Habiter la planète, atlas mondial de l’architecture traditionnelle et vernaculaire |
Cet
ambitieux et volumineux ouvrage révèle le vertigineux changement d’appréciation
assumé en cinq générations à l’égard du patrimoine mondial des architectures
vernaculaires. Dès les années 1920, les avant-gardes exprimaient à l’égard
des témoignages de ces « cultures populaires traditionnelles » un
fréquent mépris, les percevant comme « primitifs et arriérés » ;
et donc antinomiques avec leurs ambitions modernistes de « machines à
habiter » calibrées pour un « homme universel » aux besoins
élémentaires prétendus partout identiques. Il a fallu attendre 1963 pour que –
dans sa célèbre exposition « Architecture Without Architects »
présentée au musée d’Art moderne de
New York (et en 1968 à Paris au musée des Arts décoratifs) – l’architecte
autrichien Bernard Rudofsky ose dénoncer l’irresponsable futilité, mégalomanie
et dangerosité de ce dogme mondialiste. Il est alors le premier à préconiser la
quête alternative et pragmatique de sources d’inspiration humanistes au sein de
l’immense répertoire mondial des habitats vernaculaires qu’il valorise. |
Amorcée
depuis un demi-siècle, cette mutation idéologique et culturelle majeure se
poursuit, se diversifie et s’amplifie ; et, désormais, même chez les
ingénieurs qui en apprécient les notoires ingéniosités. Les bâtisseurs
d’aujourd’hui y cherchent les clefs d’une « intelligence
constructive » qu’il est indispensable de redécouvrir, d’actualiser et de
rationaliser ; notamment pour faire face aux défis prioritaires de
l’écologie et du changement climatique. Cette encyclopédie savamment argumentée
et illustrée révèle l’exceptionnelle diversité géoculturelle de ces patrimoines
ancestraux. Ce livre (géant) valorise leurs capacités à utiliser – partout et
au mieux – les seuls matériaux naturels locaux. Face à la gabegie
« insoutenable » des matériaux industrialisés qui se poursuit et
s’aggrave – le ciment produit à lui seul 6 % du CO2
mondial –, cet ouvrage constitue une précieuse synthèse mondiale
(400 pages) complétée (sur 60 pages) par l’ébauche (trop timide) du
« vernaculaire contemporain », parfois nommé « critical regionalism » : ces
exemples éloquents de plus en plus nombreux, de toniques architectures récentes
qui ont su intelligemment bénéficier des leçons des bâtisseurs anonymes ;
notamment en revalorisant les usages de la terre crue, du bois, du bambou et
autres ressources naturelles désormais incontournables. Ce monument éditorial
est complété par un chapitre (40 pages) dédié aux récents acquis pour une
nouvelle « science des matériaux » qui a notamment été stimulée,
depuis deux décennies en France, par le CRATerre et AMàCO.
Habiter la planète, atlas mondial de l’architecture traditionnelle et vernaculaire, Sandra Piesik (sous la direction de), éditions Flammarion, octobre 2017, 600 p XXL (30 x 40 cm !), plus d’un millier d’illustrations, le tout avec un (indispensable) « coffret-valise », 120 euros.
Dum Dum, Lukasz Wojciechowski, éditions çà & là21 x 15 cm, 272 p., 25 euros [...] |
La couleur des choses, Martin Panchaud, Éditions çà et là, 17 x 23 cm, 236 p., 24 euros [...] |
Que notre joie demeure, Kevin Lambert, éditions Le Nouvel Attila20 x 14 cm, 368 p., 19,50 euros. [...] |
Tentatives périlleuses, Treize tragédies architecturales, Charlotte van den Broeck, Héloïse d’… [...] |
La Grande révolution domestique, Dolores Hayden, Éditions B4214 x 22 cm, 376 p., 29 euros. [...] |
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