Henri Gaudin : l'inactuel (1933-2021)

Rédigé par Jean-Pierre LE DANTEC
Publié le 31/03/2021

Portrait d'Henri Gaudin

Article paru dans d'A n°288

Rares sont les artistes et les penseurs, y compris les plus grands et les parfois plus célébrés de leur temps, dont l’œuvre ne passe pas par une période d’oubli qu’on nomme pudiquement (au cas où sa force et l’acharnement de quelques admirateurs lui redonnent vie) : « passage par le purgatoire Â». Ainsi en est-il allé de musiciens comme Vivaldi, de peintres comme La Tour, d’écrivains comme Proust ou de penseurs comme Spinoza, redécouverts quelques dizaines, voire quelques centaines d’années après leur mort. Mais il arrive aussi que ce « purgatoire Â» concerne les dernières années de l’artiste ou du penseur, réputé « avoir fait son temps Â» ou dénigré comme un rabâcheur incapable de se renouveler. 

Tel est le cas d’un des plus importants architectes français du XXe siècle, à mes yeux : Henri Gaudin, qui vient de disparaître à l’âge de 87 ans. Comblé de prix et de louanges par la critique et par ses pairs jusqu’à l’orée du XXIe siècle, tenu par ses étudiants pour un poète de l’espace à l’égal des maîtres d’œuvre gothiques, de Borromini ou d’Alvar Aalto, Henri Gaudin avait disparu des revues et des leçons d’architecture dispensées dans les Écoles, au point que seule une poignée d’étudiants connaissait encore son nom et quelques-uns de ses bâtiments. Lui-même, il est vrai, n’avait jamais été dupe de la notoriété qu’il avait connue, ayant répondu en 1995 à une journaliste qui l’interrogeait : « Dans cinquante ans, personne ne saura identifier mes ouvrages […]. L’architecte, avec ses fantasmes personnels, n’a aucun intérêt1. Â» Il n’en reste pas moins que, à l’instar (précisément) de Borromini sur la fin de sa vie2, il souffrait de son isolement, renforcé par des douleurs physiques dues à des hernies discales imposant à son corps de 2 mètres de haut d’être souvent couché. 


(...)

Les articles récents dans Point de vue / Expo / Hommage

Barto + Barto in situ Publié le 27/08/2024

La Maison de l’architecture des Pays de la Loire présente une exposition consacrée à Barto+Bart… [...]

Solano Benítez : soigner la différence Publié le 27/08/2024

Nous avons rencontré Solano Benítez chez lui à Asunción. Lors d’une conversation qui s’est Ã… [...]

Conception-réalisation versus architecte-artisan Publié le 29/04/2024

Une chronique de la série "Malentendus sur l'architecture et abus de langage de ses disciples" par … [...]

Le logement collectif, otage de l’architecture Publié le 29/04/2024

L’architecte Gricha Bourbouze, dont l’agence nantaise Bourbouze & Graindorge conçoit… [...]

Corbu, Gromort et l’Art et essai Publié le 01/04/2024

Une chronique de la série "Malentendus sur l'architecture et abus de langage de ses disciples" par … [...]

L'action ou la chose ? Publié le 11/03/2024

Une chronique de la série "Malentendus sur l'architecture et abus de langage de ses disciples" par … [...]

.

Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :

Vous n'êtes pas identifié.
SE CONNECTER S'INSCRIRE
.

> L'Agenda

Novembre 2024
 LunMarMerJeuVenSamDim
44    01 02 03
4504 05 06 07 08 09 10
4611 12 13 14 15 16 17
4718 19 20 21 22 23 24
4825 26 27 28 29 30  

> Questions pro

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6

L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l…

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6

L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent.