Le grand écart. Épisode 4 : Vitalité du négatif

Rédigé par Jean-François CHEVRIER
Publié le 30/08/2013

Ugo Mulas, Il tempo fotografico. A J. Kounellis. Verifica 3, 1970. Tirage argentique sur aluminium, 24 x 30,8 cm. MNAM/Centre Pompidou. Photographies de la contribution de Jannis Kounellis à l’exposition « Vitalità del negativo », Palais des expositions, R

Article paru dans d'A n°220

Dans une culture de l'accumulation, obsédée par la production de valeur marchande, négatif et positif sont couramment identifiés à vide et plein. Le vide, dit-on, appelle le plein. Tous les renversements sont possibles. L'hyperproduction s'accompagne d'une hyperdestruction ; l'accélération vaut pour l'usure comme pour la fabrication. L'obsolescence accélérée du moderne est un poncif, qui correspond à un phénomène vérifiable ; c'est aussi un principe de production industrielle.

La destruction elle-même peut fonctionner comme un signe de richesse. En mai 1930, la revue Fortune, qui était, comme son titre l'indique, un magazine de business, publia un article intitulé « Our Vanishing Backyards Â» (Nos arrière-cours en voie de disparition), illustré de photographies de Ralph Steiner. L'auteur opposait la vitalité du gaspillage américain à l'ennui des paysages soigneusement entretenus de la vieille Europe : « La scène anglaise est triste, et la scène américaine est heureuse. Ça sent mauvais, mais il y a aussi de l'exubérance et de la vigueur dans cette façon de joncher le pays de choses usées et abandonnées. Chaque décharge, chaque rangée de maisons délabrées le long de la voie ferrée, nous prouve que notre richesse est sans bornes. C'est de l'espace dont nous n'avons pas besoin. Nous en avons tant. Â»

Dans un système qui prône les vertus de l'ordre et de la mesure – comme le faisait Fortune et comme le font les magazines de décoration sur papier glacé â€“, la photogénie du déchet (junk) est la forme, encore dominante, de la vitalité reconnue au négatif. Le gaspillage est un gâchis écologique ; c'est aussi un trait de pittoresque, célébré avec complaisance. Mais dans l'histoire de l'assemblage, depuis l'interprétation du Machine Age par Kurt Schwitters, le déchet figurait surtout la matière organique introduite dans les rouages de la machine artistique.


Lisez la suite de cet article dans : N° 220 - Septembre 2013

Les articles récents dans Point de vue / Expo / Hommage

Barto + Barto in situ Publié le 27/08/2024

La Maison de l’architecture des Pays de la Loire présente une exposition consacrée à Barto+Bart… [...]

Solano Benítez : soigner la différence Publié le 27/08/2024

Nous avons rencontré Solano Benítez chez lui à Asunción. Lors d’une conversation qui s’est Ã… [...]

Conception-réalisation versus architecte-artisan Publié le 29/04/2024

Une chronique de la série "Malentendus sur l'architecture et abus de langage de ses disciples" par … [...]

Le logement collectif, otage de l’architecture Publié le 29/04/2024

L’architecte Gricha Bourbouze, dont l’agence nantaise Bourbouze & Graindorge conçoit… [...]

Corbu, Gromort et l’Art et essai Publié le 01/04/2024

Une chronique de la série "Malentendus sur l'architecture et abus de langage de ses disciples" par … [...]

L'action ou la chose ? Publié le 11/03/2024

Une chronique de la série "Malentendus sur l'architecture et abus de langage de ses disciples" par … [...]

.

Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :

Vous n'êtes pas identifié.
SE CONNECTER S'INSCRIRE
.

> L'Agenda

Novembre 2024
 LunMarMerJeuVenSamDim
44    01 02 03
4504 05 06 07 08 09 10
4611 12 13 14 15 16 17
4718 19 20 21 22 23 24
4825 26 27 28 29 30  

> Questions pro

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6

L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l…

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6

L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent.

Quel avenir pour les concours d’architecture publique 2/5. Rendu, indemnité, délais… qu’en d…