Architecte : Philippe Reach & Nicolas Shcarff architectes Rédigé par les architectes Publié le 25/09/2018 |
À Saint-Clair-de-la-Tour, au sein de la ZAC
de la Corderie, le pôle entrepreneurial
Le Cap constitue un outil structurant de développement économique
développé et porté par la Communauté de communes des Vals du Dauphiné. Destiné
aux jeunes entrepreneurs, il accueille, sur un programme de 1 000 m², bureaux,
espaces de coworking et ateliers pour les créateurs d’entreprises.
Le maître
d’ouvrage a souhaité inscrire cette opération au sein d’une démarche exigeante,
innovante de performance environnementale privilégiant le respect et
l’utilisation des savoir-faire et ressources locaux et la mise en œuvre du BIM (Building Information
Modeling), outil de communication entre les différents acteurs du projet. Les
architectes, Philippe Reach & Nicolas Scharff et Hors les murs
Architecture, appuyé par une équipe d’ingénierie spécialisée, ont relevé le
défi de cette demande d’innovations et livré un édifice en terre coulée et bois
qui s’impose comme un manifeste de nouvelles pratiques.
Eco-quartier :
La Corderie,
éco-quartier sur 12 Ha, est un projet phare pour la Communauté de Communes avec
un programme mixte de logements, bureaux, ateliers artisanaux, activités
récréatives indoor et parc. Il préfigure un territoire à haute qualité de vie
(performance environnementale et qualité architecturale). Le site longe la
route départementale, face à une ancienne corderie, à vocation maritime,
aujourd’hui démolie. Au Nord, le parc de la Bourbre accompagne la zone
inondable du ruisseau éponyme.
Insertion urbaine :
Dans ce
contexte, Le Cap, bâtiment compact et homogène, y joue une partition claire. Il
s’insère en limites de parcelle Nord et Sud imposées. Deux volumes distincts,
un pour les bureaux, l’autre pour les ateliers sont liés par une rue
intérieure, Nord-Sud, ouverte sur le parc, avec vues et transparences, ayant
vocation à devenir un espace d’exposition. Dès le début du projet, les
architectes ont proposé la création de cet espace de démonstration, afin que
chaque jeune créateur puisse exposer et valoriser ses travaux.
Un équipement dédié aux métiers de la
construction :
Le Cap est un
outil d’accueil de jeunes créateurs d’entreprises, prioritairement de la
filière de la construction. Pôle entrepreneurial, il favorise le croisement et
les échanges entre jeunes entrepreneurs, rompt l’isolement de chacun grâce à la
diversité des espaces proposés (bureaux et ateliers), leur proximité et leurs
espaces partagés. La rue intérieure, support d’expositions, sera notamment
propice à la communication et au lien social. Mais plus qu’un hébergement,
c’est aussi un outil d’information, de formation et d’accompagnement à la
création d’entreprises qui aura pour ambition de rayonner sur l’ensemble du
territoire des Vals du Dauphiné. Cet équipement regroupera, en son sein, les
principaux acteurs de la création d’entreprises (présence ponctuelle des
chambres consulaires, d’Initiative Nord Isère …).
À noter que
l’aide allouée par le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes à la concrétisation
du projet s’élève à 35% du coût global de l’opération plafonné à 1.407.000
euros HT.
Construire en terre coulée :
Pour répondre
aux attentes de la maîtrise d’ouvrage d’utiliser des matériaux et savoir-faire
locaux, l’équipe de concepteurs a répondu par un bâtiment de terre et de bois.
Un socle en terre coulée supporte un étage en ossature et bardage bois.
Le matériau
terre s’est imposé comme référence historique dans une région où l’architecture
vernaculaire en pisé est particulièrement riche. Des références plus récentes
ont aussi influencé les architectes, comme les maisons de terre construites
dans les années 80 et bien sûr le travail du laboratoire Craterre et les Grands
Ateliers de l’Isle-d’Abeau. Utiliser le procédé de terre coulée a permis
d’employer un matériau ancestral avec des méthodes contemporaines de mise en œuvre
très proches du béton classique, ainsi de façon plus rapide et moins onéreuse
que le pisé et facilement reproductible.
