Groupe scolaire Miriam Makéba

Architecte : toa | architectes associés
Rédigé par les architectes
Publié le 16/09/2019

Une première en Ile-de-France : Le groupe scolaire Miriam-Makeba marque le grand retour de la terre crue dans l’architecture urbaine !
Aux portes de Paris, la ville de Nanterre change de visage sous l’impulsion d’un projet urbain et social d’envergure. C’est au sein d’un quartier en pleine transformation – Nanterre Université – que le groupe scolaire Miriam-Makeba s’est construit.
Cet établissement qui compte 15 classes (maternelle et élémentaire) et un espace de loisirs vient d‘ouvrir ses portes en septembre 2019 pour accueillir ses premiers élèves.
Cette école à énergie positive innove avec ses murs en pisé qui donnent au paysage une dimension nouvelle « entre ciel et terre ».

En s’engageant dans cette première réalisation en terre crue d’Ile-de-France, toa | architectes associés a fait le choix de l’innovation et de l’expérimentation. Un parti pris novateur qui a séduit la Mairie de Nanterre.

Entre ciel et terre …
Dans un environnement très dense principalement déployé dans la verticalité, le parti-pris des architectes a été d’inscrire ce nouveau lieu de vie et d’apprentissage de façon légère et aérienne dans le panorama nouvellement redessiné du quartier de Nanterre Université. « Ancré au sol par son fondement en terre crue, suspendu au ciel par l’immatérialité de sa vêture inox, le groupe scolaire Miriam-Makeba se fond dans l’horizontalité du paysage. »

La genèse de ce projet novateur …
La réflexion des architectes sur les enjeux environnementaux et les matériaux alternatifs les a conduits dès 2015 à s’intéresser à la terre crue, avant même que soit posée la question de la réutilisation des déblais de terre générés par les grands chantiers, notamment ceux du Grand Paris.
Le choix s’est porté sur ce matériau naturel du fait de ses qualités exceptionnelles tant sur le plan hygrométrique et thermique, que d’un point de vue phonique, écologique ou même esthétique.

Les attentes de la ville de Nanterre …
Pour ce nouvel établissement à vocation éducative accueillant un public très jeune, les exigences de la Mairie de Nanterre étaient avant tout centrées sur le respect des dernières normes environnementales et la mise en place d’une démarche de Haute Qualité Environnementale (HQE). Ainsi le groupe scolaire Miriam-Makeba est un bâtiment à énergie positive (BEPOS).
La Mairie de Nanterre qui a une tradition d’innovation en matière d’architecture s’est très tôt préoccupée d’environnement et d’économies d’énergie. Nanterre a été l’une des premières communes à se doter il y a 10 ans d’un Plan Climat Énergie Territorial.
Pour le programme de construction du groupe scolaire Miriam-Makeba, la Mairie souhaitait innover. Il a donc été évoqué avec les équipes de maîtrise d’œuvre, la possibilité de s’ouvrir à des matériaux alternatifs, autres que le bois.
La terre crue a ainsi été proposée par toa | architectes associés, lors du concours de projets lancé par la ville de Nanterre, un parti-pris ambitieux et novateur qui a séduit la Mairie comme nous le confiait Monsieur Jarry, Maire de Nanterre.

Une école Haute Qualité Environnementale, BEPOS …
Le groupe scolaire Miriam-Makeba a été conçu pour minimiser ses impacts et générer plus d’énergie qu’il en consomme. Sa construction et les choix techniques faits ont été guidés par une réflexion sur l’école à énergie positive et une approche bioclimatique visant à optimiser les qualités intrinsèques du bâti.
La verrière positionnée au-dessus du mur intérieur en pisé, augmente la captation de lumière et de chaleur, et amplifie sa restitution grâce à l’inertie thermique de la terre crue (pisé).
Un système de mur trombe a également été installé dans les salles de classe pour permettre à mi-saison une ventilation naturelle des espaces.
La production de chaleur (chauffage des bâtiments et eau chaude sanitaire) est assurée par une chaufferie bois alimentée par granulés et le toit-terrasse végétalisé de l’école est équipé de panneaux photovoltaïques.

