« Je t’aime… moi non plus. » Voilà qui résume la relation contradictoire et ambiguë que Bernard (1937-2023) et Clotilde Barto (1948-) ont toujours entretenue avec Nantes, leur terre natale. En septembre 1993, dans les colonnes de d’a1, Bernard Barto confiait « être [avec Clotilde] perçus localement comme encombrants et caractériels » dans cette ville qu’il jugeait alors « conservatrice ». Sans rancune, Nantes leur a pourtant offert un vaste terrain de jeu où ils ont laissé une empreinte durable et quelques emblèmes. Jusqu’au 27 septembre 2024, dans le cadre du Voyage à Nantes, la Maison de l’architecture des Pays de la Loire leur consacre une exposition intitulée « Trait pour trait ». Bernard est décédé l’année dernière à l’âge de 86 ans mais, entre 2019 et 2023, il a accordé une série d’entretiens à Marc-Antoine Durand, architecte enseignant-chercheur à l’ENSA Clermont-Ferrand et commissaire de l’exposition, qui fut son étudiant vingt ans plus tôt. Pour restituer et illustrer le fruit de ces échanges, l’exposition a puisé dans le riche fonds Barto+Barto, cédé en 2017 aux Archives de la ville et de la métropole de Nantes. Sont ainsi rassemblés des maquettes, des prototypes, des ready-made, des dessins, des collages, des pliages, des objets trouvés ainsi que les photographies de Philippe Ruault, leur photographe attitré à partir de 1997.
Double cerveau
« L’exposition rapporte cette double exigence du travail projectuel des Barto : l’épuisement des possibles, puis l’élimination progressive du superflu », résume Marc-Antoine Durand. L’exposition se concentre sur 19 projets, exclusivement nantais, réalisés ou non, abordés au prisme du processus créatif et non du résultat. Pour Marie Sévère, directrice de la Maison de l’architecture des Pays de la Loire, « l’objectif de cette exposition est de rentrer dans le double cerveau des Barto et de comprendre les relations et l’entremêlement des projets entre eux ». Ainsi le dessin de Bernard Barto, son approche artistique et esthétique dans une quête de maîtrise absolue de l’œuvre construite, s’enrichit de l’intérêt de Clotilde pour qui les usagers, celles et ceux à qui on s’adresse, demeurent une préoccupation essentielle afin que (...)
L'action ou la chose ?
Publié le 11/03/2024
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Une chronique de la série "Malentendus sur l'architecture et abus de langage de ses disciples" par … [...]
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