Construire en terre, c’est aussi
participer à la recherche émergente des nouvelles pratiques constructives :
Le procédé de
mise en œuvre de la terre coulée est assez proche de celui du béton classique.
La terre utilisée est la terre de site (à hauteur de 28%) à laquelle on ajoute
64% de sable et 8% de ciment. Dans une recherche maximale de circuits courts,
la provenance des matériaux se situe dans un rayon de 30 km, le mélange étant
fait dans une centrale à béton avant retour sur site. Il est coulé dans des
banches et vibré par aiguilles vibrantes. Le temps de séchage est 4 jours. Les
murs sont débanchés avec une huile végétale, puis mis sous cure afin de ne pas
pénaliser le temps de séchage et d’évaporation
de l’eau contenue dans la terre.
On n’utilise
aucune armature courante dans les murs en terre coulée. Des raidisseurs en
acier sont mis en œuvre aux abouts des voiles, et des précadres en acier
installés pour la réalisation des baies. Une barrière étanche empêche la
migration d’eau entre soubassement béton et mur en terre coulée.
Aux extrémités
des bâtiments, un noyau structurel en béton répond aux sollicitations sismiques
imposées par la règlementation. La terre coulée offre une matière vivante d’une
couleur légèrement vibrante qui apporte une grande douceur à l’espace. Elle a
des épaufrures et des irrégularités, quelques fissures en angle liées à la
rétractation de la terre lors du séchage. C’est un matériau vivant qui
nécessite la réalisation de prototypes avant le choix de la formulation finale.
Les murs ont une épaisseur de 30 cm et sont isolés par l’intérieur afin de
laisser cette belle matière visible à l’extérieur et dans l’allée centrale.
À l’étage, un
dispositif de structure bois préfabriqué est mis en œuvre avec murs à ossature
bois, une isolation biosourcée en laine de bois et bardage en carrelets de
douglas prégrisé.
Un accompagnement technique spécifique :
Qui dit
innovation et projet démonstrateur entrevoit un ensemble de dispositifs particuliers et de précautions
de tous ordres, règlementaire, technique, d’assurance, de formation,
d’information, de communication. Un projet porté par la maîtrise d’ouvrage.
L’engagement de la maîtrise d’ouvrage a été l’élément le plus décisif dans le
portage et la réussite de ce projet. Pas d’ATec ni ATex Aucun Avis technique ni
appréciation technique d’expérimentation n’existe pour ce procédé. Le bureau de
contrôle a validé ce procédé constructif après une analyse de la terre en
laboratoire et une étude sismique.
Accompagnement
MOA et MO Maître d’ouvrage et maîtres d’oeuvre se sont entourés de bureaux
d’études, de contrôle et d’ingénierie et adossés leurs compétences spécifiques.
Sur proposition des architectes, le maître d’ouvrage s’est adjoint les
compétences d’un AMO Terre, le laboratoire Craterre, issu de l’ENSAG. Sur le
chantier, l’entreprise de maçonnerie s’est entourée d’un spécialiste de la
construction en terre, Martin Pointet, BE Terre.
Maître d'ouvrage : La Communauté de communes des Vals du Dauphiné
Maîtres d'oeuvres : Philippe Reach & Nicolas Shcarff architectes (architecte mandataire)/ BE Fluides: Akoé/ BE Structure: Vessière & Cie/ BE Electricité: Axiome/ Economiste: Biming/ BE VRD et coordonateur OPC: Sinequanon/ Coordonateur SPS: Elyfec/ Bureau de contrôle: Dekra
Entreprises : Terassement - VRD: Gonin/ Gros oeuvre: Saugey/ BE Terre de l'entreprise: Martin Pointet/ Charpente bois: SDCC/ Etanchéité: Société Eric/ Chape: CDI/ Menuiseries ext. et int: Menuiserie Carre/ Serrurerie - Métallerie: Guttin/ Cloisins - peinture: SAS Nebihu/ Carrelage - sols souples: Clément Décor/ Plomberie - CVC: GT Agencement/ Electricité: SNEF
Surface SHON : 938 m²
Cout : 1 365 000 € HT
Date de livraison : 2018
Maître d’ouvrage : IMMOBILIERE 3F / EPA ORSAEquipe de maîtrise d’œuvre :ARCHITECTE : DE JEAN … [...] |
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