Pourquoi avoir fait ce choix de la terre crue (pisé) ?
Naturelle et disponible en abondance, la terre a un bilan carbone très faible. Elle est par ailleurs facilement réversible et recyclable à l’infini. Sa capacité à réguler l’hygrothermie d’une pièce ou d’un espace intérieur offre un vrai confort de vie.
En effet le pisé présente de nombreux avantages :
• Une grande capacité de régulation hygrométrique et thermique. En absorbant les pics d’humidité et de chaleur, la terre crue apporte un vrai confort de vie.
Par ailleurs, sa densité élevée lui confère une forte inertie thermique qui permet de stocker la chaleur solaire et de la restituer plus tard, d’où une précieuse capacité à réguler les écarts de température entre le jour et la nuit, l’été et l’hiver.
Les records de chaleur que nous avons connus cet été, notamment les semaines précédant l’inauguration de l’école, ont permis d’apprécier pleinement cette fraicheur naturelle qu’apporte le pisé. En cette fin de canicule la température intérieure de l’école était restée confortable.
• Un bilan carbone très faible. Ne nécessitant pas de cuisson, peu d’énergie grise est nécessaire à sa transformation.
• Réversible, elle est recyclable à l’infini. On peut réutiliser la terre d’une construction existante pour en faire une nouvelle. Si elle n’est pas polluée, ses qualités ne se dégradent pas. La terre est par ailleurs, disponible en abondance, sous nos pieds, ce qui permet de travailler en circuit court.
• D’un point de vue sanitaire, la terre crue représente une vraie alternative aux matériaux de construction actuels. La problématique aujourd’hui est la pollution de l’air intérieur. Or la terre crue étant un matériau sain, son utilisation permet de réduire fortement cette pollution intérieure puisqu’elle n’émet pas de COV (composants organiques volatiles) donc de substances toxiques.
• Enfin d’un point de vue esthétique, ce matériau naturel et géo-sourcé apporte une chaleur toute particulière et une lumière qui tranche avec la monotonie grise du béton.

Le choix d’un pisé non porteur …
Le principal ennemi du pisé est la concentration d’eau. Contrairement aux aprioris, un mur en terre crue supporte très bien les assauts de la pluie et des intempéries. Certaines constructions qui ont traversé les âges témoignent encore aujourd’hui de la durabilité de ce matériau.
Dans le cadre de cette première expérimentation de la terre crue en Ile-de-France pour un bâtiment accueillant du public, le choix d’un pisé non porteur s’est imposé à la maitrise d’œuvre. L’équipement est soutenu par une structure poteaux-poutre en béton avec remplissage autoporteur en terre crue (pisé) et vêture inox en fines feuilles.
Avec 300 tonnes de terre, pour 1300 m2 de murs, le pisé contribue à la performance environnementale et au faible bilan carbone de l’opération.

Provenance de la terre utilisée pour le groupe scolaire Miriam Makeba…
La terre provient de la briqueterie d’Allonne, située à 80 kms de Nanterre. Pour le groupe scolaire Miriam-Makeba il a été fait le choix de travailler en circuit court ce qui permet de réduire l’impact environnemental. La plupart des matériaux (sable, bois, acier…) qu’il faut pour certains aller chercher très loin, n’offrent pas cette possibilité.
Le choix de la terre est une étape importante pour plusieurs raisons :
• Cette dernière doit avoir les qualités requises pour sa mise en œuvre. Ces qualités diffèrent selon la technique utilisée (Bauge, Pisé, Adobe).
• Le stockage de la terre a également son importance. Les conditions de stockage doivent toujours être les mêmes afin de garantir, pour chaque livraison de terre, des propriétés mécaniques régulières.
• La terre ne doit pas être polluée.

Utiliser la terre crue dans l’architecture urbaine, est-ce une solution pour réutiliser les déblais de terre du Grand Paris ?
La question ne s’est pas posée pour le projet du groupe scolaire Miriam-Makeba parce que la réflexion a débuté bien avant que la question de la réutilisation des déblais de terre du Grand Paris ne se pose.
Mais cette première expérimentation de la terre crue en Île-de-France ouvre le champ des possibles et permet d’envisager cette possibilité.
Toutefois, à ce jour aucune filière d’approvisionnement ne semble être en place pour permettre la réutilisation dans de bonnes conditions (dépollution de la terre, approvisionnement en flux tendu, stockage dans de bonnes conditions…) des déblais de terre des chantiers du Grand Paris.
La toxicité des matériaux est une question à ne pas négliger. Réutiliser la terre des villes très industrialisées et à forte densité impose de la dépolluer avant de la mettre dans une boucle vertueuse de recyclage.
Espérons qu’un chantier comme celui de l’école de Nanterre fasse des émules et permette à des filières et structures d’approvisionnement de se mettre en place.



Maître d’ouvrage : Ville de Nanterre

Maîtrise d’oeuvre : TOA architectes associés

Paysagiste : David Besson Girard

BET Tous Corps d’Etat : Incet

BET Terre : BETterre

BET HQE, Chauffage & Ventilation : Eléments Ingénierie

BET acoustique : Peutz & Associés

Surface de plancher : 4 050 m²Surface de murs en Pisé : 1 300 m² représentant 1/3 du volume de la construction et environ 300
tonnes de matière.

Coût : Montant des travaux, valeur 02/2014 : 9 950 000 € HT; Montant des études, valeur 02/2014 : 990 000 € HT

Livraison : Août 2019

Vue Facade<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Vue générale<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Cour des primaires<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Vue entrée<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Facade coté entrée<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Mur de la cour<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Couloir intérieur<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Verrière sur escalier<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Vue intérieure<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Cour<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Tamisage<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Remplissage<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Etaiement<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Compactage avec fouloir pneumatique<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Chantier<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Chantier<br/> Crédit photo : DELANGLE Frédéric Plan de situation<br/> Crédit photo : DR  Plan masse<br/> Crédit photo : DR  Axonométrie<br/> Crédit photo : DR  Détail technique<br/> Crédit photo : DR

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