dessinent sa composition : un musée des
civilisations, la filature et sa culture et un jardin ethnobotanique. Le projet
scientifique et culturel est mis en musique avec la scénographie.
Musée vivant :
La scénographie, assurée conjointement avec
Marion Lyonnais (Fakestorybird), se fait autour d’un parcours très fluide et
une déambulation naturelle entre Maison Rouge et extension. On passe de l’une à
l’autre par les passerelles vitrées, au Nord et au Sud, comme pour symboliser deux
temporalités marquées par deux ambiances très différentes. Elles gèrent aussi les
différences de niveau. Cinq thèmes identitaires sont évoqués : la culture
protestante, le paysage construit, l’arbre à pain, l’arbre d’or et la vie
domestique. L’entrée se fait par l’escalier monumental, côté ville, la même
entrée qu’utilisaient les fileuses. C’est 10 000 pièces qui sont présentées
(parmi 30 000 inventoriées), par typologies et thématiques. L’objet est mis en
scène. Il n’est plus systématiquement enfermé dans des vitrines mais fixé en
position d’usage par exemple pour évoquer l’homme cévenol, paysan, fermier,
berger. Les dispositifs de présentation sont construits à partir de matières
naturelles. Dans chaque salle, plusieurs échelles de lecture se superposent
comme les strates du paysage, sans conflits ni confusion. Des grands formats
dans des cadres métalliques contiennent images, sérigraphies ou textes. Il faut
souligner la place privilégiée donnée aux textes et aux livres. Sources
iconographiques anciennes et contemporaines se font écho : textes,
citations, extraits de textes bibliques, littéraires ou didactiques entrent en
résonance avec le sujet.
Enfin, pour toucher tous les publics, le
principe est d’ouvrir la lecture à tous les sens, c’est un musée qui se
regarde, se lit, s’écoute, avec beaucoup d’enregistrements de conversations,
symboles d’une transmission orale, et un musée qui se sent dans le jardin
ethnobotanique, où l’on apprend les plantes utilisées par les anciens. Petite
curiosité, on découvre les restes d’une éolienne, trace du dynamisme, déjà, de
la Grande Rouge.
Maître d'ouvrage : Alès Agglomération
Maîtres d'oeuvres : Vurpas Architectes/ Scénographie: Fakestorybird Marion Lyonnais/ Conception signalétique: Atelier des (créations) fantasques/ Economiste: Vurpas Architectes/ Bureau d'étude: OTEIS/ Paysagiste: Nathalie Lucas
Entreprises : Démolitions : CLPR - Maçonnerie . Chape béton : Satem - Maçonnerie : Venier Renovation - Murs pierre : Chapelle - Façades . Charpente : Bolivar / Sele / Fontane / Charpentiers Languedoc - Etanchéité : Alpha Services - Façade Rideau . Métallerie . Serrurerie : SM Gargini - Menuiserie extérieure bois : Blanc - Menuiserie intérieure bois : Rubbo - Plâtrerie . Peinture : Recolor / MJM - Ascenseurs : CFA - Electricité courants forts et faibles : Agniel / ERAI - Chauffage . Ventilation . Plomberie : PCSB / Agniel - VRD : Giraud / Marron / SCAIC - Plantations . Treille : Maniebat / Arnal Sofocev · Mobilier spécifique : AE3 - Mobilier muséographie . Soclage : Toutbois / Suscillon - Maquettes muséographiques : Art du Petit - Graphisme : MEDICIS - Matériel et production audiovisuelle : ID Scènes / Drôle de trame / RC audiovisuel
Surface SHON : 3 300 m²
Cout : 8 580 M €
Date de livraison : 30 novembre 2016
Maître d’ouvrage : IMMOBILIERE 3F / EPA ORSAEquipe de maîtrise d’œuvre :ARCHITECTE : DE JEAN … [...] |
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