Architecte : César Bazin, Matthieu Bordreuil, Octave Giaume, Thibault Kantok Rédigé par les architectes Publié le 23/06/2017 |
LE PROJET
En février 2016,
une équipe de trois jeunes architectes et un designer se forme pour
organiser un atelier constructif au sein de l’Assemblée des Etudiants
en Architecture Européens prévue durant l’été de la même année à Nida, en
Lituanie. L’objectif de cette candidature est de proposer un bâtiment
pérenne, inscrit dans le paysage et au service des habitants de la ville
de Nida.
L’EASA (European Architecture Students Assembly) est un réseau européen d’étudiants en architecture qui, depuis 1981, et en collaboration avec des architectes et des artistes professionnels, étudie l’architecture d’aujourd’hui, la ville et les technologies. Il s’agit d’une plate-forme d’expérimentations pour l’échange d’idées, d’expériences et de réflexions. L’EASA a lieu chaque été dans un pays différent rassemblant une communauté de plus de 500 étudiants européens en architecture. L’EASA 2016 s’est déroulée en Lituanie à Nida. Nida est la plus grande commune de l’isthme de Courlande, le long de la mer Baltique. Autrefois lieu d’inspiration d’artistes et d’écrivains comme Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, c’est aujourd’hui une cité balnéaire très prisée de la bourgeoisie lituanienne. Paysage culturel inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, Nida hérite d’un passé de village de pêcheurs où les maisons en bois peintes de rouge et bleu côtoient les bateaux du port de la lagune.
La traversée de la forêt de Nida est une expérience d’introspection, où la contemplation de la nature se fait hors du temps. La lumière perce les cimes des pins pour s’étendre sur le sol moussu. Il n’y a pas d’horizon, seulement le découpage systématique d’un plan sans fond, créé par l’enchaînement de branches et de troncs verticaux. Highlight est un éloge à cette nature. Elle agit comme un catalyseur vertical, elle regroupe et transforme l’ensemble des expériences de la traditionnelle balade en forêt.
La tour d’observation est un nouveau point de repère dans le paysage de Nida. Elle offre un regard différent et permet de prendre de la hauteur pour contempler la mer et la lagune. L’ascension de la tour projette le spectateur dans une expérience immersive, de la forêt vers une découverte progressive de l’horizon. Highlight se compose de deux fines lames de bois qui peuvent symboliser un passage, une frontière entre deux univers, le totem d’une civilisation ancienne, un phare attirant à lui les curieux.
Sa façade monolithique noire apparaît comme une curiosité imposante, voire inquiétante. Sa silhouette se détache nettement du ciel, et crée un nouveau paysage. Ce n’est que lorsque l’on s’approche de celle-ci que le cœur de la tour finit par apparaître et invite le passant à se risquer à son ascension. Au pied de la tour, on devine les jeux de niveaux, de planchers et de transparences à travers les variations d’ombre et de lumière.
On peut alors décider de grimper au sommet sans s’arrêter pour admirer la vue, seulement gravir quelques marches, s’allonger pour contempler la canopée, ou encore y passer la nuit sous les étoiles... La tour ouvre la voie, et trouble les perceptions spatiales. Elle devient un belvédère, un repère, une aire de jeux... Highlight souligne un axe métaphorique, un chemin qui divise l’isthme et fait se rejoindre la mer et la lagune par un geste brut dans le paysage.
Highlight est
une construction de plus de dix mètres de haut. Entièrement ouverte, elle
est accessible par une série d’échelles qui mènent à son sommet. Ses deux
façades opaques sont composées d’un bardage en bois, brûlé sur place.
L’INTÉGRATION AU PAYSAGE
La tour semble
se fondre dans le paysage grâce aux matériaux, aux textures et aux
couleurs. Elle se détache néanmoins du contexte selon certains angles
de vue, et certaines lumières. On peut la percevoir comme un intrus, une
anomalie, un objet étrange, ou au contraire comme la continuité naturelle
de la forêt environnante.
LA STRUCTURE
La tour est
essentiellement structurée grâce aux deux lames de bois. Un grand jeu
d’assemblage de poutres et de poteaux forme ces deux portiques stables. La section
structurelle principale de 240x300mm est obtenue par le boulonnage de
trois bastaings de 80x300mm. Ces poteaux assemblés sont ensuite chaussés
dans de solides fourreaux métalliques fixés aux fondations. L’ensemble
est contreventé grâce aux garde-corps qui remplissent une double fonction
et agissent comme des poutres. La moitié d’entre eux sont en bois,
les autres sont composés de profils métalliques et de câbles en tension.
LA MATÉRIALITÉ
Le bois est
l’élément essentiel de cette construction. Il est traité de manière Ã
obtenir différentes matérialités, pour divers usages et fonctions. En
façade, le bois brûlé donne une épaisseur nouvelle, du reflet et du
mouvement à ce matériau. Inégale et unique, la combustion donne un aspect
sensuel à la tour. Cette méthode inspirée d’une technique traditionnelle
japonaise présente deux intérêts : elle offre à la fois une matérialité
nouvelle et permet de donner une protection naturelle au bois contre les insectes,
l’humidité, et les intempéries.
LA LUMIÈRE
La lumière
naturelle joue un rôle essentiel dans cette architecture, elle en est un
élément constitutif. Les jeux d’ombres et de lumières transforment la
tour, qui se dévoile différemment selon l’heure de la journée. Partiellement
ajourés, les planchers filtrent la lumière du jour et créent un univers
complexe et contrasté d’ombres douces, marquées ou changeantes. Les stries
des lattes s’entrecroisent avec celles du bardage et apportent une
géométrie nouvelle au bâtiment. Enfin, lorsque sa silhouette se détache
dans le ciel, la tour dégage une aura toute particulière, à la fois mystique,
imposante et apaisante.
LE PROCESSUS
La particularité de ce projet est d’avoir été conçu et réalisé du début à la fin, des premières esquisses à la réalisation du bâtiment, par les concepteurs eux-mêmes, accompagnés par les étudiants. La tour est un manifeste qui témoigne de la capacité des architectes à maîtriser un projet de A à Z, et leur volonté d’être considérés à la fois comme des concepteurs et des constructeurs.
La construction fut l’occasion pour l’ensemble de ces jeunes architectes de se confronter aux problématiques et enjeux d’un chantier. Encadrés par les quatre tuteurs, les vingt-trois étudiants ont ainsi pu apprendre et échanger leurs connaissances architecturales, savoir-faire et techniques constructives, au-delà de leurs différences culturelles.Maîtrise d'oeuvre : César Bazin, Matthieu Bordreuil, Octave Giaume et Thibault Kantok
Construction : César Bazin, Matthieu Bordreuil, Octave Giaume et Thibault Kantok accompagnés des étudiants participants à l'EASA Nida
Hauteur : 11,40 m
Emprise au sol : 14 m2
Surface totale : 50 m2
Coût : 25000 euros
Date de livraison : 2016
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