L'architecture du barrage s'inscrit dans une logique de discrétion, qui n'entre pas en rivalité avec la verticalité du Mont dans toute sa présence : Le projet privilégie l'insertion des ouvrages selon une logique d'horizontalité, au niveau de la hauteur des digues de protection à la mer, en continuité avec la silhouette des berges. Loin d'exacerber sa fonction technique, le barrage se présente ainsi selon une lecture simple, jouant à la fois sur la continuité horizontale des superstructures et le rythme vertical des piles :

- depuis le Mont, il se donne à lire, comme une simple ligne horizontale en surplomb au-dessus des eaux.

- depuis l'intérieur des terres, il se perçoit dans la perspective rectiligne du Couesnon canalisé, rythmé par la présence de ses piles, telles des contreforts. Rien n'émerge de cette ligne tendue, sinon la silhouette des visiteurs qui se détache sur l'horizon.

Au-delà de sa fonction première de régulation des eaux, l'architecture du barrage est conçue, dans toutes ses dimensions, pour prendre en compte et révéler le caractère exceptionnel du site. Dans sa fonctionnalité hydraulique, le projet est dessiné à partir du principe dit de « la vanne-secteur », dont la définition géométrique générale se déduit des contraintes fonctionnelles complexes de la gestion des eaux. Pour des raisons à la fois techniques et architecturales, les huit ensembles de vannes implantés à l'amont du barrage, côté Couesnon, permettent de libérer face à la mer et au Mont une perception dégagée du paysage. Dans sa dissymétrie, le projet propose ainsi, en complément des équipements hydrauliques qui le justifient, la création d'espaces publics en superstructure au-dessus des eaux, face au Mont : le pont-promenade et le balcon maritime. Au Sud, côté terre, ils permettent de contempler le fleuve canalisé et l'efficacité mécanique des équipements qui en gèrent les flux, tandis qu'au Nord, face au ciel, à la mer, la perspective s'ouvre sur la face méridionale du Mont, dans la variété des lumières et des ambiances, dans la dynamique incessante du paysage et de ses ciels. En mémoire de l'histoire du site, les blasons de Bretagne et de Normandie sont gravés, à l'Ouest et à l'Est du Couesnon ; des coquillesSur la surface du pupitre, en vis-à-vis du grand paysage de la Baie, sont gravés les quatre alphabets qui ont fondé l'histoire écrite de l'Europe, dont le Mont Saint-Michel demeure un des repères vivants : les alphabets hébreu et arabe, s'écrivant de droite à gauche, d'Est en Ouest selon l'orientation réelle du site ; les alphabets grec et latin, de gauche à droite, d'Ouest en Est. En mémoire de l'histoire du site, les blasons de Bretagne et de Normandie sont gravés, à l'Ouest et à l'Est du Couesnon ; des coquilles Saint-Jacques sont moulées aux deux extrémités du pupitre. La transposition d'un manuscrit de la bibliothèque du Mont Saint-Michel, « l'horloge nocturne », qui indique le Nord et l'étoile polaire, est gravée dans l'axe du barrage. La perception de ces différents signes, dans les jeux qu'ils composent avec l'eau de pluie, fera l'objet d'une découverte ludique, de hasard, ou plus systématique, lors d'une promenade le long de l'ouvrage, en contrepoint de la contemplation du paysage et de l'observation du mouvement lent des vannes et des eaux, rythmés selon le cycle du temps….

Maîtres d'ouvrages : Syndicat Mixte Baie du Mont Saint-Michel

Maîtres d'oeuvres : Luc Weizmann Architecte ; BRLi Bureau d'étude Génie-Civil/Hydraulique ; SPRETEC Bureau d'études Equipement/structure ; ANTEA Bureau d'études ; Bertrand Lanctuit Paysagiste

Entreprises : RFR Bureau d'étude ; SIO Bureau d'étude Maison du Barrage ; Catherine Claden Maquettiste ; Anne-cécile Viseux-Robert Orfrèvre plasticienne ; Jean-geaorges Heintz Consultant Épigraphe Alphabets ; Franck Lalou abdallah akar & richard Lempereur Calligraphes ; Elise Gourdy-Blenat Graphiste ; François Magos Consultant Lumière