Construction - Martin Szekely
Construction, c’est la méthode de travail du designer Martin Szekely, c’est aussi le nom de l’exposition qui lui a été dédiée du 26 avril au 16 septembre 2018, au musée des Arts décoratifs de Bordeaux. Connu dès 1982 grâce à sa chaise longue Pi, il travaille avec des industriels comme Perrier, Heineken ou JCDecaux, mais ses œuvres sont également prisées des collectionneurs d’art contemporain comme Azzedine Alaïa. On découvre au fil des pages le travail d’un artiste qui aime tester les limites statiques des matériaux. Il met ainsi en tension divers éléments qu’il affine au maximum dans des structures aux assemblages audacieux. Le principe d’économie qualifie selon lui le travail du designer en quête d’authenticité, et lui permet de multiplier les défis structurels. Constance Rubini, commissaire de l’exposition, insiste en introduction sur l’écriture neutre de l’artiste, qui souhaite que ses œuvres ne laissent pas deviner la signature de leur auteur. L’artiste et ingénieur Cecil Balmond, qui a élaboré l’ossature complexe de la villa Lemoine avec Rem Koolhaas, propose dans les dernières pages une analyse de l’approche structurelle mise en place par le designer qu’il compare à son propre travail.
Construction, Constance Rubini, Cecil Balmond, Musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux, illustré, 20 x 25 cm, 240 pp, 29 euros.
René Gabriel
Simple dominotier à ses débuts, René Gabriel est devenu l’un des artistes décorateurs majeurs de la première moitié du XXe siècle. L’épaisseur de cette première monographie qui lui est dédiée témoigne de la fécondité de son œuvre. On y trouve quelques-uns des 3 500 documents iconographiques qu’il a produits, découverts dans les fonds de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs où il enseignait. Photographies, plans et dessins permettent de mesurer l’ampleur de sa production : papiers peints, tissus, vaisselle, tapis, illustrations, scénographie, publicité et mobilier, dans lequel il décline une multitude d’essences de bois. L’arrière-plan historique se donne à lire dans l’évolution de son œuvre : imaginant d’abord de riches intérieurs pour une clientèle aisée, sa production se simplifie au cours du temps, le décorateur cherchant petit à petit à réduire les coûts de ses œuvres pour s’adresser aux jeunes et aux démunis. Ce souci d’économie se concrétise à la fin de la Seconde Guerre mondiale : René Gabriel se dédie alors à la production d’un mobilier ultra économique et conçoit des logements d’urgence pour les sinistrés. Ses dessins seront largement utilisés par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme.
René Gabriel, Pierre Gencey, Éditions Norma, 23 x 30,5 cm, 336 pp, 65 euros.
Michel Buffet
Il souhaitait devenir peintre, sa famille le destine à l’ingénierie. Il sera esthète du monde industriel. Cette première monographie nous raconte l’histoire de Michel Buffet, qui dessine l’aménagement intérieur des transports développés par les grandes firmes en pleine expansion au cours des Trente Glorieuses. Diplômé de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs en 1953, il fait ses premiers pas dans le design industriel chez Raymond Loewy puis chez Knoll, et fonde sa propre société Vecteur Design Industriel en 1985. Du plateau-repas passager au vide-poche du pilote, il conçoit le mobilier du Concorde et des avions d’affaire Dassault, mais aussi les porte-bagages, éclairages et revêtements extérieurs des trains du RER parisien. Restant attaché à la production d’objets d’art, il produit une large série de lampes, pour lesquelles il développe des dispositifs ingénieux participant autant au design de l’objet qu’à la diffusion harmonieuse de la lumière. Dans les dernières pages, on découvre quelques projets d’architecture qui resteront néanmoins à l’état d’esquisse. On admire ses dessins au feutre, à la fois schématiques et précis, monochromes ou coloriés dans les tonalités pop des années 1960.
Michel Buffet, Guillemette Delaporte, Alain Fleischer, Éditions Norma, 230 pp, 26 x 31,5 cm, 55 euros.
Design et merveilleux, de la nature de l'ornement
« Il n’a jamais existé de société sans décoration ni forme rituelle. » C’est sur cette citation de Ernst Bloch que s’ouvre le catalogue de l’exposition « Design et merveilleux : De la nature de l’ornement », qui s’est tenue au musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne jusqu’en avril 2019. L’ouvrage fait un tour d’horizon de l’ornement contemporain et des métamorphoses qu’il connaît lorsque les outils numériques, imprimantes 3D ou algorithmes, participent à la réalisation de ses motifs à la fois « organiques et machiniques ». Pour introduire ces œuvres, Marie-Ange Brayer retrace rapidement l’histoire de l’ornement, des décors rocaille des jardins Boboli à Florence aux hangars décorés de Venturi et au design « néo-décoratif » des années 1990. On découvre au fil de l’ouvrage les œuvres néoprimitives d’Andrea Branzi, les sculptures en dentelle plastique de Marcel Wanders, les agrégats cellulaires d’Andrew Kudless, mais aussi quelques productions des frères Bouroullec ou encore d’architectes comme Frank Gehry ou Junya Ishigami. L’ouvrage s’articule autour des différentes thématiques abordées : la nature, l’arabesque, le numérique ou le merveilleux.
Design et merveilleux : De la nature de l’ornement, Marie-Ange Brayer, Spyros Papapetros, Martine Dancer-Mourès et Sophie Fétro, Éditions Hyx + MAMC + Saint-Étienne Métropole, 24 x 33 cm, 184 pp, 30 euros (édition bilingue français-anglais).