A l'entrée, un café sur gradins. |
Bar en terre crue, nappes de LED et fauteuils découpés à la fraiseuse numérique : entre rugosité et préciosité, le nouveau restaurant du Palais de Tokyo invite ses visiteurs à prolonger les expériences des lieux d’exposition. |
En lieu et place du Tokyo Eat, le restaurant Les Grands Verres propose de nouvelles expériences culinaires dans la continuité des espaces du Palais de Tokyo. Pour l’architecte Lina Ghotmeh – associée au restaurateur Quixotic Projet –, cet aménagement n’est pas un moment de rupture dans l’enceinte du Palais mais une invitation à prolonger les pratiques des visiteurs dans un grand espace ouvert qui propose trois stations : à l’entrée, le Ready Made est un café sur gradins ; l’espace central présente des assises hautes le long d’un bar et des espaces de restauration compartimentés par des banquettes ; et enfin, près de la façade, la Glass House est un espace privatisable avec sa grande table collective et ses banquettes périphériques. Cette volonté de s’inscrire dans ce monumental existant, d’en prolonger les aventures et de construire une nouvelle couche par ce projet renvoie ici à une double approche du mobilier. Celui-ci est abordé comme un outil de structuration de l’espace et comme un dispositif d’expérimentation posturale. Intégrer un lieu de restauration dans un lieu consacré à l’art contemporain invite en effet à réfléchir sur les manières de manger, de parler, de se poser, de se regarder, d’être ensemble ou séparés. Cela encourage à penser spécifiquement l’espace à partir du corps, des gestes, des déplacements, des flux, des proximités ou des écarts selon le moment de la journée. Ainsi, l’équipe de maîtrise d’œuvre a dessiné toutes les pièces du mobilier et de l’éclairage. Quatre mois de chantier seulement n’ont pas remis en question leur volonté du tout-sur-mesure, où chaque élément a été fabriqué dans une logique d’efficacité et d’économie de production, en Autriche, en Chine et au Portugal.
Séquences texturées L’éclairage a été abordé en nappe régulière couvrant les différentes zones de consommation ; 316 suspensions lumineuses à LED sont composées de tubes de verre clair en partie supérieure et poli à la base. Elles sont connectées à des variateurs d’intensité afin de moduler les ambiances selon les aires éclairées. En lien direct avec les grands espaces d’accueil du Palais, un bar en béton accompagne le visiteur dans un premier espace assez informel qualifié par ses tables basses, ses chaises en plastique recyclé (produites par Maximum design) et surtout son édicule gradiné recouvert de panneaux de Fermacell et équipé de tables en tôle plié. Propice à des usages mixtes, cet emmarchement permet de sentir la hauteur des lieux, de manger rapidement, de lire en mangeant ou encore de travailler – bien que les nouveaux exploitants n’aient pas souhaité en développer la connectivité. Performance constructive, un long bar de 18 mètres composé de terre crue compactée (dénuée de ciment) occupe l’espace principal du restaurant. Réalisé par l’entreprise de Martin Rauch – architecte praticien de la construction terre ayant développé sa propre usine –, ce grand comptoir fabriqué en atelier est composé de huit parties. Celles-ci ont été assemblées sur site et ajointées avec de la terre pour en faire disparaître les raccords. En cas de dégradation du plan de travail (plus fragile aux angles), une réserve est d’ailleurs à disposition des exploitants pour reboucher les brèches. La grande part de recherche a porté sur la composition très particulière de ce matériau vivant en termes de densité et d’agglomérat, bien différente de ce qui est couramment utilisé pour la construction. Autre pièce de mobilier qui a suscité une étude rapide et effective, les chaises en bois de chêne teinté, découpées à la fraiseuse numérique, poncées en machine puis manuellement. La morphologie et le toucher de celles-ci ne sont pas le produit d’un dessin d’architecte mais de nombreux prototypes et essais de texture opérés en usine.
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